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Interview de David Jasmin et Edith Saltiel

Par jauzein — Dernière modification 16/02/2016 16:53
Interview de David Jasmin , Directeur de la main à la pâte et Edith Saltiel , maître de conférences de physique à l’Université Paris 7, par Françoise Jauzein (INRP-ACCES), mars 2008, a propos de la formaton scientifique dispensée par La main à la pâte aux professeurs des écoles.

 

Quels sont les fondements de La main à la Pâte ? Quelles en sont les cibles?

LAMAP s’occupe du primaire c’est à dire de la maternelle et de l’école élémentaire, ses cibles sont avant tout les enseignants du primaire.

LAMAP est portée par l’Académie des sciences, et en particulier par G.Charpak, et P.Lena et Y.Quéré.

Des éléments de ce qui a été prôné en pédagogie et en didactique par différents groupes et différents pays ont été rassemblés et mis en cohérence. Deux innovations essentielles ont été apportées par le groupe Académie des sciences : le cahier de sciences et l’accompagnement par des scientifiques

Trois institutions (ENS-Ulm, Académie des sciences et INRP) ont mis en commun des moyens dans le cadre d’une convention quadriennale. Depuis 2005, il existe une convention Académie des sciences/Education Nationale qui porte sur tous les niveaux de la scolarité et pour le primaire sur le développement de La main à la pâte. L’Académie des sciences a créé en 2006 une Délégation à l’Education et la Formation (DEF) dirigée par Pierre Léna

LAMAP a une équipe nationale à Montrouge constituée d’un équivalent de 20 personnes à temps plein, dont des mises à disposition des trois instituts, des contractuels, des retraités bénévoles et des académiciens

 

Comment La main à la pâte intervient-elle dans la formation des professeurs des écoles ?

La formation initiale en sciences des professeurs des écoles a diminué ces dernières années tout comme les stages de formation continue en sciences. En 1996 face au constat du peu  d’enseignement en sciences à l’école primaire , Lamap a travaillé dans différentes directions

  • Ouvrir un site Internet aux enseignants avec des activités pour la classe, la possibilité de poser des questions à des scientifiques et des formateurs, de consulter des documents scientifiques et pédagogiques et de dialoguer via un forum.
  • Travailler avec le MEN : participation à l’élaboration des programmes 2002, participation à l’écriture des documents d’accompagnement, participation aux séminaires inter-académiques qui ont suivi le PRESTE (Plan de rénovation des sciences et de la technologie à l’école)
  • Participer à l’élaboration de ressources variées internes (bulletin, brochures...)
  • Participer à l’expertise de produits commerciaux se revendiquant de La main à la pâte
  • Mettre en place des projets collaboratifs qui permettent à de nombreuses classes de travailler et d’échanger autour des sciences
  • Créer des centres pilotes : Ces centres répartis sur tout le territoire sont maintenant au nombre de 15. Basés sur des dispositifs d’accompagnement divers, ils poursuivent des objectifs communs:
    - toucher au moins 50% des professeurs des écoles du territoire couvert (la plupart sont au niveau de circonscription ou d’une métropole (comme St Etienne)
    - avoir une même approche qualitative de l’enseignement des sciences en accord avec les principes de La main à la pâte :


la démarche d’investigation
un travail à long terme (progression autour d’un nombre limité de concepts scientifiques)
un matériel peu onéreux
un minimum de 2 heures par semaine
l’enseignant joue un rôle de guide

Chaque année, les responsables de ces centres pilotes sont réunis par Lamap dans l’une des implantations, afin d’échanger sur leurs pratiques et les dispositifs mis en place par chacun d’entre eux. C’est également l’occasion d’organiser durant une matinée un colloque ouvert à tous les enseignants du centre d’accueil et des circonscriptions voisines.
Exemple : les moyens mis à disposition dans le cadre de ce projet peuvent aller pour un centre pilote de 1500 à 2500€ par an.
L’idée est d’agréger des compétences locales (même des associations), de mettre en place une équipe de coordination en relation avec l’équipe de Lamap.
Dans les centres pilotes, la formation des enseignants est à l’initiative des locaux : les maîtres ressources ou conseillers pédagogiques.

- organiser une université d’automne annuelle, qui se tient durant les vacances de la Toussaint .

L’université d’automne Graines de sciences regroupe pendant 5 jours entre 20 et 30 enseignants du primaire et entre 6 et 8 scientifiques dans un même lieu. Ces derniers animent des ateliers de 3 heures pour des groupes de 10 enseignants. Chaque scientifique fait faire des sciences aux participants sur des thèmes qui sont en lien avec leur domaine de recherche et pas forcément avec les programmes du primaire. Suite à la session, chaque scientifique écrit, en collaboration avec les participants, un texte qui paraît dans une collection « Graines de sciences ». Les profs qui s’inscrivent pendant leur vacances, sont ensuite des « porteurs de science » dans leur secteur.

