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Croissance, développement et environnement

Par lblanc — Dernière modification 29/11/2016 10:20
Les économistes ne partagent pas tous le même pronostic vis-à-vis des relations entre croissance et environnement . Si un courant hétérodoxe prône la décroissance, l'orthodoxie suppose plutôt que la croissance peut être compatible avec le développement.

Document proposé par SES-Grenoble (Académie de Grenoble)

L'optimisme de la courbe environnementale de Kuznets

Au cours des années 90, des économistes ont transféré la fameuse "loi de Kuznets" à l'environnement.

La loi de Kuznets

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Simon Kuznets ( 1901-1985), économistes américain d'origine russe, prix Nobel d'économie en 1971 a montré qu'il existe un lien de causalité entre croissance économique et répartition des revenus : au fur et à mesure du développement économique, la distribution des revenus s'élargit pour se resserer ensuite. Ainsi, dans une première phase, la croissance a tendance à accroître les inégalités de revenus, puis, à partir d'un certain seuil de revenus, celle-ci génère au contraire, un rapprochement des niveaux de vie.

La thèse de ces économistes

Ils établissent un lien entre PIB par habitant (indicateur de niveau de vie) et le degré de pollution. Inversant les thèses prônant la décroissance, ils soulignent que la croissance n'est pas contraire au développement durable. Elle n'est pas la cause des problèmes environnementaux, mais constitue au contraire, une solution face à ces difficultés.

La courbe environnementale de Kuznets (CEK)

La croissance économique a certes tendance dans une première phase à accroitre la dégradation de l'environnement jusqu'à un pic de pollution, puis, grâce à l'augmentation du revenu par habitant, l'impact environnemental de la croissance décroit (courbe en U).

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Les hypothèses du modèle : Comment expliquer cette CEK ?

- l'environnement s'améliore sous l'"effet tecnologique de la croissance : passé un certain seuil de richesse, une nation peut consacrer une partie plus importante de son capital aux activités de recherche et développement qui minimisent les impacts écologiques de la production. Du reste, les entreprises, en produisant davantage, peuvent être incitées à opter pour des modes de production plus propres, car elles rentabilisent le coût de leur investissement dans des technologies propres sur un plus grand nombre d'unités ( économies d'échelle).

On peut prendre ici l'exemple de l'industrie automobile, qui passe progressivement aux pots catalytiques, carburants sans plombs, moteurs moins voraces ...

- L'amélioration du niveau de vie, le développement économique modifie la structure de la production. Un certain nombre d'activités polluantes industrielles sont abandonnées, au profit du secteur tertiaire, dont les activités impactent moins l'environnement. Cet argument est plus fragile que le précédent, dans la mesure où il ne faut pas confondre part de l'industrie dans les richesses produites et désindustrialisation.

- Enfin, du côté de la demande, l'environnement est un "bien supérieur" (pyramide de Maslow, 1960)

Cela signifie que les exigences environnementales croîssent plus rapidement que le revenu. A partir d'un certain seuil de revenu, plus le revenu augmente, et plus encore s'accroissent les demandes de respect de l'environnement. De plus, des consommateurs dont le niveau de vie augmente, sont plus instruits, informés et peuvent donc davantage peser sur les pouvoirs publics. Cette hypothèse de la CEK est assez réaliste dans la mesure où se sont les pays industrialisés et développés (PID) qui optent pour les législations environnementales les plus strictes.

La portée heuristique de ce modèle

Elle est plus ou moins forte selon le type de polluant.

- Pour le dioxyde de souffre, des chercheurs ont ainsi pu établir que la concentration de ce gaz diminuait à partir de 4000/5000 dollars par  habitant et par an.

-... Mais pour le dioxyde de carbone, le seuil de revenu est beaucoup plus élevé, et non généralisable à moyen terme à l'ensemble de la planète.

- De la même manière, on peut faire un lien entre niveau de vie et intensité énergétique de la croissance : les pays du nord réduisent en effet cette dernière ... mais rien n'assure que les nouveaux pays industrialisés suivront cette voie.

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Conclusion

Certains économistes prennent le contre-pied du rapport Meadows (1968) et font le pari (risqué) que la croissance pourrait permettre de réduire la pollution. Malgré les controverses (légitimes), on peut au moins s'appuyer sur cette thèse pour souligner qu'une réduction des écarts de niveau de vie (baisse des inégalités internationales de développement) est un objectif prioritaire si l'on veut réduire l'impact environnemental de la croissance économique.