Mission Santo
 
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à propos de ce blog
LA MISSION GÉOLOGIQUE DE RECONNAISSANCE DE BERNARD ET JOSIANE LIPS JOUR PAR JOUR
Dernières entrées
Retour en France Josiane et Bernard Lips 30/08/2005
Le départ Josiane et Bernard Lips 29/08/2005
Dernier jour à la plage Josiane et Bernard Lips 28/08/2005
Dernière chasse à la crevette Josiane et Bernard Lips 27/08/2005
Dernière journée de spéléo: la résurgence de Patunar Josiane et Bernard Lips 26/08/2005
 
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Comment allons-nous prospecter Santo ?

La prospection est particulièrement difficile au Vanuatu. Impossible de faire une prospection autonome : la végétation exubérante ne permet pas de l’envisager. Le principe consiste donc à passer de village en village pour se renseigner sur l’existence d’une éventuelle grotte ou gouffre. Dans le cas positif, la cavité signalée est souvent minuscule et ce n’est que de temps en temps que l’objectif est intéressant. En règle générale les Ni-Vanuatu ne pénètrent pas dans les grottes. Au sud de Santo, les grottes servent cependant d’abri lors des cyclones à plusieurs villages. Dans les villages de Funafus et de Nambel, les habitants connaissent les grottes et les ont explorées. A Funafus, les jeunes du village descendent des puits de 10 ou 20 m en utilisant des lianes. Si les habitants semblent avoir une assez bonne connaissance des porches, ils n’ont pas beaucoup de raisons de s’intéresser aux petits puits, masqués par la végétation au fond de doline. Une des difficultés de la prospection tient à la culture du Vanuatu. Pour aller en un lieu quelconque, il faut nécessairement l’autorisation du chef du village, du propriétaire coutumier ainsi que du propriétaire du bail du terrain. La moindre visite d’une cavité dont l’emplacement est connu nécessite ainsi de longues tractations. Par ailleurs, lorsque les villageois nous signalent une cavité c’est souvent pour nous indiquer que le chemin n’existe plus et qu’ils ne se souviennent qu’assez vaguement de l’emplacement. La forêt primaire a laissé la place à une forêt secondaire souvent très dégradée et une liane envahissante recouvre le sol, les buissons et les arbres, noyant littéralement le paysage d’une enveloppe verte quasi continue. L’avancée se fait à la machette et il est illusoire de savoir ce qui existe à 20 m à gauche ou à droite du sentier ainsi taillé. A Port Olry, nous avons pu constater que les jeunes qui nous accompagnaient n’étaient jamais entrés dans des cavités qui ne développaient pourtant que 20 ou 30 m. Ils étaient fiers de nous accompagner et sont passés pour des héros le soir au village. Les 58 cavités et phénomènes karstiques que nous décrivons ci-dessous représentent le résultat de cinq semaines de tractations, de prospection et d’exploration. Force est de constater que la plupart des cavités qui nous ont été signalées se trouvent non loin d’une piste ou d’un sentier fraîchement taillé. La géologie laisse place à de nombreux réseaux possibles sans compter de nombreuses petites cavités mais il semble que la densité des entrées soit assez faible. Notons que les altitudes ont été relevées au GPS et les valeurs données dans le tableau sont donc très approximatives.

Installation et premières cavités

Excellente nuit et réveil vers 8 h. Nous transformons une chambre de la maison en bureau et coin ordinateur. Vers 10 h 30 nous partons manger près du marché. Enfin à 11 h 30, nous prenons le bateau qui nous mène sur l'île voisine d'Aore (10 min de traversée). Nous marchons pendant une bonne demi-heure pour aller voir le chef, en principe propriétaire d'une grotte (grotte d'Autabelchiki). Le chef n'est pas là mais un homme de la maison nous mène à l'entrée de la cavité. Une forte odeur de chauves-souris émane du porche. Nous nous équipons sommairement en emmenant le matériel d'observation pour Josiane et topo pour moi. Un jeune Néo-zélandais nous rejoint pour nous dire que la grotte est sur son territoire et nous faire remarquer que nous n'avons pas d'autorisation. Tandis que Rufino discute avec lui, je fais quelques vagues visées pour un schéma à peu près crédible. Le sol grouille de blattes et les deux diverticules finaux abritent des centaines sinon des milliers de chauves-souris. Comme nous ne devons pas les affoler, nous ne fouillons pas le fond de la cavité. Nous aurons peut-être l'occasion de revenir. Nous revenons vers 15 h 30 près de l'embarcadère et repartons en bateau à 16 h 30. Je démarre le compte rendu de l'expédition. Visite en fin d'après-midi d'Olivier et Murielle avec leur bébé Aore.

