Mise
à jour : 14/08/2001
Glossaire
Histoire
Téléchargements
Détermination
hiérarchisée du sexe chez les mammifères
Chromosomes
sexuels et phénotypes
La différenciation sexuelle
morphologique
Contrôle
hormonal de la différenciation du sexe
Gènes
de détermination sexuelle
Le chromosome
Y et le gène SRY
Les anomalies de la différenciation
sexuelle
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LA DIFFERENCIATION SEXUELLE
MORPHOLOGIQUE
Rédigée par Françoise Jauzein, Lycée
Berthollet, Annecy
Relue par Solange Magre, Université Paris 6, et Bernard
Vigier, INRA
Le stade de la gonade indifférenciée
Même si le sexe de l'embryon est déterminé dès
la fécondation, la première ébauche de gonade
n'apparaît, dans l'espèce humaine, qu'à la cinquième
semaine de développement. Il s'agit d'une crête génitale,
formée à partir d'une prolifération du mésenchyme
du mésonéphros (ou corps de Wolff ) et recouverte de l'épithélium
coelomique.
Les cellules germinales primordiales ont une origine bien différente,
elles proviennent d'une région de l'épiblaste adjacente à
l'ectoderme extra-embryonnaire. En détectant leur activité
phosphatase alcaline spécifique, on peut suivre leur cheminement
(à partir de la quatrième semaine post-conception chez l'homme)
de l'extrémité postérieure de la ligne primitive (à
la base de l'allantoïde) à l'endoderme de l'intestin postérieur,
puis le territoire gonadique (à la cinquième et sixième
semaine) via le mésentère dorsal. Des expériences
in vitro ont montré que les crêtes génitales exercent
un chimiotactisme positif sur les cellules germinales primitives.
L'ébauche de gonade ainsi formée renferme des cellules
germinales entourées de cellules somatiques. Des vaisseaux sanguins
parcourent cette ébauche.
Coupe transversale d'un foetus de veau de 32 jours
montrant les ébauches de gonade (Go) au dessus du
mésentère dorsal (MD) et sur les bords internes des
mésonéphros (Mé), TN=tube nerveux , My=myocytes,
A=aorte
A. Jost, dans "La reproduction chez les mammifères
et l'homme" Ellipses INRA
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Stade indifférencié ou crête génitale
apparue chez l'homme à la cinquième semaine
La gonade se présente comme un épaississement de la paroi
du mésonéphros.
Chez la souris elle se compose d'un blastème de cellules
germinales et somatiques (sans aucune organisation de type épithéliale)
alors que chez l'homme on distingue des cordons épithéliaux
et du tissu mésenchymateux.
On pense actuellement que l'épithélium coelomique recouvrant
la crête et le mésenchyme sous-jacent participent ensemble
à l'édification de la partie somatique de la gonade.
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La différenciation gonadique
Chronologie de la différenciation des gonades
Principales étapes
chez les mâles (M) et les femelles (F)
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Stade de développement chez la souris
en jours post coïtum (jpc)
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Stade de développement chez l'homme
en semaines post conception (sem)
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Migration des cellules génitales dans la crête génitale
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10 à 11 jpc
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4 à 5 sem
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Différenciation des cordons séminifères (M)
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12 jpc
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7 sem
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Différenciation des cellules de Leydig (M)
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13 jpc
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8 sem
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Début de la prophase méiotique (F)
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13 à 14 jpc
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9 sem
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Début de la folliculogénèse (F)
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3 jours après la naissance
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14 sem
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Dès la septième semaine de développement, chez
les embryons humains de sexe génétique masculin (46, XY)
, la gonade indifférenciée commence à se transformer
en testicule, alors que chez les embryons de sexe génétique
féminin (46 , XX), la transformation ne commence qu'à partir
de la huitième semaine et les ovaires ne sont reconnaissables qu'
à la dixième semaine grâce à la prophase méiotique
de leurs cellules germinales.
Le contrôle de l'entrée en méiose des cellules germinales
n'est pas totalement élucidé. Des cellules germinales mâles,
égarées en position ectopique (dans le mésonéphros
ou la surrénale) au cours de leur migration, entrent en prophase
méiotique au même moment que les cellules germinales femelles.
