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Vous êtes ici : Accueil / Thématiques / Épidémiologie et santé / Epidémies et agents infectieux / Covid-19 / Modélisation chinoise de l'épidémie en milieu scolaire

Modélisation chinoise de l'épidémie en milieu scolaire

Par Anne Chemin-Roberty Dernière modification 16/02/2024 15:13

avertissement

Nous vous présentons ici une modélisation d'une épidémie réalisée et publiée sur les réseaux sociaux le 29 février 2020 par un auteur chinois. Elle peut être considérée comme une étude de l'épidémie qui sévissait en Chine alors que la région de Wuhan était confinée et qu'elle commençait à se répandre en Asie, en Iran, et en Italie principalement. Cette simulation doit donc être considérée comme une vision à l'instant T. Depuis cette date, les connaissances et les recherches sur le Covid-19 se développent massivement dans la communauté scientifique internationale.

Cette simulation prend comme objet d'étude un établissement scolaire de type internat (classes, dortoirs et cantine). Le temps de simulation est court (10 jours). Nous mettons en garde quant à l'interprétation de cette simulation car il n'est pas fourni de chiffres sur l'effectif de la population, sur le R0, sur la probabilité de transmission, sur le taux de contacts entre les personnes, ou encore la contagiosité et sur le % de personnes infectées qui vont présenter les symptômes de la maladie. En effet, les recherches épidémiologiques actuelles indiquent que les enfants et les adolescents peuvent être porteurs et transmetteurs du virus sans forcément développer la maladie. Ces jeunes populations développent très rarement des formes graves (aujourd'hui ce chiffre est estimé à 0,01 % ).

Cette simulation est à titre d'exemple pour une activité pédagogique. En aucun cas, elle ne doit être utilisée dans le débat actuel pour ou contre le déconfinement et la réouverture des établissements scolaires.

La simulation

Elle se déroule dans un internat chinois ou ce que l'on pourrait appeler un campus scolaire.

Cette simulation montre avec 4 cas de figure, et sur une dixaine de jours, la propagation du virus dans différentes situations. Les élèves circulent entre leurs dortoirs, (les petites cases qui longent les côtés), la cantine et la salle de classe.

Au début de la simulation aucun élève n'est porteur du virus et on voit les déplacements entre les différents espaces (billes vertes).

Ensuite dans chaque simulation un seul élève infecté arrive au sein du groupe. A partir de ce cas unique la contamination est modélisée dans quatre situations différentes :

  • 1 - Les personnes circulent librement (entre la salle de cours, la cantine et le dortoir) sans porter de masques.
  • 2 - Les personnes circulent librement (entre la salle de cours, la cantine et le dortoir) avec des masques.
  • 3 - Les personnes portant des masques circulent librement et des mesures de quarantaine sont mises en place pour les élèves atteints.
  • 4 - La plupart des personnes sont confinés dans leurs dortoirs dès l’apparition des premiers symptomes et les cours sont suspendus.

Dans chaque situation les élèves sont représentés avec des codes couleurs:

  • Vert : personnes en bonne santé sans masques
  • Bleu : personnes en bonne santé avec masques
  • Jaune : personnes contaminées sous incubation, non contagieuse
  • Orange : personnes contaminées sous incubation, contagieuse
  • Rouge : personne testée porteuse ou malade

 

 

  • Situation 1 - Au jour 5 ils sont presque tous contaminés. Au bout de 10 jours, après 5 jours d'incubation, tout le monde est malade.
  • Situation 2 - Avec le port des masques la contamination est ralentie de quelques jours et ce n'est qu'à partir du 7e jour, que la contamination est généralisée. Le port du masque ralentit la contamination dans un espace confiné.
  • Situation 3 - Mise en quarantaine des premiers cas déclarés au cinquième jour. Au jour 8 cependant, presque toutes les personnes sont contaminées. Par rapport à la situation 2, la mise en quarantaine a seulement retardé l’apparition des symptômes.
  • Situation 4 - La plupart des élèves sont confinés dans leurs dortoirs dès l’apparition des premiers symptômes. Au 4e jour les cours sont suspendus et les élèves malades sont mis en quarantaine à l'infirmerie. Du jour 5 au jour 12 chaque fois qu'un élève est déclaré malade il est transféré à l'infirmerie. L'épidémie progresse. Quasiment la majorité des dortoirs se vide dès le dixième jour. Cependant quelques dortoirs ne vont présenter ni symptômes ni maladie.

Cette modélisation parle d'un "cluster" et des "personnes contact". Elle tend à montrer que malgré les mesures mises en place, la contamination dans un espace clos reste inévitable. Les mesures de distanciation sociale permettent de ralentir cette contamination. Mais elles n'ont été mises en place qu'à l'apparition dès premiers symptômes, sans doute trop tard pour éviter la propagation du virus. Les résultats auraient sans doute été différents avec des mesures de prévention primaire ou de "protection spécifique" selon l'OMS. afin d'éviter et de réduire l'apparition de nouveaux cas dans une population saine.

Cette modélisation peut aider à réfléchir sur les mesures de prévention, l'éducation à la santé et à l'information. Elle peut être utilisée en classe pour étudier et débattre des mesures à adopter (gestes barrières, port du masque, distanciation...) et expliquer les phénomènes de propagation d'un virus.

Cela n'est pas sans nous rappeler la propagation du virus COVID-19 à bord du porte-avions Charles de Gaulle entre le 13 mars et le 17 avril. Vous trouverez une description de la chronologie sur ce site.

En effet, il apparait que le porte-avions dont tout le personnel était en mission à bord depuis deux mois a fait escale en Bretagne entre le 13 et le 16 mars. A ce moment-là des militaires ont pu sortir dans leurs familles et une cinquantaine de nouveaux marins ont été accueillis à bord. Ce qui laisse à penser que le patient zéro du cluster qui s'est déclenché sur le porte-avion est une personne ayant été contaminée pendant l'escale ou alors qu'elle a rejoint le porte-avions entre le 13 et le 16 mars. Après un temps d'incubation et malgré les mesures prises en interne pour essayer de faire respecter les gestes barrières et la distanciation sociale, dès le 5 avril les premiers cas de coronavirus se sont déclarés et la propagation à bord a été très rapide. Le porte-avion a du stopper sa mission et revenir à son port d'attache où des tests ont été passés pour détecter les cas, même asymptomatiques, des porteurs du COVID-19. Le porte-avions a particulièrement été affecté par l’épidémie puisque 1.046 de ses marins sur 1.760 ont été testés positifs. Ce qui représente environ 60% de l’équipage au 17 avril. Des investigations sont en cours.

Remerciements à Madame Zhang Yu, de l'Institut d'Asie Orientale (IAO), membre du comité de rédaction du carnet de veille documentaire Covidasia qui nous a aidé dans la traduction et la bonne compréhension de cette simulation.

Pour en savoir plus vous pouvez consulter notre rubrique Accompagnement pédagogique et Ressources en ligne sur le COVID-19.