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Les Pays les Moins Avancés et les Petits Etats Insulaires

Par Françoise Morel-Deville Dernière modification 14/03/2019 10:31
Vous êtes à la tête de la délégation d'un Petit Etat insulaire
lors des prochaines négociations sur le changement climatique
au musée des Confluences

 

Il y a urgence climatique !

Vous représentez une Nation du Pacifique ou un Petit Etat Insulaire extrèmement vulnérable au changement climatique. Pour vous, il y a une urgence climatique; c'est une question de survie. L’enjeu des négociations est surtout de s’adapter aux effets déjà dévastateurs de la hausse des températures et d'obtenir des aides financières internationales (construction de digues pour contrer la montée des eaux, système d’alerte face aux événements météorologiques extrêmes, efforts de planification, transfert de technologies et des infrastructures vers les énergies renouvelables, soutien à l’agriculture, à l’éducation et à la santé etc.).

Deux grands domaines de négociations depuis la COP21:

1) Financer l'adaptation au changement climatique : les Nations du Pacifiques et les Petits Etats insulaires font entendre leur voix dans toutes les réunions internationales et ailleurs dans les médias pour agir d'urgence sur l'adaptation et le financement climat. L’adaptation est le deuxième versant de la lutte contre le réchauffement climatique, après l'autre objectif majeur, l’atténuation. L’atténuation fait référence aux mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui est le chantier prioritaire pour les pays industrialisés.

2) Renforcer les contributions des savoirs autochtones et traditionnels à l'Accord de Paris: Les Nations collectent/rassemblent des études de cas sur les contributions des savoirs autochtones et traditionnels pour faire progresser l'adaptation, l'atténuation, et le développement. Les études de cas sont présentées aux Nations Unies pour montrer comment les savoirs autochtones renforcent les éléments clés de l'Accord de Paris et comment les partenariats avec les peuples autochtones et les communautés locales renforcent leur résilience et l'action sur le changement climatique.

 

Les pays les moins avancés (PMA) et les petits États vulnérables (AOSIS)

49 pays (ils sont 48 aujourd'hui) sont classés par la Convention des Nations Unies comme étant les plus pauvres (Least developped countries ou LDC, PMA en français) et bénéficient d'une considération spéciale du fait de leur extrême vulnérabilité et de leurs faibles capacités à répondre aux changements climatiques. Très peu émetteurs de GES, ils veulent adopter un autre modèle de développement que celui, très polluant, des pays industrialisés, et annoncent des engagements bien supérieurs à leur responsabilité.

Parmi ces pays vulnérables, l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS en anglais) sont parmi les pays les plus vulnérables face aux changements climatiques. Fondée en 1990, c’est une coalition de 43 pays à faible élévation côtière et de petites îles (1% de la population mondiale), particulièrement vulnérables à la montée du niveau de la mer. C’est l’ensemble des pays en première ligne face aux effets du changement climatique : Maldives, Haïti, Kiribati, Tuvalu… Cette alliance se fait entendre depuis Copenhague et pousse pour les positions les plus radicales dans les négociations climat : pour un accord contraignant, pour la mise en place d’un fonds d’indemnisation des dégâts liés au réchauffement climatique, d'un fonds d'urgence pour la protection sociale des plus démunis, en faveur d’un objectif de long terme ambitieux, visant le 1,5°C d’augmentation des températures par rapport à l’ère préindustrielle comme seuil maximal à ne pas dépasser. Très ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les AOSIS (le Climate Vulnerable Forum ) se sont engagés, lors de la COP22 à Marrakech, puis à la Cop23 à Bonn (sous la présidence des Fidji) à relever leur ambition avant 2020 et à atteindre au plus vite 100 % d’énergies renouvelables dans leur mix énergétique.  

