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Wasmannia auropunctata

Document réalisé à partir de :


Nom scientifique: Wasmannia auropunctata (Roger)
Nom commun : petite fourmi de feu ou fourmi électrique

Elle est considérée comme étant sans doute l'espèce de fourmi la plus dangereuse pour tout le Pacifique. Cette espèce a été classée dans la liste des 100 pires envahisseurs du monde.

Pour plus de précisions sur l'endémisme insulaire et la notion d'espèce envahissante (glossaire)

Description

Les ouvrières de W. auropunctata mesurent 1,2 mm. Elles sont de couleur marron claire à dorée. Les antennes se terminent par un segment en forme de massue. Le thorax porte deux épines longues et effilées. Le corps est parsemé de longs poils. Les reines sont de couleur brune et sont plus grandes, environ 4 mm.
Les petites fourmis de feu se déplacent très lentement.
Leurs piqûres sont venimeuses, très douloureuses et peuvent entraîner des réactions allergiques chez l’homme ou la cécité chez les animaux tels que chats et chiens. Elles peuvent piquer plusieurs fois par seconde.
C’est une espèce particulièrement agressive.
Leur activité est permanente même en cas de pluie.

 


Habitat

En milieu naturel, W. auropunctata installe ses nids dans les brindilles, la litière des feuilles, les fissures du sol, les galeries souterraines des termites qu’elle élimine, sous les branches en décomposition, les noix de coco au sol ou encore dans les arbres.

Dans les maisons, elle peut infester les lits, le linge et la nourriture , s’installer dans les pots de fleurs, les poubelles, entre des planches ou des pierres empilées
Quand le nid est dérangé elles le déménagent très facilement.

Elles apprécient l’ombre, l’humidité et l’abri du vent. Elles apprécient particulièrement les milieux perturbés par l’homme.

Les climats froids ne leur conviennent pas mais elles peuvent y survivre dans les habitations humaines, ou dans les serres qui sont chauffées et humides. C’est le cas dans les serres d’Angleterre et du Canada (Jourdan 1999).

 

 


 

Nutrition

Les petites fourmis de feu sont omnivores et extrêmement souples dans leur régime alimentaire, attaquant :

  • les arthropodes : termites, fourmis d’autres espèces, araignées, scorpions, etc…
  • les petits vertébrés : grenouilles
  • les plantes entre autres leurs fruits sucrés et gras, leurs fleurs et leurs bourgeons.
  • Dans l'archipel des Galápagos, elles dévorent les couvées de tortues et attaquent les yeux et le cloaque des tortues adultes.
  • Lorsqu’il y a des pucerons ou des cochenilles sur les plantes, la majeure partie de leur menu est composée des déjections sucrées de ces insectes : le miellat. Les fourmis tiennent à distance les prédateurs des pucerons ou des cochenilles afin de profiter de cette nourriture. Pucerons et cochenilles se nourrissant de la sève des plantes qu’ils colonisent, ces dernières sont affaiblies.
  • Dans les habitations humaines, leur nutrition peut être améliorée par toutes les matières grasses qu’elles peuvent trouver (beurre de cacahuète, huile, …)

Les fourmis sont des insectes sociaux formant des colonies, appelées fourmilières. À l'exception des individus reproducteurs, mâles et reines, la plupart des fourmis sont aptères (sans ailes).

 


 

Communication

La communication entre les fourmis se fait surtout au moyen de produits chimiques volatiles appelés phéromones. Ce signal chimique porte à la fois l'information sur l'espèce, la société, la caste et le stade de développement auxquelles appartiennent les individus rencontrés. C'est en sécrétant cette substance qu'une fourmi peut avertir de la présence de nourriture ou d’un danger, ainsi que de leurs localisations.

Alors que pour la plupart des espèces, les colonies issues de nids différents s’attaquent même si les fourmis sont de la même espèce, ce n’est pas le cas chez les Wasmannia: elles fonctionnent comme une seule colonie même si elles sont issues de nids différents, elles se reconnaissent et ne s’attaquent pas les unes les autres. Elles peuvent même au contraire s’unir et rassembler leurs colonies.
La taille des colonies est variable mais elles peuvent être petites : une centaine d’ouvrières pour une dizaine de reines et de mâles.