Ceci laisse à penser que les cellules germinales sont programmées
pour entrer en meiose et que c'est l'environnement testiculaire qui bloque
ce processus jusqu'à la puberté, période où
la spermatogénèse se met en place.
La différenciation testiculaire
Elle est caractérisée par la formation de cordons séminifères,
c'est à dire de cordons épithéliaux composés
de cellules germinales (les spermatogonies, qui subissent une période
de multiplication puis un arrêt mitotique dû à l'environnement
testiculaire) et de cellules somatiques (les cellules de Sertoli).
La différenciation des cellules de Sertoli (cytoplasme clair
et volumineux, REG développé) est le premier évènement
de l'organogénèse testiculaire. Ces cellules s'associent
les unes aux autres par des interdigitations et des jonctions membranaires,
englobant progressivement les cellules germinales et donnant ainsi naissance
à des cordons séminifères pleins. En même temps
se différencie la tunique albuginée, assise de tissu conjonctif
se développant sous l'épithélium coelomique.
Entre ces cordons, au sein du mésenchyme, se différencient,
à partir de la huitième semaine, les cellules de Leydig (goutelettes
lipidiques, REL) dont l'origine précise (mésonéphros
ou crête) n'est pas encore établie. |
La différenciation ovarienne
Après une phase de multiplication active (comme chez le mâle)
les cellules germinales de la femelle entrent spontanément en prophase
méiotique et se bloquent en ovocyte I au stade diplotène
(ou dyctié). C'est le premier évènement de la différenciation
femelle de la gonade.
Les follicules, eux, se forment par regroupement de cellules somatiques
avec des ovocytes, au sein de structures épithéliales,
appelées cordons ovariens ou ovigères, qui restent en contact
avec l'épithélium de surface. Lors du début de la
folliculogénèse (qui a lieu chez certaines espèces
après la naissance), ces cordons se fragmentent et chaque follicule
primordial se constitue par association d'un ovocyte I et d'une assise
de cellules somatiques, précurseurs des cellules de la granulosa.
Les cellules thécales se différencient plus tard, autour
des follicules en croissance.
La présence de cellules germinales est indispensable à
la formation des follicules car en leur absence, que ce soit pour
des raisons génétique ou exogène, des cordons stériles
se mettent en place mais dégénèrent ensuite, laissant
un ovaire composé uniquement de stroma. |
Pendant la vie foetale et la petite enfance ces cordons restent pleins,
ils se creusent en tubes séminifères au moment de la puberté,
on observe alors la jonction entre ces tubes, le reste des tubules mésonéphrotiques
et le canal de Wolff qui fonctionnera en spermiducte. |
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Les connexions uro-génitales dégénèrent
en même temps que le mésonéphros (laissant parfois
quelques formations kystiques comme le rete ovarii) |
L'évolution du tractus
Au moment où débute la différenciation gonadique
mâle, le tractus est encore sexuellement indifférencié.
Le mésonéphros s'est mis en place, pendant la quatrième
semaine du développement foetal humain, à partir du mésoblaste
situé de la cinquième paire de somites cervicaux à
la quatrième paire de somites lombaires. Dans le mésonéphros,
des néphrons débouchent dans le canal de Wolff, qui, à
la cinquième semaine, continue son extension sous la vessie jusqu'au
sinus-urogénital, et forme un diverticule à la hauteur de
l'ébauche du métanéphros (futur rein). Ce diverticule
donnera l'uretère, son orifice se séparera du canal de Wolff
lors de la croissance du sinus-urogénital (le sinus uro-génital
s'étend de la base de la vessie jusqu'à l'orifice uro-génital,
situé au niveau du périnée, sous le tubercule génital
qu'encadrent les bourrelets génitaux).
Quant au canal de Müller, il est issu d'une invagination de l'épithélium
coelomique de la région antérieure du mésonéphros,
ayant pris naissance à proximité de la région antérieure
du canal de Wolff au cours de la sixième semaine, pendant la période
de formation des crêtes génitales. Il se développe
ensuite vers l'avant et vers l'arrière jusqu'au sinus uro-génital
en cheminant le long du canal de Wolff.