Les fronts de négociation portent sur l'adaptation, les droits et le financement

Les PMA et les nations du Pacifique n'émettent quasiment pas de GES. Ils investissent dans le tourisme pour développer leurs ressources et assurer leur transition énergétique totale, avec un million de visiteurs potentiels annuels d’ici 2040, générant des revenus d’1,6 milliard de dollars et 110 000 emplois. En échange de quoi, ils revendiquent et négocient sur plusieurs domaines :

  • le besoin urgent de recevoir des financements pour s’adapter (Fonds vert, aide au développement et transfert de technologies) et assurer l’agriculture et la sécurité alimentaire

  • l'adoption de mesures immédiates de réduction des émissions de GES conjuguées à des politiques de développement solidaire et durable de la part des Etats riches

  • la solidarité internationale envers les plus pauvres et le lien à faire entre la lutte contre le réchauffement climatique et le combat contre la pauvreté.  financer le climat c'est fournir une protection sociale ou de développement. « Une taxe carbone, même modeste, à 10 dollars la tonne, permettrait d’intensifier considérablement, de 50 %, la protection sociale. Ou de financer d’autres investissements (comme l’accès à l’eau, à l’assainissement ou à l’énergie moderne) qui profitent aux gens pauvres », selon la Banque mondiale

  • la reconnaissance que les changements climatiques affectent directement la vie et l’avenir des populations

  • les droits des peuples autochtones

  • la protection de l’océan.

 

Les iles du Pacifique

Les îles du Pacifique vont être les plus frappées par les effets du changement climatique, menaçant même des populations entières de relocalisation (selon le dernier rapport de la banque mondiale sur les iles du pacifique).  Selon le rapport, dans les prochaines années, les minuscules îles du Pacifique auront des gros besoins en matière d’aide internationale pour faire face au changement climatique qui va frapper la région très durement. «Il pourrait y avoir des conséquences plus désastreuses sur les îles du Pacifique que sur tout autre pays au monde ». Les îles Fidji l’ont rappelé  pendant toute la durée de leur mandat de présidence de la COP23, la première “COP du Pacifique".

Îles englouties

Dans le scénario le plus optimiste, la montée des eaux devrait approcher les 40 centimètres d’ici 2100. Dans le scénario le plus pessimiste - 126 cm à la même échéance - de vastes zones habitables seraient englouties dans des îles de basse altitude comme Kiribati, les Marshall et Tuvalu. Les îles de l'océan Pacifique, on en compte 20 000 à 30 000, devront notamment construire des digues afin de protéger leurs côtes.

Le rapport signale que les pays concernés ne pourront pas financer eux-mêmes ces travauxEt ce surtout si l'élévation du niveau des eaux suit le scénario le plus pessimiste : les dépenses devront être quatre fois plus importantes que dans le meilleur des scénarios. Le document précise que plusieurs Etats, dont la France, ont déjà abandonné l'idée de protéger l'ensemble des côtes de leurs îles et se concentrent sur certaines zones prioritaires: «La communauté internationale devra en conséquence peser le pour et le contre, entre d’importants investissements initiaux pour la construction (...) et des programmes d’urgence de secours et de reconstruction quand le désastre aura frappé.»

Le changement climatique est déjà visible dans la région, avec l’érosion côtière, la contamination des terres agricoles et l’eau potable par le sel, ainsi qu’une pluviométrie imprévisible qui provoque inondations et sécheresse. Pourrait en résulter une baisse des rendements agricoles (manioc, maïs, riz, canne à sucre...) d'ici 2050. Le rapport préconise donc la mise en place de «systèmes agricoles plus résistants à ces multiples changements» et utilisant par exemple de nouvelles variétés de plantes.

Relocalisation de la population 

Le Pacifique est souvent frappé par des cyclones mais le rapport prévient que les tempêtes de catégorie 5, les plus destructrices, vont devenir plus fréquentes, affectant d’autant plus une région aux ressources économiques déjà faibles. Le cyclone Pam qui a frappé le Vanuatu en 2015 a par exemple détruit l’équivalent de 64% du PIB de l’archipel. La Banque mondiale estime qu'il faudrait 10 à 50 millions de dollars (8,3 à 41 millions d'euros) par an et par atoll pour faire face à la montée des eaux, somme que la communauté internationale ne serait pas en mesure d'assumer.

Kiribati (110 000 habitants) et Tuvalu (12 000 habitants), qui ne sont qu’à quelques mètres au-dessus du niveau des eaux, pourraient être contraintes d’envisager l’évacuation totale de leur population. L’Australie et la Nouvelle-Zélande, les pays les plus riches de la région, pourraient les aider en offrant à leurs habitants l’accès à leur marché du travail. «Cela permettrait une émigration graduelle, cela serait préférable et moins coûteux qu’une évacuation de dernière minute, qui nécessiterait une aide d’urgence considérable et serait difficile à gérer», ajoute la Banque mondiale.

