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Tests d'évaluation de la mémoire

Par pothet — Dernière modification 09/02/2016 16:07
Page réalisée par Nadia Ouahioune, enseignante de SVT

 

Il n’existe pas d’examen standard de la mémoire, lequel ne peut être que personnalisé. Cependant, un schéma global d’évaluation doit être respecté qui repose sur 2 axes :

-     un entretien semi-dirigé et détaillé avec le patient et sa famille (qui permet non seulement d’émettre des hypothèses sur le fonctionnement mnésique du sujet mais également de guider le choix des tests et des épreuves utilisées ultérieurement) 

-       un bilan psychométrique (pour quantifier les réponses du sujet afin d’infirmer ou de confirmer les hypothèses émises). 

Vous avez pu voir dans les conférences qu’on ne pouvait pas se référer à une conception unitaire de la mémoire, c’est pourquoi la plupart des tests évalue une modalité particulière de la mémoire.

-     les méthodes directes : le sujet connait dès la phase d’encodage, le matériel qu’il devra réellement restituer lors de la phase de test de la mémoire = mémoire dite explicite. La tâche la plus fréquemment utilisée est l’apprentissage d’une liste de mots.

-  &nbsnbsp;  les méthodes indirectes : il n’est pas demandé explicitement au sujet de se rappeler d’un matériel précis, le patient doit simplement effectuer un traitement particulier tel qu’un traitement perceptif, un jugement de valeur…etc. 

 

A – Les méthodes de rappel libre et indicé (relèvent des méthodes directes)

1 – Le rappel libre :

C’est l’une des premières méthodes qui consiste à demander au sujet de restituer des éléments précédemment encodés dans l’ordre où il le souhaite après un intervalle de temps plus ou moins long. Cette technique classique est largement utilisée en laboratoire comme en cabinet médical pour tester la mémoire d’événements personnels (mémoire autobiographique).

Cette méthode a eu l’avantage de permettre la mise en évidence de l’activité de structuration de la mémoire. En effet, les sujets soumis à ce test ne rappellent pas les mots dans l’ordre de présentation ou de manière aléatoire mais en fonction de ressemblances entre les mots (catégorielles, perceptives, fonctionnelles…). Par ailleurs, la probabilité de rappel d’un mot dépend de la position à laquelle il a été présenté lors de la phase d’étude. Les mots présentés en début de liste et en fin de liste sont mieux rappelés qu’en milieu de liste.

test1.gif

Remarques : Dans la plupart des situations, l’effet de récence est plus fort que l’effet de primauté.  Ces deux effets plaident également en faveur de l’existence de 2 types de traitements en parallèle de l’information. L’effet de primauté dépendrait de la mémoire à long terme tandis que l’effet de récence serait le produit d’un stock phonologique à court terme.

 

2 – Le rappel ordonné ou rapport sériel de liste :

Cette méthode est similaire à la méthode de rappel libre mais cette fois, le sujet doit respecter l’ordre de présentation des éléments. Ce rappel ordonné (ou rapport sériel de liste) est très utilisé dans l’étude de la mémoire à court terme. En effet, le rappel d’un numéro de téléphone, entre le moment où on le lit sur un répertoire et le moment où on le compose, nécessite non seulement la restitution de tous les éléments mais aussi l’ordre de la séquence des éléments et ce pendant un laps de temps très court.

 

3 – Le rappel indicé :

Cette méthode consiste à ajouter un indice susceptible (le plus souvent des indices perceptifs) de constituer une aide à la récupération. En plus d’être une méthode d’étude de la mémoire, le rappel indicé permet d’explorer les caractéristiques mnésiques.

Les méthodes les plus utilisées dans le rappel indicé sont l’apprentissage de couples de mots et les méthodes de complétion.

a)      L’apprentissage de couples associés.