Cavité abdominale d'un foetus humain de 7 semaines environ
Dans "la reproduction chez les mammifères et l'homme". Ellipses,
INRA |
Schéma montrant les relations entre la gonade, le mésonéphros
(orange), les canaux de Wolff (orange) et de Müller (vert) ainsi que
l'appareil urinaire (métanéphros ou reins et uretères)
Selon les espèces, la régression des canaux de Müller
pourra débuter avant que ceux-ci n'aient atteint le sinus uro-génital.
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La différence essentielle entre les deux sexes porte alors
sur le devenir des canaux de Wolff et de Müller.
Chronologie de la différenciation du tractus génital
Principales étapes
foetus mâles (M) et femelles (F)
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Age du foetus murin
en jours postcoïtum (jpc)
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Age du foetus humain
en semaine post conception (sem)
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Régression des canaux de Müller
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14 jpc
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8 sem
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Masculinisation des organes génitaux externes, distance
ano-génitale augmentée (M)
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16 jpc
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9 à 10 sem
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Vésicules séminales (M)
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16 jpc
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10 sem
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Bourgeons prostatiques (M)
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17 jpc
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10 sem
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Régression des canaux de Wolff (F)
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15 jpc
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10 sem
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Fin de la migration testiculaire (M)
intra-abdominale
intra-scrotale
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18 jpc
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12 sem
28 sem
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Chez le foetus mâle les canaux de Müller régressent
totalement, ne laissant qu'un reliquat facultatif au niveau de l'épididyme
(l'hydatide sessile) et un petit diverticule de l'urètre prostatique
(l'utricule prostatique).
Dans leurs partie supérieure les canaux de Wolff régressent
en ne laissant qu'un reliquat (l'hydatide pédiculée). Dans
leur partie moyenne, ils constituent les canaux épididymaires, où
s'abouchent les canaux efférents (anciens tubules mésonéphrétiques
entrés en communication avec le rete testis). Dans leur portion
inférieure ils deviennent les canaux éjaculateurs qui débouchent
dans l'urètre prostatique. A l'union entre ces segments, deux bourgeonnements
de la paroi forment les ébauches des vésicules séminales.
La partie distale des conduits génitaux et urinaire dépend
de l'évolution du sinus uro-génital, essentiellement à
partir de la neuvième semaine. Les organes génitaux externes
se forment de la neuvième à la quatorzième semaineà
partir du tubercule génital. Les orifices génital et urinaire
sont communs. |
Chez le foetus femelle les canaux de Wolff régressent
entièrement en laissant quelques reliquats embryonnaires sous la
forme de petits kystes allongés (canaux de Gärtner) que l'on
retrouve contre les parois latérales de l'utérus et du vagin
et, dans leurs parties hautes, l'hydatide pédiculée et l'époophore.
Les canaux de Müller forment, dans leur segments supérieurs,
les trompes de Fallope. Dans leurs segments inférieurs, ils fusionnent
pour constituer le canal utéro-vaginal (présentant un renflement
postérieur, le tubercule de Müller) alors que les segments
moyens évoluent en deux cornes utérines. A partir du quatrième
mois, les deux cornes utérines se soudent en un utérus unique,
le tubercule de Müller devient le col de l'utérus et le vagin
se cavite. La partie distale des conduits génital (partie basse
du vagin) et urinaire dépend de l'évolution du sinus uro-génital,
à partir du quatrième mois. Les organes génitaux externes
se forment au cours du troisième mois à partir du tubercule
génital. Les orifices urinaire et génital sont totalement
distincts l'un de l'autre. |
Enfin, la migration des testicules en dehors de l'abdomen, dans le scrotum,
se fera durant le septième et le huitième mois de la grossesse.
La position des testicules est déterminée par deux ligaments
génitaux: le ligament suspenseur crânial et le gubernaculum
(ou ligament génital caudal). Chez les mâles, c'est la croissance
des gubernaculums qui permet la descente des testicules en position
scrotale. L'absence de cette descente testiculaire, ou cryptorchidie, entraîne
une stérilité. |