 Principales négociations d’urgence

1) Des politiques de développement solidaire et durable pour financer l'adaptation des pays les plus pauvres, les plus exposés aux chocs climatiques et les plus vulnérables

Condition avancée par les pays en développement et les pays les plus pauvres : tenir la promesse formulée dès 1992 de fournir une aide financière et technologique. Promesse concrétisée à Copenhague en 2009 de mobiliser 100 milliards de dollars d’ici à 2020. Ce volet financier est et sera donc l'élément déterminant des négociations entre pays industrialisés et pays en développement, dont certains sont très vulnérables (LDC) et les premières victimes du dérèglement climatique. Soit, il faut arriver à débloquer les 100 milliards de dollars par an comme cela a été promis à Copenhague. Tout en sachant que cette somme est loin de ce qu’il faudrait mettre sur la table pour éviter l’emballement climatique. Les coûts de l’adaptation pourraient atteindre, à l’échelle mondiale, 150 milliards de dollars par an d’ici à 2030 et 500 milliards de dollars annuels d’ici à 2050, si rien n’est fait pour infléchir la tendance

Les grands émetteurs de gaz à effet de serre, dont l’Union européenne, manquent toujours cruellement d’ambition politique et les actes ne sont pas suffisants pour rectifier le tir bien avant 2020. Les pays n’ont donc plus le choix et doivent cesser de se cacher derrière des postures de négociations, pour accélérer la transition vers un futur 100 % renouvelable.

Or, les pays riches persistent à ne pas engager leur solidarité envers les populations les plus pauvres et respecter l’objectif de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020. Des engagements sont indispensables pour soutenir les populations victimes des conséquences inévitables des changements climatiques.

George Nacewa, militant témoin venu des Fidji, menacées par la montée des eaux, le 24 septembre 2017. Photo William Beaucardet

Des Fidji aux Kiribati, en passant par les îles Marshall, leurs micro-Etats subissent, en première ligne, les impacts de ces dérèglements, avec des océans dont le niveau pourrait monter de 86 centimètres d’ici la fin du siècle. Les plages qui disparaissent, les côtes érodées, les coraux fracassés, les maisons inondées, l’eau potable contaminée par le sel, l’alimentation menacée… Depuis quelques mois, ces jeunes organisent des actions pour dénoncer la responsabilité de l’homme dans ces bouleversements qui hypothèquent l’avenir de leurs îles. En encerclant en canoë, par exemple, des ports australiens exportateurs de charbon. Ils ne veulent pas être vus comme des victimes mais, jouant sur l’oxymore, comme des «guerriers du Pacifique» (Pacific climate warriors réunis par l’ONG 350.org).

2) Relier la préservation des océans et la lutte contre le réchauffement

Un partenariat mondial a été lancé, faisant suite à la conférence internationale pour les océans qui s’est tenue en juin 2017, partenariat qui évoque la perspective de faire entrer la préservation des océans dans l’agenda des négociations techniques de l’UNFCCC.

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) présente son Rapport spécial sur le changement climatique, les océans et la cryosphère lors de la 51ème assemblée plénière du GIEC, qui se tient du 20 au 23 septembre 2019 à Monaco.

L’océan et la cryosphère sont bouleversés par le changement climatique avec notamment des impacts sur les récifs coralliens, les côtes basses et les îles. Le niveau de la mer s’élève à un rythme de plus en plus rapide et l’absorption croissante de CO2 dans l’océan a entraîné une acidification qui s’accélère. Cette acidification, combinée au réchauffement et à la désoxygénation des eaux, cause de nombreux dommages au système océanique et à la biodiversité marine, avec notamment des effets importants sur la pêche. Les impacts vont donc bien au-delà des milieux qui sont directement affectés et contribuent au réchauffement global de façon alarmante. L’océan et la cryosphère sont des éléments essentiels du système climatique global et leur connaissance fine est une nécessité fondamentale pour nous permettre d’agir pour réduire notre impact et nous adapter aux changements auxquels nous devons faire face.

