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La nouvelle terminologie en immunologie.

Par Sylvie Fanfano Dernière modification 29/09/2017 15:55
Différents récepteurs de l'immunité innée découverts chez la drosophile puis chez les mammifères ont modifié la terminologie utilisée pour qualifier les deux grands types d'immunité.

 

Evolution du contenu des programmes de SVT en terminale scientifique :

L'évolution des programmes d'enseignement de l'immunologie en classe de terminale scientifique montre un changement de qualificatifs des réponses immunitaires de l'organisme.

Les termes de "spécifique" et de "non spécifique" étaient utilisés dans l'ancien programme dont le contenu est précisé dans le BO de Juin 1994.

Les nouveaux programmes actuellement en vigueur apparaissent dans le BO d'Août 2001 mais un complément paru au BO de novembre 2002 indique que l'immunité "spécifique" est désormais qualifiée de "acquise" et que le qualificatif "non spécifique" doit être remplacé par " naturelle" . Ces nouveaux termes à employer résultent de découvertes récentes des mécanismes des réponses immunitaires.

Extraits des BO relatifs aux programmes d'enseignement en terminale scientifique :

 

Anciens programmes de terminale S ( Extrait du BO n° 6 du 9 Juin 1994)

Mécanismes de l'immunité :

-Soi et non-soi

-Bases de l'immunocompétence

-Déroulement de la réponse immunitaire :

  • Aspects non spécifiques de la réponse immunitaire
  • Aspects spécifiques de la réponse immunitaire
Programme actuel de terminale S ( extrait du BO n°5 du 30 aout 2001 hors-série)

BO n° 5 bis réduit.JPGtexte suite du BO n°5.JPG

                 texte ter BO n°5.JPG

 Rectificatif pour le programme actuel de terminale S (extrait du BO n° 11 du 28 novembre 2002 hors série )

 

BO n&degdeg;11.JPG     texte BO n°11 début.JPG

texte BO n°11 suite.JPG

 

 

 

Immunité innée et immunité adaptative :

Pendant de nombreuses années on a dit que l'organisme humain réagissait face à un pathogène par 2 types de réponses immunitaires indépendantes . La première à intervenir était qualifiée de "non spécifique" et comprend des barrières physiques , des cellules comme les phagocytes et une composante humorale : les facteurs du complément.

Plus tardivement se manifeste la deuxième réponse qui était dite "spécifique" . Elle repose sur des cellules spécifiques , les lymphocytes T et B et sa phase effectrice correspond à la production d'anticorps et à la cytolyse des cellules infectées. Seule cette deuxième réponse possède une mémoire immunologique qui lui permet une plus grande efficacité lors d'un deuxième contact avec le même antigène.

 La découverte d'interaction entre les cellules du système immunitaire dites "non spécifiques" et leur cible grâce à des récepteurs présentant un certain degré de spécificité rend désormais obsolète l'ancienne distinction entre immunité non spécifique et immunité spécifique. Désormais on parle d'immunité innée ou naturelle pour la première réponse et la réponse anciennement qualifiée de spécifique est dite acquise ou adaptative. L'étude de ces récepteurs fondamentaux montre par ailleurs que les 2  réponses ne sont pas indépendantes et que c'est l'immunité innée qui déclenche la réponse adaptative.

 L'immunité adaptative est apparue tardivement au cours de l'évolution et est présente exclusivement chez les vertébrés. Donc 80 % des espèces animales ( les invertébrés ) vivent sans ce système élaboré de défense et ,vis à vis des microbes , ils disposent uniquement d'une réponse immunitaire innée qui s'avère cependant d'une grande efficacité .

Des faits connus depuis longtemps:

 La réponse adaptative , seule , ne permet pas de contrôler les infections .

  • En effet l'amplification clonale des lymphocytes naïfs et leur différenciation en cellules effectrices prennent plusieurs jours alors que de nombreux agents infectieux ont des temps de génération qui peuvent n'être que de quelques dizaines de minutes.
  • L'injection d'un antigène pur à un animal ne permet pas d'obtenir une réponse significative . Il est nécessaire de lui adjoindre un adjuvant constitué d'un mélange d'extraits microbiens c'est à dire de déclencher une réponse immunitaire naturelle.

