Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Plateforme - ACCES
Navigation
Vous êtes ici : Accueil / Thématiques / Neurosciences / Dossiers thématiques / Perception sensorielle / Vision / COMPRENDRE / Mouvements oculaires / Application au diagnostic de maladie: la prosopagnosie

Application au diagnostic de maladie: la prosopagnosie

Par jauzein — Dernière modification 29/09/2017 15:36
Aude Richter et Michèle Ternaux, 2005-2006

 

On a découvert dans l'aire IT  des neurones qui répondent spécifiquement à la présentation d’images de visage.

 

Ces enregistrements cellulaires faits chez le singe ont été corroborés par des études d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle chez l’humain. Cette découverte n’est pas sans intérêt pour les neuropsychologues qui connaissent depuis longtemps un syndrome rare dénommé prosopagnosie où les patients ont de la difficulté à reconnaître les visages malgré le fait que le reste de leur vision est normale.


Identification des émotions dans le cas d’une atteinte de l’amygdale

 

AppMedProsop1.gif

Patiente avec lésion de l’amygdale: « Mme M. n’a pas perdu sa capacité à détecter la peur  chez autrui mais  a perdu la stratégie pour le faire ».

Il faut lui donner l’ordre de regarder les yeux du visage de la personne qui a peur car sinon elle ne regarde que la bouche et ne détecte pas l’émotion.

L’amygdale influencerait la direction où se porte en premier notre regard.


D’après La recherche mars 2005

 



 

 

 


 

AppMedProsop2.gif

Ci-contre: expression de peur (simulation à partir de l'expression des yeux uniquement), que Mme M. est incapable de décoder

Nature 2006

 

Il était déjà connu que les amygdales cérébrales ( noyaux situés à la base du système limbique ) jouent un rôle dans le déclenchement des réactions de peur mais on ne savait pas que ces structures neuronales jouaient également un rôle dans la reconnaissance visuelle de la peur exprimée par le visage.

Ce fait vient d’être établi par l’équipe du neurologue Antonio Damasio ( technique d’enregistrement = appareil d’oculométrie baptisé « bubbles » conçu par Frédérick Gosselin)

à partir de l’étude d’un cas très rare de calcification des amygdales ( Mme M. citée plus haut ).

Les chercheurs ont soumis la patiente et un groupe témoin à près de 3000 tests portant sur différents visages afin de déterminer quelle partie de la figure nous utilisons pour reconnaître une émotion.

Les sujets témoins ont montré qu’ils n’éprouvaient aucune difficulté à distinguer la peur uniquement à partir de l’expression des yeux (image ci-dessus), mais pas Mme M.

 La patiente, reconnaît toutefois les émotions dont l’expression ne repose pas de façon aussi exclusive sur les yeux.

L’expérience a montré qu’elle était non seulement incapable de décoder cette zone du visage même lorsqu’il s’agissait de la seule zone visible.

Cette incapacité à fixer l’attention sur les yeux a été confirmée: Quelque soit le visage présenté, Mme M. s’est attardée aux yeux dans des proportions de deux à six fois moindres que les sujets témoins.

C’est ce qui la rend incapable de reconnaître la peur alors qu’elle distingue les émotions exprimées par la bouche, les sourcils ou le front.

Une autre expérience a consisté à demander explicitement à Mme M. de regarder les yeux.

Au grand étonnement des chercheurs, la capacité de la patiente à reconnaître la peur a été égale à celle des sujets témoins. Cette incapacité n’est donc pas due à un problème du système visuel.

Les amygdales jouent donc un rôle dans le mécanisme permettant de résoudre l’ambiguïté  d’une expression faciale en dirigeant l’attention visuelle sur les yeux afin de reconnaître l’émotion. C’est ce processus qui est perturbé chez Mme M.

La consigne donnée à la patiente de regarder les yeux pourrait éventuellement être mise à profit dans des interventions auprès de personnes atteintes d’autisme et de dyslexie.