3) Positionner les îles du Pacifique sur le devant de la scène internationale

La COP est l’occasion pour les Petits Etats Insulaires de faire entendre leur voix avec plus d’aplomb. Tout premier État insulaire à occuper les fonctions de présidence de la COP23, les îles Fidji ont orienté les débats et l’attention internationale sur la vulnérabilité des îles du Pacifique face à la montée des eaux et la nécessité d’accentuer les efforts entrepris jusqu’à présent. « Les enjeux pour nous sont extrêmement importants, spécialement pour nos amis des îles Marshall, Tuvalu et Karibati, dont l’existence même est menacée. Mettre en œuvre l’accord de Paris est crucial, mais pas suffisant pour nous sauver. Nous devons aussi convaincre le reste du monde d’aller encore plus loin », a déclaré Frank Bainimarama lors du discours d’ouverture d’un rassemblement préparatoire à la COP le 16 octobre 2017. Experts scientifiques et ONG s’accordent tous sur le fait que le réchauffement climatique devra être limité à 1,5°C pour éviter aux îles et littoraux les plus menacés d’être rayés de la carte, alors que l’Accord de Paris se limite toujours pour le moment à un seuil de 2°C.

Des actes concrets et des avancées techniques sont attendus pour faire en sorte que l’Accord de Paris ne soit pas juste une coquille vide, et pour encourager les participants comme l’ensemble des acteurs non-étatiques à s’engager davantage pour le climat et la planète. « L’Accord de Paris nous a fourni de grandes lignes, mais il n’est ni concret, ni transparent. Les COP 23 et 24 vont déterminer comment les pays sont redevables et doivent aussi faire en sorte que les citoyens aient leur mot à dire. Et sur ce point, les habitants des îles pacifiques sont en première ligne pour témoigner des conséquences du changement climatique » (Lucile Dufour, Réseau Action Climat).

4) Encourager le rôle croissant des acteurs non-étatiques et des autorités locales

Alors que les Etats sont loin de s’exprimer d’une même voix sur le sujet (le retrait des Etats-Unis encourage en ce sens les autres États à user des flexibilités de l’Accord afin d’échapper à leurs responsabilités de réduire leurs émissions), les COP23 et Cop24 ont accordé une attention toute particulière aux acteurs non étatiques et aux autorités locales (villes, régions, départements, districts, comtés) qui redoublent d’efforts pour respecter l’Accord de Paris.

La mobilisation des grandes agglomérations comme Paris, Londres, Karachi, Montréal, Rio de Janeiro, Melbourne, Chicago, Varsovie, Tokyo, Buenos Aires, San Francisco, Le Cap, Vancouver, Séoul, Sydney, Washington, Madrid, Paris ou Los Angeles (toutes réunies au sein du réseau de villes C40 et qui représentent à elles seules plusieurs centaines de millions d’habitants) ne doit pas être sous-estimée. Créé il y a dix ans par Ken Livingstone, alors maire de Londres, pour fédérer les initiatives des grandes métropoles et lutter contre le réchauffement climatique, ce réseau a pour but d’accélérer la mutation écologique à l’échelle des villes et vise donc à développer et mettre en place des mesures politiques et des programmes afin d’aboutir à des réductions notables du gaz à effet de serre et des risques climatiques.

Les Iles Marshall

Petite République insulaire du Pacifique, les îles Marshall veulent montrer au monde entier que leur survie et celle des petits États insulaires sont en jeu dans la lutte contre le réchauffement climatique. En cela, elles agissent à deux niveaux : 1) le politique en multipliant les déclarations offensives de Tony De Brum, le ministre des affaires étrangères de l'archipel, avec une présence diplomatique remarquée à Paris et aux intersessions en amont de la Cop21 et un appui ferme donné à l'Alliance des États insulaires AOSIS qui insiste pour ramener la "ligne de défense" des négociations à 1,5°C en lieu et place des 2°C actuels, jugés insuffisants pour sauvegarder les nombreux états insulaires de la montée du niveau des océans; 2) l'action en réalisant une transition énergétique totale. Les îles Marshalls s'engagent ainsi à baisser leurs émissions de GES de 54% d'ici à 2030 par rapport à 2010, pour atteindre une neutralité carbone avec 100% de renouvelables en 2050. Leur contribution et leur déclaration lors de la Cop21 à Paris ont été hautement stratégiques selon les analystes Novethic. Le message de Tony De Brum est simple : "Si l’un des pays les plus petits, les plus pauvres et les plus isolés géographiquement peut le faire, alors vous le pouvez aussi". En s'adressant ainsi directement aux grands émetteurs mondiaux, c'est David contre Goliath! Les îles Marshalls interpellent la responsabilité des pays riches dont les contributions en matière de réduction des émissions de GES sont bien trop timides au regard des exigences climatiques (voir le 5ème rapport du GIEC, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat). Les îles Marshall exercent également une forme de leadership en parlant au nom de l'ensemble de ces îles menacées de disparition par la montée du niveau des mers et des océans si le réchauffement global dépasse le seuil de 1,5°C. Ce petit archipel de 71000 habitants est très mobilisé pour lutter contre les chocs climatiques car ses petites îles sont très vulnérables. Depuis une dizaine d'années, des mesures parmi les plus vigoureuses du monde en matière d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique sont mises en place. L’État renforce progressivement sa production d'électricité à partir du solaire, de l'éolien et des cultures d'agrocarburants et lance un projet d'énergie thermique marine. Des objectifs en droite ligne avec le dernier rapport du GIEC, qui recommande une réduction de 80 à 90 % des émissions d’ici au milieu du siècle, pour contenir le réchauffement à + 1,5°C au maximum.