L'hypothèse de Janeway : reconnaissances de molécules microbiennes par des récepteurs des cellules de l'immunité innée

Les travaux sur l'immunité innée ont été fortement influencés par une hypothèse proposée dans les années 1990  par Charles JANEWAY . Dans un article qui fait aujourd'hui référence , Janeway propose qu'au cours de l'évolution la nature a sélectionné des récepteurs moléculaires qui reconnaissent des motifs invariants présents sur les microbes et absents des cellules hôtes. Il appelle ces motifs structuraux les PAMP ( = Pathogen Associated Molecular Pattern ). C'est par exemple les LPS (= Lipo Poly Saccharides ) des parois des bactéries Gram négatif , les PGN ( = Petido Glycanes ) des bactéries Gram positif ou les mannanes des champignons. Ces PAMP seraient indispensables à la survie des micro organismes dont la prolifération est affectée en absence d'expression de ces PAMP . Ainsi la pénicilline tue les bactéries en inhibant la synthèse du PGN . Ces molécules sont donc peu sujettes à mutation et auraient été conservées de façon quasi invariante au cours des temps.Ces molécules sont souvent partagées par de larges groupes de micro-organismes. 

Ces PAMP , absents des cellules hôtes, seraient reconnus par les cellules hôtes au niveau de récepteurs spécifiques : les PRR ( = Pattern Recognition Receptor )

 


                                                       Schéma des structures des parois bactériennes
Irfan gram -.jpg Irfan-gram-plus-ter.gif

La paroi des bactéries à Gram négatif est plus fine et plus complexe. La membrane externe comporte des lipopolysaccharides ( LPS ) qui sont des endotoxines  . On compte 2 à 3 millions de LPS par bactérie . Les LPS sont responsables du "choc endotoxinique" des infections à Gram négatif.

La paroi des bactéries à Gram positif est généralement assez épaisse ( 20 à 80 nm ) et est essentiellement constituée par le peptidoglycane ( PGN ) qui contient d'autres constituants.

 

Toll récepteurs chez la drosophile

 

Famille de TLR chez les mammifères

Mise en route de la réponse adaptative par les TLR

 

Résumé :

  • Des molécules communes à de nombreux groupes de microbes sont reconnues par des récepteurs ( les Toll récepteurs chez la drosophile et  les TLR chez les mammifères  ) portés par différentes cellules immunitaires.
  • Cette reconnaissance appartient à l'immunité innée . Elle conduit à la production de médiateurs importants qui amplifient l'immunité naturelle mais aussi et en même temps à la production de molécules  essentielles à l'immunité adaptative.
  • L'immunité innée et l'immunité adaptative sont donc 2 facettes du même système de reconnaissance et d'élimination des microbes. De l'interaction de ces 2 systèmes dépend l'intégrité de notre organisme.
  • En raison de leurs propriétés immunologiques , ces molécules sont la cible actuelle de stratégies d'immuno-intervention pour contrôler une réponse immune excessive ou favoriser le développement d'une réponse protectrice.

 

Références bibliographiques utilisées

  • PLS  n°336 ( octobre 2005) :"L'immunité innée : une alerte précoce"
  • "Immunologie" chez de boeck de Janeway/Travers/Walport/Shlomchik 2° édition française.
  • Médecine Science ( Janvier 2007)
  • dossier Pour la Science octobre 2000 "Les défenses de l'organisme"

http://ist.inserm.fr/BASIS/medsci/fqmb/export/DDD/6575.pdf

http://ist.inserm.fr/BASIS/medsci/fqmb/medsci/DDD/6866.pdf

http://www.soc-nephrologie.org/PDF/enephro/publications/actualites/2004/2004_01.pdf

http://www-ibmc.u-strasbg.fr/ridi/all/fr/jli/prog-fr.htm