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Etude rassurante sur les vaccins contre le cancer du col de l’utérus

En France, les vaccins contre le papillomavirus suscitent une réelle défiance. Selon une étude publiée lundi, ils n’augmentent pas le risque de sclérose en plaques notamment.

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Publié le 13 septembre 2015 à 23h42, modifié le 14 septembre 2015 à 18h21

Temps de Lecture 4 min.

Vaccination au Gardasil d'une jeune fille de 14 ans, à Dallas au Texas le 6 mars 2007.

D’abord une bonne nouvelle. Les vaccins contre les papillomavirus humains (HPV), destinés à prévenir les cancers du col de l’utérus, n’augmentent globalement pas le risque de maladies auto-immunes, conclut une vaste étude pharmacoépidémiologique nationale, rendue publique lundi 14 septembre. Les résultats sont en particulier rassurants en ce qui concerne la sclérose en plaques (SEP), confirmant les données d’autres pays.

Ensuite, un bémol. L’étude française, la plus importante menée à ce jour sur le sujet, met en évidence une association significative entre la vaccination par Gardasil ou Cervarix et la survenue d’un syndrome de Guillain-Barré (SGB), une affection neurologique rare et spontanément régressive, mais potentiellement sévère. Le risque est multiplié par quatre après vaccination, ce qui pourrait correspondre à 1 à 2 cas pour 100 000 jeunes filles vaccinées.

Dossiers judiciaires en cours

Enfin, une interrogation. Comment de tels résultats vont-ils être accueillis en France, dans le contexte actuel de défiance envers les vaccins en général, ceux contre les HPV en particulier ?

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Les questionnements sur leur efficacité mais surtout sur leurs effets secondaires durent pratiquement depuis leur commercialisation, en 2006 pour le Gardasil (laboratoire Sanofi Pasteur MSD), de loin le plus utilisé, en 2008 pour le Cervarix (GlaxoSmithKline). En France, une quarantaine de dossiers judiciaires sont en cours, concernant des jeunes femmes qui ont déclaré une sclérose en plaques, un lupus… après injection d’un des vaccins. Parallèlement, une pétition circule pour obtenir un moratoire sur la vaccination des jeunes filles, actuellement recommandée entre 11 et 14 ans, en deux injections. Dans ce climat, la couverture vaccinale ne cesse de baisser. Elle serait actuellement de 17 % chez les filles de 16 ans.

Depuis leur mise sur le marché, ces deux vaccins sont pourtant étroitement surveillés. Ils font l’objet d’un plan de gestion des risques (PGR) à l’échelle européenne, et d’un suivi renforcé de pharmacovigilance au niveau national.

Pour analyser le plus finement possible les éventuels liens entre vaccination par Gardasil ou Cervarix et maladies auto-immunes, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’Assurance-maladie ont mené une étude inédite par son ampleur, à partir des bases de données de l’Assurance-maladie et des hôpitaux.

Une cohorte de 2,2 millions de jeunes filles âgées de 13 à 16 ans a été constituée, pour un suivi d’environ deux ans. Il a été ainsi possible de comparer la survenue de quatorze maladies auto-immunes (sclérose en plaques, diabète de type 1, thyroïdites…) chez les 840 000 vaccinées – soit un tiers de l’effectif – et parmi les 1,4 million de personnes non vaccinées.

Au total, près de 4 000 cas ont été répertoriés, sans augmentation globale du risque chez les jeunes femmes vaccinées. Le rapport pointe toutefois deux points particuliers : une association « particulièrement marquée » avec le syndrome de Guillain-Barré ; et une autre, beaucoup plus faible, avec des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI).

Considéré comme rare (son incidence est d’un à deux nouveaux cas par an pour 100 000 personnes), le syndrome de Guillain-Barré (SGB) se caractérise par une paralysie des nerfs périphériques. Les lésions s’étendent progressivement pendant plusieurs semaines, puis récupèrent dans la majorité des cas en quelques mois. L’atteinte des nerfs de la tête, du cou et des muscles respiratoires peut cependant nécessiter une prise en charge en réanimation, avec assistance ventilatoire. Au total, 5 % des patients décèdent et 10 % conservent des séquelles motrices. Le syndrome peut survenir lors d’une infection virale, c’est aussi un effet secondaire connu des vaccins antigrippaux.

Campagnes de prévention

Dans l’étude de l’ANSM, 19 cas de SGB ont été recensés chez des jeunes filles vaccinées, et 21 parmi les non-vaccinées (deux tiers de l’effectif). Aucun décès n’a été déploré. L’association « était très marquée au cours des trois premiers mois suivant la dernière dose de vaccin, puis tendait à diminuer au cours du temps tout en restant statistiquement significative », précise le rapport. Cet effet secondaire des vaccins anti-HPV n’a pas été retrouvé dans d’autres études, le SGB est toutefois mentionné dans la notice du Gardasil.

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Pour l’ANSM, l’augmentation du risque paraît « robuste », mais le nombre absolu de cas de Guillain-Barré qui pourraient être imputables au vaccin « est très faible du fait de la rareté » du syndrome. Par ailleurs, une association beaucoup plus faible (risque multiplié par 1,19, soit une augmentation du risque de 19 %) a été retrouvée avec les maladies chroniques inflammatoires de l’intestin (MICI). Un signal qui, selon les auteurs du rapport, « mérite d’être investigué » mais pourrait être dû au hasard ou à des facteurs de confusion non pris en compte dans les analyses.

L’étude française va être transmise à l’Agence européenne du médicament, qui a entrepris en juillet une analyse de toutes les données concernant les vaccins anti-HPV.

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Pour l’Institut national du cancer (INCA), ces résultats rassurants devraient permettre de relancer les campagnes de prévention des cancers du col utérin, qui reposent sur la promotion de la vaccination anti-HPV et du dépistage par frottis. « Nous ne souhaitons pas baisser la garde sur ces deux stratégies complémentaires », souligne Agnès Buzyn, la présidente de l’INCA. Les cancers du col de l’utérus ne sont pas les plus fréquents (ils touchent environ 3 000 femmes par an en France, provoquant 1 100 décès), rappelle-t-elle, mais « ce sont les plus évitables et les plus inégalitaires. Ce sont d’ailleurs les seuls cancers dont le taux de survie à cinq ans est en baisse ces dernières années, car ils sont découverts à un stade plus tardif ».

Ces arguments suffiront-ils à convaincre les sceptiques ? Il faudra aussi vaincre un obstacle économique : pour les deux injections, le reste à charge est d’environ 80 euros.

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