Plasticité cérébrale
Plasticité 
Informations scientifiques
Outils pour enseigner
Partenaires Recherche Synthèses Points Ressources Démarches Biblio Sites
Mise à jour : 27/10/2009


Glossaire
Histoire

 Changements répétés de la morphologie dendritique dans l'hippocampe de l'écureuil sibérien au cours de l'hibernation
 
Rédigé par Jean-Pierre Ternaux, Unité de neurocybernétique cellulaire, CNRS Marseille, d'après les travaux de Popov V.I. et al. 1992 , Neuroscience, 48, 45-51.

Peu d'observations indiquent que des changements dans la structure des contacts synaptiques associés avec des modifications des récepteurs et des canaux membranaires pourraient jouer un rôle dans l'altération de l'efficacité synaptique. A l'heure actuelle, l'existence d'une réorganisation de l'architecture neuronale dans le cerveau d'animaux adultes au cours d'un comportement naturel est encore à démontrer.

Cliquer sur l'image
De façon à examiner cette question, Popov et al. ont utilisé l'hibernation comme un modèle naturel d'inactivité cérébrale. L'étude chez les hibernants permet de comparer la morphologie de certains neurones dans le cerveau dans des conditions fonctionnelles opposées d'états normal et inactif. Au cours de l'hibernation, la très faible activité électrique du cerveau est très rapidement modifiée lors d'un éveil spontané ou provoqué artificiellement. Chez l'écureuil hibernant, les éveils spontanés sont réguliers et la période d'hibernation divisée en deux états de torpeur séparés par un court intervalle. Avec le début du réveil, l'écureuil restaure sa température corporelle en deux heures et se lève.

Cliquer sur l'image

L'étude réalisée ici concerne la morphologie dendritique des neurones pyramidaux CA3 de l'hippocampe (dans des tranches d'hippocampe, les corps cellulaires de neurones pyramidaux forment une couche dense facile à voir. Cette couche est divisée en plusieurs régions distinctes, les plus importantes étant CA1 et CA3) au cours des différents stades de l'hibernation : torpeur (au milieu de la phase d'hibernation), réveil (deux heures après l'éveil provoqué), état actif (après l'éveil spontané). Les neurones sont observés après imprégnation avec des sels d'argent par la méthode de Golgi.
Cliquer sur l'image
L'hippocampe a été choisi dans cette étude en raison de sa participation dans les mécanismes de régulation de l'hibernation et de déclenchement de l'éveil.

Résultats

L'étude a été focalisée sur la structure des dendrites apicales des cellules pyramidales CA3 . Des études précédentes réalisées sur de jeunes rats élevés dans un environnement complexe ont montré que les dendrites apicales sont plus plastiques que les dendrites proximales. 
Chez l'écureuil hibernant, comme chez le rat, on observe deux types de cellules pyramidales CA3 caractérisées par l'organisation des dendrites apicales : cellules à hampe courte, cellules à hampe longue.
Cliquer sur l'image
Légende : dessin des deux types de cellules pyramidales
- a : à hampe courte 
- b: à hampe longue, animal actif 
- c : à hampe longue, animal hibernant

L'écureuil hibernant, après trois ou quatre jours d'hibernation montre une réduction de tous les éléments structuraux de la région CA3 de l'hippocampe. La largeur de la couche dendritique , le nombre de branchements dendritiques et la taille des corps cellulaires sont significativement diminués lorsqu'on compare ces paramètres à ceux mesurés chez l'écureuil actif. Le volume moyen des corps cellulaires des cellules pyramidales passe de 1235 ± 75 µm3 chez l'animal actif à 845 ± 60 µm3 chez l'animal hibernant. L'étude quantitative a été réalisée sur des neurones à hampe dendritique longue où les effets apparaissent les plus prononcés.La valeur moyenne de la longueur de l'arborisation dendritique apicale décroit de 291 ± 16 µm chez l'animal actif à 222 ± 30µm chez l'animal hibernant. Cette réduction dendritique est accompagnée d'une réduction des branchements. La moyenne des intersections entre les dendrites et des lignes parallèles dessinées sur la couche des cellules pyramidales qui correspond au nombre de branches décroit au cours des trois jours d'hibernation de 165 ± 17 à 107 ± 17. 

 Une caractéristique importante de cette plasticité dendritique concerne la réversibilité et récurence de ce phénomène. Deux heures après le début du réveil, la valeur moyenne du volume des cellules pyramidales de CA3 a déjà augmenté de 70%, jusqu'à 1455 ± 65 µm3. La longueur des dendrites apicaux à cette période ne diffère pas de celle de l'animal actif (304 ± 21 µm par rapport à 291 ± 7). Le nombre total d'intersection des dendrites chez l'animal éveillé est doublé en comparaison avec l'animal hibernant et significativement plus important que chez l'animal actif (215 ± 18 contre 165 ± 17). 

Cliquer sur l'image
Légende : hippocampe
- a : animal actif
- b : animal hibernant 
- c : animal éveillé
La réduction réversible de l'arbre dendritique au cours de l'hibernation indique indirectement une diminution des surfaces post-synaptiques disponibles. Un examen plus détaillé des préparations de Golgi confirme la transformation des contacts synaptiques au cours du cycle hibernation-activité. Des différences dans la fréquence de distribution des épines dendritiques sont observées sur les dendrites apicales des cellules pyramidales CA3 chez l'animal actif, hibernant ou quelques heures après le réveil. 
 
Hippocampe : épines dendritiques marquées par des flèches

Cliquer sur l'image

Cliquer sur l'image

Cliquer sur l'image
Chez l'animal actif
L'animal hibernant
Chez l'animal éveillé
 Conclusion

Les changements observés au cours du cycle activité-hibernation indiquent une diminution des capacités du neurone à recevoir des messages afférents. Les dendrites diminuées qui présentent également une diminution de la fréquence des épines dendritiques possèdent apparemment moins de zones de contacts post-synaptiques. 


Institut national de Recherche pédagogique