Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Plateforme - ACCES
Navigation
Vous êtes ici : Accueil / Thématiques / Géosciences / Temps géologiques / datation isotopique / comprendre / La chronologie Iode-Xénon

La chronologie Iode-Xénon

Par ftrouillet — Dernière modification 19/09/2017 09:50

 

Source : Claude ALLEGRE, Géologie isotopique, Belin-Sup, 2005.

 

  • L'iode est un élément chimique qui possède un isotope stable, l'iode 127. L'iode 129 est un isotope radioactif de période courte (17 millions d'années) qui se désintègre pour former du xénon 129 stable. Ce xénon 129 se retrouve en grande quantité dans certaines météorites. Les noyaux d'iode 129 ont été formés lors de l'explosion d'une supernova au voisinage de notre système solaire actuel (par nucléosynthèse).

Soit 129I(0), le nombre de noyaux radioactifs tous identiques présents dans l'échantillon au temps t=0, correspondant à la fin du processus de nucléosynthèse.

Au bout d'un temps t, le nombre de noyaux d'iode 129 a diminué. Soit 129I(t), le nombre de noyaux radioactifs tous identiques présent dans l'échantillon à la date t. La loi de décroissance radioactive nous donne :

iode-xenon1.jpg

 

  • Supposons qu'au temps t1 une partie de l'iode soit incorporée à une météorite I et qu'au temps t2, une autre partie le soit dans une météorite II. On a alors :

iode-xenon2.jpg(a)

Avec K1 et K2 les facteurs d'incorporation de l'iode entre le nuage interstellaire et chacune des météorites (c'est-à-dire le rapport entre la concentration de l'iode dans le nuage interstellaire et celle de la météorite).

 

  • On ignore les valeurs de K1, K2 et 129I(O). Pour en déduire une chronologie, il faut éliminer ces inconnues. Pour cela, on va diviser les expressions (a) par la quantité d'iode 127. On peut en effet supposer que l'incorporation de l'iode par les météorites obéit aux mêmes règles pour l'iode 127 et pour l'iode 129 (mêmes propriétés chimiques). On a donc les mêmes facteurs d'incorporations pour les deux isotopes. On obtient les rapports isotopiques suivants :

iode-xenon4.jpg(b)

  • Il reste maintenant une seule inconnue, le rapport isotopique de l'iode à la fin du processus de nucléosynthèse iode-xenon5.jpg. On peut supposer qu'il était identique dans tout le système solaire (donc pour toutes les météorites). On va donc faire le rapport entre les deux rapports isotopiques des deux météorites (expressions (b)). On obtient :

iode-xenon6.jpg

La mesure du rapport iode-xenon7.jpgdans deux météorites permet donc en principe de calculer l'intervalle de temps écoulé entre la formation de ces deux météorites (t2-t1).

 

  • Il reste à déterminer ces rapports isotopiques au moment de la formation de la météorite. Or l'échantillon ne contient plus d'iode 129 car sa période radioactive est courte (17 millions d'années). En effet, dans chaque échantillon, l'iode 129 s'est totalement désintégré pour former du xénon 129 stable (radiogénique). On a donc : iode-xenon8.jpg.On va donc utiliser le xénon 129.

Pour chaque météorite, on exprime la quantité totale de xénon 129  c'est-à-dire la somme du xénon 129 présent initialement et du xénon 129 radiogénique.

iode-xenon9.jpg

 

 Pour chaque météorite, le rapport devient :iode-xenon10.jpg

Le problème revient donc à mesurer la fraction de l'iode 129 radiogénique dans le xénon total, puis de mesurer le rapport chimique iode-xenon11.jpg (on le note ainsi parce que l'iode est totalement constitué d'iode 127).

 

En choisissant deux météorites et en calculant les compositions isotopiques de l'iode par les mesures indiquées précédemment, on peut donc déterminer l'âge relatif entre ces deux météorites. Cet intervalle de temps étant très bref (quelques millions d'années) et l'incertitude faible, on dispose donc d'une chronologie relative absolue !

 

fleche.gif Retour