 


Reproduction

 

Chez la plupart des espèces de fourmis, mâles et femelles ailés, nés au printemps, sortent de la fourmilière et s’envolent pour le vol nuptial. C’est pendant ce vol que les mâles vont féconder quelques femelles. La femelle qui est fécondée ne le sera qu'une seule fois dans sa vie : elle garde tous les spermatozoïdes dans sa spermathèque, et elle les utilise par la suite pour féconder elle-même ses œufs. Toutes les femelles non fécondées ainsi que les mâles meurent à la fin de ce vol.
Les femelles fécondées vont ensuite fonder leur propre colonie. Elles creusent une loge, perdent leurs ailes et referment l’ouverture. Elles sont alors prêtes à pondre. Dans un premier temps la reine soigne ses œufs elle-même jusqu’à ce que les premières ouvrières nées de ces premiers oeufs prennent le relais pour les soins.
Les reines produisent deux types d’œuf :
- certains ne sont pas fécondés et produisent des mâles
- d’autres sont fécondés et produisent soit des reines, soit des ouvrières.

Chez la petite fourmi de feu, les reines et les mâles sont chacun issus d'une reproduction clonale Les œufs qui donnent les reines ne sont pas fécondés. Quant aux mâles, ils fécondent des œufs au départ non fécondés. Une fois la fécondation effectuée, l'ADN du mâle élimine celui de la femelle à l'intérieur de l'oeuf.
Seules les ouvrières sont issues de la reproduction sexuée des reines et des mâles mais elles sont stériles.
Il n’y a pas de vol nuptial, l'accouplement est internidal. Elle étend son implantation par bourgeonnement des nids, donc à courte distance. L'homme est le principal vecteur de son déplacement sur de longues distances, même si un déplacement passif de sexués peut se produire naturellement, par exemple lors de fortes averses où on observe des fourmis « embarquées » sur des feuilles filant le long de cours d'eau.
Selon des scientifiques de l'ISSG*, une reine peut pondre environ 70 oeufs par jour.
Plusieurs reines cohabitent au sein des nids sans concurrence ou hiérarchie.

*ISSG : Groupe des Spécialistes des Espèces Envahissantes. L'ISSG s'intègre au sein de l'ONU et regroupe des chercheurs de différents pays et de différentes disciplines biologiques. Son objectif est d'informer sur les espèces envahissantes et de tenter de faciliter la prévention et la gestion des invasions.

 


Extension géographique

 

La petite fourmi de feu est originaire d'Amérique centrale et du Sud (Holway et al. 2002).
On la trouve aujourd’hui :

  • Afrique de l’Ouest dont le Gabon et le Cameroun,
  • Amérique du Nord : Floride, Californie
  • Bermudes
  • Bahamas
  • Amérique du Sud.
  • Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, Vanuatu, quelques îles des Galápagos, îles Salomon, Hawaii et Tahiti
  • Mais aussi en Angleterre et au Canada, à l’intérieur des serres

 

Comment passe-t-elle d’un pays à un autre ?

Le déplacement de la petite fourmi de feu a pu être dans certains cas volontaire
Les hommes s’étant aperçus que la petite fourmi de feu s’attaquaient à certains insectes herbivores parasitant les cacaoyers (mirides et hémiptères), ils l’ont introduite volontairement dans les plantations au Cameroun afin qu’elle joue le rôle d’insecticide naturel.

Le déplacement de la petite fourmi de feu est cependant essentiellement accidentelle

  • Commerce des plantes: comme ces fourmis installent facilement leurs nids à la base des arbres et dans les pots de fleurs, elles sont transportées entre les pépinières. Lorsqu'un plant contaminé est acheté et planté, les fourmis peuvent s'établir localement autour. (Romanski 2001). A Santo, on pense que la petite fourmi de feu a pu arriver avec des plants en provenance des îles Banks.
  • Végétation flottante/débris : En particulier les troncs. Elle a pu se répandre également par exemple entre les îles de l'archipel des Salomons par le mouvement de noix de coco.
  • Transport maritime: Les fourmis traversent le monde cachées dans des récoltes, du fret, du matériel de construction, et de l'équipement lourd comme du matériel militaire ou d'exploitation forestière (Passera 1994, Wetterer 1998)
  • Transport passif : W. auropunctata a sans doute été transportée entre les grandes îles des Galápagos par des plantes ou de la terre et entre les petites îles par du matériel de camping et des provisions. (Roque-Albelo et Causton 1999).