On fait apprendre au sujet des couples de stimuli (le plus souvent des couples de mots), sa tâche étant de rappeler le terme associé à celui que l’on présente lors de la phase de rappel.

b)      Les méthodes de complétion :

Il s’agit pour le sujet de rappeler un mot ou un stimulus à partir d’une partie de celui-ci.

 

4 – Bilan de ces 3 types de rappels :

On a pu voir dans ces 3 méthodes de rappels que le facteur « indice » (qui indique à quel événement, à quel épisode d’encodage on fait référence pour le rappel) intervenait toujours. On considère donc actuellement que la différence entre toutes les méthodes de rappel concerne la quantité et la nature des indices de récupération. Dans les situations de rappel libre, ce nombre est minimum.

 

B – Les méthodes de reconnaissance (méthode directe)

 

Dans cette situation, le sujet ne doit plus simplement rappeler le matériel qu’on lui a présenté mais le reconnaître comme ayant déjà été vu lors d’une séquence antérieure et prédéfinie par l’expérimentateur. L’activité de reconnaissance est donc la capacité pour un sujet de savoir si un évènement observé maintenant appartient ou non à une séquence d’évènement particuliers spécifiés, s’étant produits antérieurement.

Dans les méthodes de reconnaissance, il y a  les tests OUI-NON (le sujet doit simplement dire si l’élément présenté était présent ou non) et les méthodes à choix multiples (le sujet doit reconnaître les stimuli cibles parmi un ensemble de distracteurs  présentés simultanément).

 

Analyse des performances : l’analyse des performances dans toutes les situations de reconnaissance montre facilement que l’on peut identifier 2 types de bonnes réponses (les reconnaissances correctes et les rejets corrects) et 2 types d’erreurs (les fausses reconnaissances et les rejets incorrects).

 

Comme il est possible de donner par hasard une bonne réponse (fausse réponse ou FR), la performance de reconnaissance est corrigée en déduisant du nombre de bonnes réponses le nombre de fausses reconnaissances (BR – FR) pour les test OUI-NON. Ainsi,  plus le nombre de FR est élevé plus la probabilité qu’un choix correct soit dû au hasard est grande.

Dans les situations à choix multiples, le nombre de FR est pondéré par le nombre de choix proposés au sujet et la formule devient alors :

 

Rc = BR – (FR/(n-1)) 

Exemple :

Si le nombre de choix est de 2, BR 10 et FR = 3, le score est de 7.

Si le nombre de choix est de 4, BR = 10 et FR = 3, le score est de 9. 

Donc, dans le 2ème cas, la performance est meilleure.

 

C – Les méthodes d’économie et d’amorçage (méthodes indirectes d’étude de la mémoire)

 

1 – La méthode d’économie :

C’est Hermann Ebbinghaus qui a introduit cette méthode pour étudier la mémoire verbale en 1885. Il propose de tester la mémoire en comparant le nombre d’essais nécessaires pour réaliser 2 apprentissages parfaitement identiques décalés dans le temps. Si le second apprentissage nécessite moins d’essais, c’est qu’une trace du premier existait en mémoire ; cette économie au réapprentissage est donc un indice de mémorisation.

La méthode de calcul est simple :

E% = (Ea – Er)/Er X 100

 

: pourcentage d’économie, Ea : nombre d’essais pour l’apprentissage initial, Er = nombre d’essais pour le réapprentissage

Cette méthode a l’avantage d’être utilisable aussi bien chez l’animal que chez l’être humain (bébé ou adulte) et montre l’influence des apprentissages antérieurs, même lorsque le sujet n’est plus capable de reconnaître ou de rappeler ces éléments anciens. Elle est essentiellement utilisée dans l’étude de l’oubli.