Les iles Fidji

Le Gouvernement de Fidji a présidé la 23e conférence sur les changements climatiques. Cette édition a mis les pays plus vulnérables sur le devant de la scène. Le Premier ministre Voreqe Bainimarama a accordé une haute priorité à la COP23 et s'est fixé pour objectif de poursuivre la dynamique de l’action créée depuis l'entrée en vigueur de l'Accord de Paris sur le climat.

La région dans son ensemble est très vulnérable aux répercussions du changement climatique (l’archipel comprend des atolls de faible altitude, qui sont fortement assujettis aux cyclones et aux inondations). La London School of Economics estime que sur les de 10 millions de personnes qui vivent sur les Îles Pacifiques, jusqu'à 1.7 millions pourraient être déplacées d'ici 2050 à cause du changement climatique. Fidji, comme tous les États insulaires du Pacifique, se confronte aux défis posés par la mise en oeuvre des politiques gouvernementales à cause de ses capacités techniques, humaines et financières limitées. Le changement climatique fait monter le niveau de la mer de 6 millimètres par an. Par endroits, la salinisation rend les terres agricoles côtières incultivables, les inondations se multiplient. Et certains villages de pêcheurs ont d’ores et déjà été relocalisés vers l’intérieur des terres.

Lors de la cérémonie d'ouverture, le Premier ministre fidjien et président de la COP23, Frank Bainimarama,  lance «un appel au monde» pour agir: « Notre demande collective au monde est qu'il maintienne le cap fixé à Paris » avec l'accord adopté fin 2015 contre le réchauffement planétaire, « Le besoin d'agir urgemment est évident. Notre monde souffre d'événements extrêmes provoqués par le changement climatique. Notre responsabilité en tant que dirigeants est de répondre à cette souffrance, nous ne devons pas décevoir nos peuples (...) Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour faire marcher l'accord de Paris », a-t-il insisté. « C'est notre moment de vérité », a-t-il encore dit, ajoutant : « nous sommes tous dans le même canoë ».
D’après Le Figaro, 6 novembre 2017

La priorité est donnée au soutien à l'adaptation et au renforcement de la résilience, en particulier pour les régions les plus vulnérables. La lutte contre la vulnérabilité est donc une préoccupation majeure pour le pays. Les îles Fidji sont d’ailleurs membres du Forum de la vulnérabilité climatique.

En partenariat avec la présidence fidjienne de la COP 23, une initiative spéciale visant à protéger les habitants des petits États insulaires en développement (PEID) contre les effets du changement climatique sur la santé a été lancée par l’Organisation mondiale de la Santé, en collaboration avec le secrétariat de l’ONU Changements Climatiques. Le but d’ici 2030 : que tous les petits États insulaires en développement aient des systèmes de santé résilients face au changement climatique et que les pays du monde entier aient réduit leurs émissions de carbone pour protéger les plus vulnérables des risques climatiques, et au bénéfice de la santé des citoyens des pays émetteurs.

« Nous, aux Fidji, savons très bien que les changements climatiques constituent une menace sérieuse pour la santé de notre peuple, et je suis ravi que nous lancions cette initiative - en partenariat avec l'OMS et la CCNUCC – afin de mieux préparer les petits États insulaires comme le nôtre, avec les connaissances, les ressources et la technologie que nous avons pour accroître la résilience de leurs systèmes de santé, et dans le cadre d’efforts plus importants d'adaptation au changement climatique », a déclaré le Premier ministre fidjien et président de la COP23, Frank Bainimarama.

