Conclusions G6PD



1 – La carte des régions du monde où la fréquence des allèles G6PD déficients est supérieure à 1% recouvre globalement celle où le paludisme sévit de façon endémique. Les principales discordances s’expliquent aisément : le paludisme a été éradiqué depuis une centaine d’années seulement dans le bassin méditerranéen ; il n’y a pas de paludisme en Amérique du nord mais les personnes G6PD déficientes sont d’origine africaine. Cette corrélation laisse à penser que l’extension des allèles G6PD déficients dans les régions où le paludisme est endémique est due à l’avantage sélectif qui résulte de la possession d’allèle G6PD déficient  vis-à-vis du paludisme. Cela est confirmé à l’échelle locale par les données relatives à l’archipel du Vanuatu : alors que le peuplement des îles a la même origine, la fréquence de la déficience en G6PD est beaucoup plus grande dans celle où le paludisme est répandu .

2 – Les données cliniques confirment l’avantage sélectif  des porteurs d’allèles G6PD déficients dans les régions impaludées. En effet, dans une population d’enfants paludéens d’Afrique de l’ouest et de l’est, la fréquence des garçons et filles porteurs de l’allèle G6PDA-, est significativement inférieure à celle des garçons et filles ne possédant pas cet allèle, en particulier chez les enfants victimes d’un paludisme sévère. Tout se passe comme si la possession conférait une résistance vis-à-vis du Plasmodium. A l’échelle cellulaire, cela est confirmé par les données relatives aux femmes hétérozygotes parasitées par le Plasmodium : chez ces femmes, la fréquence des  hématies G6PD déficientes parasitées est,suivant les individus, 2 à 80 fois plus faible que celle des hématies parasitées possédant l’enzyme G6PD efficace (par suite du phénomène de lyonisation, les alléles des gènes portés par un chromosome X s’expriment dans certaines cellules, les allèles de l’autre chromosome X dans d’autres cellules, d’où la présence de deux populations d’hématies chez les femmes hétérozygotes pour le gène G6PD).

3 – Les données expérimentales fournissent un début d’explication à la résistance vis-à-vis du Plasmodium que confère la possession d’un allèle G6PD déficient. D’une part on constate qu’in vitro les hématies G6PD déficientes sont moins parasitées que les hématies non déficientes ; d’autre part, lorsqu’elles sont parasitées, elles sont plus phagocytées à un stade où le parasite n’a pas encore réalisé sa multiplication. Il en résulte une moins grande production de Plasmodium et donc un paludisme moins sévère.