- favoriser l’accompagnement scientifique des maîtres ; soit par des élèves des grandes écoles ou d’universités (comme au début ceux de l’EMN ou les élèves de l’école polytechnique dans le cadre de leur stage de formation humaine), soit par des scientifiques en activité ou retraité.
Un premier colloque sur l’accompagnement, en 2004, a permis l’élaboration d’une charte de l’accompagnement. Un deuxième colloque ayant eu lieu en décembre 2007 doit déboucher sur l’écriture d’un guide de découverte de l’accompagnement.

 

En parallèle à ses actions sur le territoire national, Lamap a développé une action internationale de grande ampleur, ayant établi une collaboration avec une trentaine de pays.
Il faut noter que grâce à Lamap, le document d’accompagnement « Enseigner les sciences à l’école » est traduit en chinois, espagnol, catalan, serbe, portugais et anglais. De même, de nombreux pays ont ouvert un site miroir. Ainsi, actuellement il existe un site miroir du site Lamap en chinois, arabe, espagnol et serbe.
Il faut noter une forte appétence pour Lamap au niveau international. De nombreux échanges existent entre Lamap et une trentaine de pays. Ils comprennent l’accueil de délégations étrangères, la formation en France dans les centres pilotes, l’envoi de formateurs français à l’étranger.. Le principe de ce partenariat n’est pas de leur fournir un système clé en main mais de les aider à monter un dispositif qui tienne compte de leurs contraintes. Dans la mesure du possible, un IUFM ou un centre pilote est associé à un pays, par exemple celui de Troyes avec l’Argentine, Nice avec l’Iran, Grenoble avec la Chine….
Le projet européen Pollen, porté par Lamap, concerne 12 villes. Pour Pollen, il existe un site qui est en anglais ( www.pollen-europa.net).
Par ailleurs, l’IAP (International Académie Panel) qui regroupe toutes les académies de la planète, s’intéresse depuis quelques années à la rénovation de l’enseignement des sciences à l’école primaire, et maintenant à l’évaluation de ce type d’enseignement tant du côté des élèves, des enseignants que des dispositifs: un rapport international sur ce sujet a été édité en 2006, (le Chili a commencé à mettre cette évaluation en place).

 

Quelles sont les implications de l’académie des sciences dans Lamap ?

 

L’académie des sciences s’occupe

  • du pilotage du programme annuel de LAMAP ; en terme de type d’activité et de contenu
  • de la recherche de financement et de postes
  • de la valorisation de Lamap par la communication autour des actions qui sont faites ou par l’attribution de prix : le prix Lamap (destiné aux classes et attribué tous les ans) et le prix Mémoire professionnel

Les académiciens

  • interagissent avec les ministères
  • interviennent dans des colloques
  • interviennent dans les animations pédagogiques, pour le primaire
  • participent à la labellisation des ouvrages, à leur préface…

 

Depuis le début de Lamap, les académiciens ont rencontré environ 30 000 enseignants au cours d’animations pédagogiques.

 

Quelles perspectives envisagez vous pour la formation des enseignants du primaire:

Suite à un colloque qu’elle a organisé et qui s’est tenu les 4 et 5 Octobre 2007 , l’Académie des sciences a formulé des recommandations sur la formation en sciences, recommandations remise à Monsieur Xavier Darcos, Ministère de l’éducation nationale et Madame Valérie Pécresse, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche (ce document se trouve sur le site de l’Académie de sciences http://www.academie-sciences.fr/actualites/textes/formation_13_11_07.pdf)

 

Comment mesure-t-on l’impact de Lamap sur le terrain

Quatre Centres pilotes observent les pratiques enseignantes en sciences à partir d’une grille d’observation de classe (cette grille comprend un certain nombre d’items avec un choix fermé de 5 réponses possibles seulement pour chaque item)

Les résultats permettent de donner des indications aux centres pilotes sur l’efficacité de leur dispositif par rapport à un enseignement basé sur la démarche d’investigation.  

Une Evaluation-Bilan Sciences organisée par la DEP (Direction de l’Evaluation et de la Prospective) a eu lieu en mai-juin 2007 sur un échantillon statistique d’élèves de la fin du primaire (CM2) et fin de collège en SVT et Physique-Chimie.

Pour les élèves de fin de primaire, cette évaluation comportait des QCM et des modules expérimentaux (4 élèves par classe faisaient ces modules). L’ensemble des réponses est actuellement en cours de dépouillement. Cette évaluation avait pour objectif essentiel de voir si les objectifs des programmes étaient ou non atteints. Cependant dans six ans, les mêmes questions seront reposées afin de pouvoir estimer l’évolution du système éducatif en sciences

Par ailleurs, avec le projet européen POLLEN, a été élaboré un questionnaire qui concerne tout le primaire, France et international. Ce questionnaire a été mis en place pour la première année en 2007.

Voir l'interview de Clotilde Marin sur le Centre pilote de Saint Etienne et le projet POLLEN