La réunion annuelle du Forum des îles du Pacifique s'est tenue, en 2019, sur l’île de Tuvalu. Une cinquantième édition de la réunion des Etats et territoires du Pacifique a eu lieu du 13 au 16 août. Le gouvernement fidjien, également très engagé sur la thématique des changements climatiques, a déjà indiqué qu’il était prêt, si cela devait s’avérer nécessaire, à accueillir sur son sol des « réfugiés climatiques », de Tuvalu, mais aussi de Kiribati et des Marshall, qui sont dans des situations similaires. Les dirigeants du Pacifique ont publié un communiqué, ainsi que la « Déclaration de Kainaki II pour une action urgente et immédiate contre le changement climatique », considérée comme la déclaration commune la plus audacieuse que le Forum ait jamais émise sur ce sujet. Dans le communiqué, les dirigeants du Pacifique ont notamment approuvé l’élaboration d’une Stratégie du continent Pacifique bleu à l’horizon 2050 et défini les priorités permettant « d’assurer notre avenir dans le Pacifique » par une résilience renforcée au changement climatique et aux catastrophes. En outre, ils ont validé les Principes du Pacifique bleu relatifs au dialogue et à l’engagement collectif du FIP, dont notamment une approche fondée sur le partenariat.

LES KIRIBATI

Lire l'article de Esmeralda Longépée sur Géoconfluences "Les atolls, des territoires menacés par le changement climatique global ? L'exemple de Kiribati"

Madagascar

La république s’est fixé l’objectif d’une réduction de 14% d’ici 2030 et mise sur la reforestation du pays, pourtant menacée. La Grande île compte sur le support de la communauté internationale pour atteindre cet objectif car elle est menacée à la fois par des tempêtes au Nord et par une grande sécheresse au Sud.Le plan d'action climat de Madagascar et Plan d'adaptation et d'atténuation de Madagascar lié à la reforestation.

Les Comores

ont annoncé l’un des plans mondiaux les plus ambitieux. Ce petit État insulaire particulièrement vulnérable au changement climatique propose de réduire de 84% ses émissions d’ici à 2030. Un plan que l’archipel ne pourra pas financer seul : Moroni le chiffre à 675 millions de dollars et demande un minimum de 608 millions de dollars d’aide internationale pour y parvenir.

La Mauritanie

la république islamique s'engage à une réduction de 22,3% d’ici 2030 conditionnée à une aide internationale au développement et à la lutte contre la pauvreté des populations vulnérables, victimes de sécheresses et de catastrophes récurrentes. En effet, le pays appartient à la zone du Sahel la plus touchée par la désertification et l'effet du climat, conjugué à l'action de l'homme, entraîne la dégradation de l'ensemble des conditions socio-économiques du pays.La contribution de la Mauritanie en français sur CCNUCC.

Les Philippines

ont déposé leur INDC le 1er octobre 2015 avec une intention de réduire leurs émissions de 70% à l'horizon 2030 sous conditions financières, d'aide au développement et de transfert de technologie. Les analystes considèrent ces promesses comme insuffisantes et peu claires en particulier à cause du comptage des forêts (LULUCF) dans les calculs INDC et du maintien de la production d'électricité basée sur le charbon et le forage. A noter que les communautés des Philippines se mobilisent pour le climat et font pression sur le gouvernement qui aujourd'hui se dit prêt à opter pour l’énergie renouvelable (un projet de méga centrale de charbon à Negros a été arrêté in extremis en aout 2015). Un autre point positif à noter est la volonté du pays à mobiliser leur programme "4P" de subvention aux plus pauvres (mis en place à la suite du passage du typhon Yolanda en 2013) financer des programmes de développement, notamment agricole, et de protection sociale. l'analyse de la contribution par CAT.

Les philippines sont touchées par une vingtaine de tempêtes et typhons en moyenne chaque année aggravées par le réchauffement climatique, qui font des centaines de morts et contribuent à la pauvreté des populations ( Haiyana, typhon en 2013, 7300 morts;  11/2019 typhon Kammuri)

Sources