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Le principe est le suivant : Ebbinghauss (1913) a appris parfaitement une liste de 13 syllabes sans signification. Après une période de 20 minutes à 30 jours, il mesure le nombre d’essais nécessaire pour répéter la liste deux fois de suite sans erreur. Le pourcentage d’économie diminue dans le temps mais la diminution des performances est très sévère au cours de la première journée puis beaucoup plus faible par la suite. Il faut noter que cette courbe est obtenue pour du matériel verbal et n’est pas généralisable à tous les matériels.

 

2 – Les méthodes d’amorçage : le principe est de faire précéder une décision ou un traitement sur une cible (mot, image…) d’une information (amorce) concernant la cible sans que le sujet le sache. Une des interprétations de ces méthodes est de considérer qu’il existe dans la mémoire des structures préexistantes qui lors de la présentation de l’amorce sont activées et il sera alors plus facile ensuite de l’utiliser ou de la percevoir dans une activité ultérieure. 

J’ai choisi de présenter 2 tests basés sur certaines méthodes d’évaluation de la mémoire qui sont très utilisés dans la détection des troubles mnésiques qui caractérisent la maladie d’Alzheimer à son début : le test de Grober et Bushke et le test de Dubois.

 

Le test de Grober et Bushke (1987) :

 

Ce test permet d’évaluer la mémoire épisodique or dans la maladie d’Alzheimer, des déficits de cette mémoire apparaissent à un stade très précoce de la maladie et constituent donc un marqueur cognitif efficace de cette démence.

L’exploration de cette mémoire est habituellement menée au moyen des tâches de rappel libre, de rappel indicé ou de reconnaissance. Ces tâches comportent deux phases :

-         une phase d’apprentissage (ou d’encodage)

-         une phase de récupération 

Dans la phase d’apprentissage, on présente à la personne une série de mots (items) appartenant à des catégories sémantiques différentes dans le but que le sujet les mémorise. Dans la phase de récupération, on demande au sujet de les restituer explicitement. 

Pour la phase d’apprentissage, deux listes de 16 mots sont présentées

-         une liste dite « version de base » avec les items appartenant à 16 catégories sémantiques différentes

-         une liste dite « parallèle » avec 16 nouveaux items appartenant aux mêmes catégories sémantiques que ceux de la version de base. 

Pour la phase de reconnaissance, une troisième liste propose au patient une série de mots dans laquelle on trouve les items appris et de nouveaux items (distracteurs). Cette liste est constituée des 16 items cibles mélangés à 16 distracteurs sémantiques et 16 distracteurs neutres.

Les 16 mots à mémoriser sont présentés sur des fiches par groupes de quatre dans le même ordre pour tous les participants.

Phase d’apprentissage :

Dans un premier temps, l’examinateur présente au participant, une fiche à la fois. Pour chaque fiche de 4 items, l’examinateur demande à la personne de chercher et de lire à voix haute l’item correspondant à l’indice catégoriel fourni, exemple : fleur/jonquille. L’examinateur fournit les consignes suivantes : « je vais vous présenter des fiches ; sur chaque fiche sont inscrits 4 mots ; je vous demande de mémoriser tous les mots inscrits sur les fiches. Voici la première fiche : parmi ces 4 mots, dites-moi quel est le poisson ? Quel est le vêtement ?

 

Rappel indicé immédiat (RIM) : l’examinateur fournit l’indice catégoriel à voix haute et la personne doit rappeler l’item appartenant à cette catégorie. Il fournit pour cela les consignes suivantes : « Maintenant, je reprends la fiche et vous allez me dire quel était le poisson qui était inscrit sur cette fiche ? Quel était le vêtement ?

Il n’y a pas de limite de temps pour cette épreuve de rappel indicé et si certains mots ne sont pas récupérés, l’examinateur représente la fiche correspondante et fait suivre à nouveau le même protocole, 3 essais sont permis.  

Tâche distractrice : après la présentation et le rappel indicé immédiat réussi de la quatrième fiche, le participant est soumis à une tâche distractrice de 20 secondes comme par exemple un comptage à rebours. 

