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Interview de Jean Ulysse

Par jauzein — Dernière modification 16/02/2016 16:53
Interview de Jean Ulysse, Secrétaire général de l’Association des professeurs de Biologie et Géologie (APBG), par Françoise Jauzein (INRP-ACCES), mars 2008.

 

 

Quelle est l’origine de l’APBG et quels ont été les objectifs initiaux de cette association? Y a-t-il eu une évolution de ces objectifs ?

 

            C’est en 1911, à Paris, que prend naissance l’APBG qui s’appelle initialement l’Union des naturalistes. L’objectif est d’avoir des échanges entre professeurs pour pouvoir coordonner et enrichir les programmes officiels (il n’y avait pas de formation continue officielle à cette époque) et promouvoir les sciences naturelles comme une discipline scientifique à part entière. A l’époque, seules les mathématiques et la physique sont « des Sciences », et il y a très peu d’heures de cours de sciences naturelles.

            Dans les années 50 et 60 se réalise une prise de conscience de la part de l’APBG (nom donné en mars 1965) qu’il lui faut avoir une représentativité plus large et être plus implantée dans toute la France et être plus indépendante de l’institution. Sa mission doit aussi consister à défendre réellement, à l’échelle politique, le développement de la Biologie et de la Géologie. Durant la période 1980 - 2000 il y aura plus de 10 000 adhérents à l’APBG sur 13 000 professeurs de Biologie et Géologie dans toute la France.

            Aujourd’hui on compte 8 700 cotisants à l’APBG (dont près de 700 établissements) pour 14 700 profs de SVT en France.

 

Il existe une déclinaison nationale et régionale de l’APBG, ont-elles des objectifs différents ?

            Dès le début l’APBG a été organisée de façon décentralisée. Il existe actuellement 29 Régionales qui sont calquées sur les Académies et les DOM. L’APBG doit être une interface entre les enseignants et les partenaires locaux. Ces Régionales ont une certaine autonomie mais leurs activités sont en conformité avec le Comité national. Ce comité est constitué de  60 personnes et le bureau national, qui est l’exécutif et le pilote, en compte 19.

            Dans une évolution récente, due à la régionalisation, les présidents et les bureaux régionaux ont à faire des interventions qui, précédemment, étaient faites par le bureau national, mais il y a toujours  « une seule APBG » .

            À partir de 1980 le bureau national a eu des contacts et des échanges au plan international. Il a représenté la France dans des associations internationales (par exemple l’ECBA, association de biologistes  de l’Union européenne : universités, labos, biologistes libéraux) ou avec des associations d’enseignants d’autres pays : Belgique, USA, Italie, Allemagne (MNU : Maths Physique et Biologie), AESVT du Maroc.... L’APBG organise aussi des congrès à l’étranger qui sont l’occasion de la création de véritables bibliothèques de la langue française (à Perth en Australie, à La Fayette en Louisiane, …) grâce aux 400 ou 500 livres de littérature apportés par les congressistes. Dès sa création, l’APBG a travaillé en étroite collaboration avec des universitaires, et les grands instituts de recherche, d’abord par des contacts avec des chercheurs locaux puis avec leurs institutions.

 

Quelles relations entre les Sciences de la Vie et de la Terre, la société et l’APBG ?

 

            Le rôle « politique » de l’APBG a permis de développer globalement les horaires de Sciences Naturelles qui ont augmenté de 120% en lycée durant les vingt dernières années. Elles sont devenues « Biologie - Géologie » puis « Sciences de la vie et de la Terre » au collège et au lycée (c’est en particulier l’arrivée de la Biologie et de la Géologie en seconde qui a établi un continuum d’enseignement de la 6e à la Terminale).

            Pour l’APBG, il fallait que l’enseignement reflète la montée inexorable de la biologie dans notre société. Ne parle-t-on pas, dans les quotidiens, de « température ressentie » et pas seulement de température au sens physique (ressentie  = parfois 8°C et non 12°C). C’est la bio - météo qui commence. Cela sans parler des phénomènes sociétaux avec la santé, l’alimentation ... ! Qui n’est pas « bio » ? Du point de vue économique, les biotechnologies sont le fer de lance de ce développement. Enfin le rôle capital des SVT dans le développement durable est reconnu par tous et l’APBG contribue à tous les niveaux par ses propositions et ses stages de formation à en prendre conscience dans l’enseignement.

            Les SVT sont passées d’un monde de naturalistes à un monde de « scientifiques » (avec Jean Tavlitsky, Jean Aubouin, Jean Dercourt, François Gros…) Et cela de façon indépendante. Jean Ulysse a pu ainsi participer aux réflexions d’un groupe de travail de scientifiques qui a d’abord fonctionné de façon marginale puis a été officialisé et, avec l’accord des enseignants, il y a eu une véritable mutation de la discipline.

            Les professeurs de Sciences naturelles sont devenus des professeurs de Biologie et Géologie et l’on est passé de la description à l’approche rigoureuse d’une science (on a quantifié et modélisé). L’APBG a toujours soutenu cette évolution à condition qu’on garde une approche naturaliste (François Gros était un biologiste cellulaire) en prise avec le terrain, la nature, et qu’on ne commence pas par modéliser comme dans l’enseignement supérieur.

