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Migration des oiseaux et changement climatique

Par chevallier — Dernière modification 29/11/2016 10:35
Mise au point sur les résultats récents concernant les modifications des migrations d'oiseaux et corrélations avec le changement climatique

Proposition de SVT-Grenoble, Académie de Grenoble   

Les climatologues s'intéressent non seulement à étudier le climat du passé et à prévoir le climat du futur, mais également à identifier les signes actuels d'un changement climatique.

    L'étude des modifications de la biosphère est un bon moyen pour appréhender la question du réchauffement du climat. De nombreuses questions se posent: Voit-on dès aujourd'hui des changements dans les populations animales (ou végétales) qui pourraient s'interprêter comme une réaction à une élévation de la température ? Comment être sûr que la cause de ces perturbations est le changement climatique ? Peut-on évaluer la vitesse d'adapation des espèces vivantes à un changement que beaucoup annoncent comme rapide et intense à l'échelle de la planète ? Quels sont les impacts de ce changement sur la biodiversité ? Le réchauffement climatique peut il être l'un des responsables de l'érosion de la biodiversité?

Nous prendrons ici comme exemple le cas des oiseaux migrateurs.

 

acrocephalusj.jpg

Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus)

http://www.univ-ubs.fr

    De très nombreuses étudent s'intéressent à comprendre les déplacement des oiseaux dans nos régions, et des relevés de scientifiques ou d'amateurs d'ornithologie permettent de travailler sur des données collectées pendant les 30 dernières années en Europe au moins.

L'étude menée sur les oiseaux migrateurs du Oxfordshire

Une étude publiée en octobre 2003 (voir bibliographie) s'appuie sur des relevés effectués dans l'Oxfordshire, une région au centre de l'Angleterre entre 1971 et 2000. Elle essaye de mettre en évidence des modifications dans les dates d'arrivée et de départ de certains oiseaux migrateurs.

Cette étude compile les données récoltées sur 20 espèces d'oiseaux migrateurs qui traversent le Sahara et pour lesquelles on dispose d'au moins 25 dates d'arrivée et de départ depuis 30 ans.

 

oxfordshire.gif

localisation de l'oxfordshire

Les résultats

Les résulats obtenus montrent que sur 20 espèces, 17 arrivent plus tôt dans l'oxfordshire, en moyenne 8 jours plus tôt depuis 1971. Ce qui est assez surprenant, c'est que ces espèces partent également plus tôt de l'oxfordshire (pour 15 d'entre elles). Globalement, la durée de leur séjour est restée à peu près constante depuis 1971.

 

migration_oxfordshire.gif

Au cours de cette même période, la température en Afrique a augmenté de 0,6°C. Il existe une très forte correlation entre l'élévation de la température africaine hivernale et la date d'arrivée des oiseaux migrateurs en Afrique.
Mais cette augmentation de la température africaine n'est pas corrélée à une augmentation des températures au Royaume Uni, ni même à l'indice hivernal NAO.

Petit point sur l'indice NAO

Cet indice (NAO: oscillation de l'Atlantique nord) mesure la différence de pression (au niveau de la mer) entre les Açores et l'Islande. Un indice NAO élevé traduit des hautes pressions sur les Açores, des basses pressions vers l'Islande, et donc une circulation atmosphérique d'ouest très rapide, synonyme en général en hiver de pluies abondantes et d'une douceur sur l'europe de l'ouest.

A l'inverse, un indice NAO bas traduit des pressions basses sur les Açores et élevées sur l'Islande, ce qui provoque une circulation ralentie sur l'Europe occidentale en bref, des hivers froids et secs.

Cet indice est devenu plus positif depuis 1980 (sauf en 1996)

nao1823-2001_cru.gif

Variations de l'indice NAO depuis 1830

(Source : Climatic Research Unit, University of East Anglia, UK)

 

L'interpretation des résultats

Si la température d'Afrique n'est pas corrélée au climat d'Europe, il est peu probable que les oiseaux utilisent cette température africaine pour "prédire" la température de leur lieu de reproduction (l'Europe). Il est donc plus probable que c'est le climat en Afrique qui détermine la date d'arrivée des oiseaux en Europe plutôt que le climat européen lui-même.

Il est également possible d'expliquer ces résultats en disant que le changement climatique raccourcit la durée du trajet de migration, mais l'étude n'a pas pu tester cette hypothèse.

Il semble donc que les conditions climatiques de leur lieu d'alimentation d'hiver (l'Afrique) modifient leur date de départ pour l'Europe. Il est possible que l'élévation de la température africaine en hiver modifie l'habitat dans lequel vivent ces oiseaux


Enfin, il est possible que la date de reproduction influence la date de dépat de ces oiseaux: lorsqu'ils se reproduisent plus tôt, ils quittent plus tôt l'Angleterre. En effet, on a pu établir qu'il existe une pression de sélection poussant à diminuer la durée de leur migration.

Conclusion

Des changements dans les dates d'arrivée et de départ pourraient refléter une réponse adaptative au changement climatique global.

 

 

Bibliographie

Avian migration phenology and global climate change, Peter A Cotton, PNAS, october 14, 2003- vol 100, n°21 pages 12219-12222.