Plasticité cérébrale
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Mise à jour : 25/02/2003

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Les mécanismes de la potentialisation à long terme

Rédigé par M.C. Garnier et M. Ternaux, Lycée Joliot Curie, Aubagne

Relu par M. Serge Laroche, directeur du Laboratoire de neurobiologie de l'apprentissage, de la mémoire et de la communication, CNRS UMR 8620, Université de Paris-Sud, Orsay

Le modèle général considère qu'à chaque souvenir correspondrait une configuration unique d'activité dans de vastes réseaux de neurones.

La mise en mémoire d'un souvenir se traduit par une augmentation importante et durable de l'efficacité synaptique. c'est ce que l'on appelle la potentialisation à long terme ou LPT .

Lorsqu'une modification d'efficacité est induite (après activation  de la synapse), des mécanismes moléculaires dans les neurones conduisent progressivement à des changements morphologiques durables.

Les études morphologiques, en microscopie électronique, ont révélé la trace de ces profonds remaniements des réseaux de neurones qui sont donc des conséquences de l'induction  de la plasticité synaptique : 

  • changement de forme et de taille des synapses augmentation des surfaces d'apposition entre les éléments pré- et postsynaptiques ; transformation de synapses silencieuses en synapses actives;
  • croissance de nouvelles synapses.
  • L'induction des mécanismes de potentialisation à long terme

     Cette  plasticité n'a été mise en évidence au niveau de l'hippocampe de  mammifères qu'en 1973 (travail sur des lapins) par T.V.P. Bliss et T. Lomo. La plupart des synapses modifiables utilisent le glutamate comme neuromédiateur. On en trouve dans l'hippocampe et dans la plupart des structures corticales et sous-corticales du cerveau. Plusieurs types de récepteurs postsynaptiques interviennent dans la transmission et la plasticité synaptique : 

  • les récepteurs AMPA interviennent dans la transmission rapide normale, permettant à l'influx nerveux de se propager de neurone en neurone.
  • les récepteurs NMDA commandent spécifiquement la plasticité sur la majorité des voies  qui fonctionnent avec le glutamate. Un bloquant spécifique de ces récepteurs n'empêche pas la transmission synaptique mais empêche le déclenchement de la potentialisation à long terme . Cette administration d'antagoniste rend ces rats incapables d'apprendre une tache de navigation spatiale. A mesure que l'on augmente la dose d'antagoniste, la plasticité synaptique diminue et les déficits mnésiques de renforcent.
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    le récepteur NMDA
    Dans les conditions normales ces récepteurs sont inactifs. Ils entrent en jeu lorsque l'activité des neurones présynaptiques est élevée (libération importante de glutamate et dépolarisation  importante de la membrane postsynaptique) et que le seuil critique d'activation des neurones postsynaptiques est dépassé (dépolarisation importante de la membrane postsynaptique). Le récepteur NMDA subit alors une déformation qui fait que sa stimulation par le glutamate ouvre le canal ionique associé au récepteur  et les ions calcium du milieu extracellulaire entrent massivement dans le neurone postsynaptique.
    Les ions calcium déclenchent une cascade de réactions moléculaires qui aboutit à une modification durable de la synapse.
  • les récepteurs métabotropiques n'ont pas de canaux ioniques mais sont couplés à des protéines, les protéines G. Ils semblent qu'ils amplifient le phénomène en mobilisant les ions calcium des réserves intracellulaires (réticulum endoplasmique).
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    visualisation de l'afflux de calcium au niveau d'un neurone de l'hippocampe après activation synaptique
    Les neurones sont visualisés en microscopie confocale avec un marqueur fluorescent au calcium (l'intensité de la fluorescence (donc du jaune) est   fonction de la quantité d'ions calcium intracellulaire).

    Les encadrés à droite montrent  une épine dendritique (correspondant à une synapse encadrée sur les prolongements dendritiques du neurone) où l'on peut visualiser un afflux de calcium (en bas) après l'activation synaptique ( par rapport à avant l'activation synaptique en haut).
     

    Le rôle des ions calcium

    La concentration intracellulaire en calcium augmente donc de façon transitoire.
    Cela déclenche une série de réactions

  • activation d'un ensemble de protéines kinases qui participent à la transmission des signaux dans la cellule 
  • ces kinases déclenchent 2 types de mécanismes :
    1.  la phosphorylation d'autres protéines et en particulier celle des récepteurs AMPA et NMDA ce qui augmente leur sensibilité.
    2. l'activation de la machinerie génique
  • libération de messagers qui agiraient sur le neurone présynaptique.
  • Ces messagers  provoqueraient des modifications : l'activité des complexes protéiques qui participent à l'amarrage et à la fusion des vésicules synaptiques est modifiée ce qui augmente la libération de neuromédiateur.

    Le mécanisme de la potentialisation à long terme
     

     
    Les 3 types de récepteurs impliqués dans la PLT sont des récepteurs à glutamate:
  • Les  récepteurs AMPA (jaune) interviennent dans la transmission rapide;
  • les récepteurs NMDA (en vert) n'entrent en jeu que si l'activité du neurone présynaptique est élevée (forte libération de glutamate) : l'ouverture du canal provoque une entrée massive de Ca2+;
  • les récepteurs métabotropiques (bleu) couplés à une protéine G : ils provoquent la mobilisation du Ca2+  stocké dans le réticulum.
  • La forte concentration intracellulaire en calcium déclenche une série de réactions :
  • activation de protéines kinases (PKA, PKC, CaMKII)  qui sont des enzymes qui catalysent une réaction de phosphorylation de protéines.
  • libération de messagers rétrogrades qui agissent sur le neurone présynaptique. (augmentation de la libération de neurotransmetteur par action de la syntaxine)
  • Conséquences de l'activation des protéines-kinases :
  • phosphorylation des récepteurs AMPA et NMDA : augmentation de leur sensibilité
  • messages vers le noyau : expression des gènes
  • Cette capacité des synapses de l'hippocampe et en particulier du gyrus denté (structure de l'hippocampe) à libérer davantage de glutamate a été observée lors d'apprentissage d'une association entre 2 stimuli ou lors d'un apprentissage spatial chez le rat.

    Ainsi la mémorisation repose sur des modifications synaptiques mais celles-ci doivent être stabilisées et consolidées sinon la force synaptique décroît rapidement et le souvenir s'estompe. Comment les capacités mnésiques peuvent-elles perdurer en résistant au renouvellement moléculaire de la cellule? des modifications moléculaires permanente ont lieu. Contrairement à la mémoire à court terme, la mémoire à long terme requiert la synthèse de nouvelles protéines.
     


    Institut national de Recherche pédagogique