            L’APBG a participé, avec les enseignants, à leur propre transformation ce qui a modifié le regard de la Société sur leur discipline. Avec maintenant un coefficient 8 au baccalauréat S (importance que nous sommes les seuls à avoir en Europe) les SVT sont en équivalence avec les autres disciplines scientifiques. Cependant les SVT comportent, et c’est fondamental, pour les collégiens et lycéens, des travaux pratiques où le jeune est actif dans l’appropriation des savoirs et l’évolution des compétences mises en œuvre.  L’APBG a lancé et défendu depuis très longtemps cette dimension de l’enseignement d’une science expérimentale. Elle continue à œuvrer pour leur généralisation, grâce à des horaires comportant des groupes restreints, à tous les niveaux du collège.

 

Quels rôles joue l’APBG dans la formation continue des enseignants ?

 

            Ce que propose l’APBG pour la formation continue des enseignants est du type « recherche-action » et cela peut prendre plusieurs formes. La formation doit apporter une partie scientifique d’actualité faite par des spécialistes de haut niveau (pour l’APBG, le professeur de SVT doit être titulaire d’un master) ainsi qu’un volet pédagogique qui va être fait par les enseignants eux-mêmes, entre eux, avec un coordonnateur. Le principe est de ne pas diffuser d’outil pédagogique clef en main ou de séquences toutes faites.

 

Ces actions de formation sont soit :

-         Des rencontres avec des chercheurs et des organismes de recherche (collaboration équilibrée avec le CNRS, l’INSERM, l’INRA, …) ;

-   &nbnbsp;     des interventions dans des formations de l’état où l’APBG propose sa participation, souvent en relation avec l’Inspection générale, ou directement le Ministère. L’APBG est une association indépendante mais qui agit dans la transparence ;

-         des sorties accompagnées que l’APBG organise et pour lesquelles elle produit les documents d’accompagnement ;

-         des formations à l’échelle nationale comme les traditionnelles journées de novembre dans les locaux de la Faculté René Descartes à Paris (où il y a eu jusqu’à 1700 participants) et pour lesquelles il est totalement inadmissible que l’état ne reconnaisse pas aux enseignants qui y participent le mérite d’une formation. Ceux-ci font cet effort bénévolement avec remplacement des cours.

 

      L’APBG organise aussi des Universités d’été dans lesquelles il y a des échanges entre enseignants et chercheurs et entre professeurs (Par exemple : 3 jours à Tautavel avec des ateliers qui mettent en œuvre des TP faisables en classe). Enfin, chaque année, un congrès est organisé par une Régionale différente. Celui de 2007 s’est tenu à Lyon et ce sont 9 laboratoires de biologie, dont l’ENS, Biopôle, EFS, Université Lyon I, …, tous du pôle d’excellence de Gerland, qui ont reçu les 200 congressistes de l’APBG.

 

            Le choix des thèmes de formation se décide en comité national suite aux demandes ou aux possibilités des Régionales. Il tient également toujours compte des programmes actuels. Il se fait ensuite en relation avec certains types d’organismes de recherche, l’APBG prépare les sujets dont on sait qu’ils vont devenir importants surtout quand un impact sociétal est prévisible.

 

            Mais l’APBG est plus implantée en lycée qu’en collège. L’apport scientifique qu’elle fournit dans ses formations est considéré comme étant de haut niveau ou pas assez mis en situation de classe. Il n’est pas perçu comme directement utilisable par une partie des enseignants de SVT de collège. L’APBG fait maintenant un effort pour sortir des produits pédagogiques spécifiques pour le collège et axer ses journées pédagogiques sur des ateliers collège autant que de lycée.

 

Comment s’élaborent et comment sont diffusées des ressources produites ?

 

L’APBG diffuse ses productions par l’intermédiaire :

-         d’un Bulletin national « Biologie Géologie » (900 pages annuelles en 4 numéros, un chaque trimestre) ayant un tirage de 8 000 exemplaires ; 

-         de dossiers de synthèse des journées nationales de Paris ;

-         d’un site www.apbg.org qui existe depuis quatre ans ;

-         de produits pédagogiques multi media ou de kits de TP.

 

            Les produits pédagogiques sont le résultat d’une collaboration avec un organisme de recherche ou du travail des professeurs membres de l’APBG eux-mêmes. C’est toujours un matériel utilisable par l’élève en séance de TP. Il est en général fourni pour 12 postes de travail (groupe de 24 élèves malheureusement possible). Ce produit est préparé par l’APBG, ce qui permet un coût plus faible (voir par exemple le Kit transgenèse qui a été fait avec l’école de l’ADN ou le dernier produit pédagogique sur l’évolution du climat lié à la grotte du Lazaret). Certains produits ont été élaborés en liaison avec des organismes privés (syndicat de l’Industrie pharmaceutique, par exemple,  pour le document Santé, CEA pour le kit Elisa,…).

            Mais il n’y a pas de demande de validation de la part du Ministère (comme le label RIP Reconnu d’intérêt pédagogique), et l’objectif n’est pas du tout d’entrer en concurrence avec les organismes fabricant des matériels pédagogiques.

 

 

Quelles sont les relations avec les autres disciplines ?

 

            L’APBG a longtemps animé un regroupement de toutes les associations d’enseignants. Maintenant, l’APBG a des relations privilégiées avec diverses associations de professeurs comme l’UdPPC (Physique-Chimie) ou l’UPA (Professeurs de classes préparatoires aux grandes écoles dont beaucoup des professeurs de SVT sont à l’APBG). Elle apporte son concours au groupe scientifique ActionSciences qui regroupe 14 associations d’enseignants et des sociétés savantes.

 

L’ensemble se veut une dynamique au service des jeunes, de la discipline et des professeurs de SVT.