Rappel libre (RL) et indicé (RI) des 16 items : après la phase de rappel indicé immédiat et le délai de 20 secondes, on procède à la phase de rappel libre qui consiste à demander au patient de rappeler le plus grand nombre de mots qui lui ont été présentés dans n’importe quel ordre en 2 minutes.

La phase de rappel libre est suivie d’une phase de rappel indicé et ce, uniquement pour les items non évoqués par le participant en rappel libre ou pour les items pour lesquels le patient a produit des erreurs. Le participant dispose de 10 secondes par item. Cette procédure RL et RI est répétée 3 fois les 3 essais étant séparés par une tâche distractrice de comptage à rebours de 20 secondes. L’examinateur note le nombre d’évocations correctes sur des fiches pour chaque rappel libre et chaque rappel indicé et le nombre total d’évocations correctes.

 

Phase de reconnaissance : immédiatement après le comptage à rebours qui suit le troisième essai de RL/RI, un test de reconnaissance oui/non est proposé où le participant doit reconnaître les 16 items cibles mélangés aux 16 distracteurs sémantiques et aux 16 distracteurs neutres. L’examinateur relève le nombre de reconnaissances correctes et le nombre de fausses reconnaissances soit des distracteurs sémantiques soit des distracteurs neutres.

Rappel libre et indicé : dans un troisième temps, vingt minutes après la phse de reconnaissance, une nouvelle phase de RL/RI des 16 items de la liste de base. 

Exemple d’un patient cas N° 6 et interprétation des résultats 

 

Le test des 5 mots ou test de DUBOIS B :

 

C’est un test de mémoire verbale pouvant se substituer au test de Grober et Bushke et possédant une valeur prédictive en ce qui concerne la maladie d’Alzheimer, il est cependant insuffisant pour mettre en évidence des troubles mnésiques ou une autre maladie neurologique.

On explique au patient qu’il va faire un test de mémorisation et comment il va se dérouler.

On lui présente donc une liste de 5 mots et on lui demande de les lire à haute voix et de les retenir. Ces 5 mots sont placés dans 5 catégories sémantiques différentes (qui ne sont pas présentées au patient).

-         Fleur : Rose

-         Animal : Eléphant

-         Vêtement : chemise

-         Fruit : abricot

-         Instrument de musique : violon 

Rappel immédiat de compréhension : immédiatement après et avec la liste devant lui, on demande au patient le nom du fruit , de l’animal, etc…pour s’assurer de la compréhension des mots et des catégories. C’est un rappel indicé.

Rappel immédiat de l’encodage : aussitôt après, en masquant la liste, on demande au patient de redonner les mots (sans fournir la catégorie) puis en donnant la catégorie. Dans le premier cas, il s’agit d’un rappel libre et dans le 2ème cas d’un rappel indicé. 

Cela nécessite 10 réponses, chaque bonne réponse donne un point et le score est le total 1. En cas d’erreur, la liste est remontrée au patient puis cachée à nouveau pour refaire l’épreuve notée sur 10 jusqu’à ce que le patient atteigne le score de 10/10. 

Epreuve attentionnelle intercurrente : on fait effectuer au patient une tâche interférente comme compter de 20 à 0, de 2 en 2, ou toute autre activité comme la vérification de ses capacités temporo-spatiales (dates, lieux…). 

Rappel différé : on lui demande ensuite de donner les 5 mots (rappel libre) et éventuellement en cas de difficultés par catégorie (rappel indicé). Le score obtenu est le total 2 (1 point par bonne réponse soit un maximum de 10).

On effectue la Somme = total 1 + total 2

Cette somme S des rappels doit être normalement au dessus de 16, il existe un trouble de la mémoire dès qu’un mot a été oublié. L’indiçage permet de différencier un trouble mnésique d’un trouble de l’attention lié à l’âge ou a l’anxiété, dépression.

Exemples et interprétation des résultats.

 

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