Problèmes d'autorisation

Visiblement nous avons digéré le décalage horaire et nous nous levons vers 7 h en pleine forme. Mais Rufino, qui est allé voir le gouverneur de l’île, nous annonce une mauvaise nouvelle : il nous faut absolument une autorisation pour continuer nos prospections. Bien entendu l’autorisation doit être donnée par les services de l’environnement qui se trouvent à Port-Vila. Au mieux, cela signifie que nous allons perdre au moins 2 ou 3 (sinon plus) journées… et au pire cela peut compromettre notre mission. En attendant, nous devons faire profil bas et nous n’irons pas visiter la « grotte du Chinois », comme initialement prévu. Nous passons la matinée dans la maison, Josiane en profitant pour terminer de trier ses récoltes d’hier.  A midi, nous déjeunons dans le minuscule restaurant « chez Françoise ». Vers 16 h 30, Rufino nous dépose au bord de la rivière Sarakata à quelques kilomètres de l’embouchure avec son kayak monoplace auto vidant. Nous y montons à deux en étant presque en limite de flottabilité et démarrons la descente. Après un chavirage dans un minuscule rapide (l’eau est très bonne), nous arrivons en une heure à l’embouchure où Rufino nous attend avec le pick-up…

L'attente

Rufino envoie quelques mails pour essayer de résoudre nos problèmes. En attendant, nous passons la matinée à la maison. Josiane et moi faisons un tour en ville pour visiter quelques magasins. Nous déjeunons chez Rufino. Vers 15 h 30, Rufino va au golf. Nous profitons de la plage et de la mer juste à côté (kayak et apnée). Je fais quelques photos sous l’eau. En fin d’après-midi, arrivée de Michel Charleux, ancien coopérant à Santo et actuellement à Rurutu (Polynésie française). Il nous propose de faire des grillades. Dan, le voisin français de Rufino, est également invité. Nous faisons un petit feu devant le garage et cuisons quelques steaks sur une plaque. Un fruit de l’arbre à pain, cuit dans la braise, un peu de salade et une bonne bière complètent le repas.

Jour férié


Lever comme d’habitude à 6 h 30. Aujourd’hui est férié (nous sommes dans la semaine de fête de l’indépendance). Rufino n’a pas réussi à contacter le Chinois, propriétaire de la grotte que nous devions visiter aujourd’hui. Il nous faut encore revoir notre programme. A 10 h, nous assistons à la parade des tribus en «habits traditionnels». J’en profite pour faire crépiter mon appareil photo. Le Premier Ministre du Vanuatu arrive également vêtu en traditionnel avec des défenses de cochon en collier.




Entre-temps, Rufino a pris contact avec un de ses copains Australien pour remonter la rivière Wambu en kayak. Après déjeuner, nous embarquons (Josiane et moi dans le deux places, Rufino et son copain chacun dans un monoplace) au niveau du pont sur la rivière. Nous remontons la rivière sur un peu plus d’un kilomètre avant d’être arrêtés par des rapides. Il ne reste plus qu’à redescendre (2 h de kayak). Nous repartons en ville sur la place de la fête. Nous y rencontrons Michel, Dan, Olivier et Murielle. Après dîner, vers 20 h, le chef de l’île d’Aore frappe à la porte pour demander l’hospitalité. C’est l’occasion de discuter des quelques grottes d’Aore. Nous prenons rendez-vous pour vendredi prochain.

Jour gris

Il fait toujours très gris au réveil. Nous partons vers 9 h en prenant la route de l’ancien aéroport. Il ne tarde pas à pleuvoir. Rufino a pris rendez-vous avec une connaissance qui doit nous indiquer une cavité. Mais, probablement fête nationale aidant, nous ne trouvons personne sur place. Nous poussons jusqu’au village de Nambouk. Les rares habitants que nous rencontrons nous indiquent qu’il y a une cavité avec des chauves-souris non loin… mais qu’ils ne peuvent pas nous y emmener aujourd’hui. Nous prenons rendez-vous pour lundi. Il se met à pleuvoir franchement. Nous passons encore au village de Nambel qui est pratiquement désert et décidons de revenir sur Luganville où nous arrivons vers midi. Le pick-up commence à avoir des ratés (problème d’alimentation en fuel).  Après-midi tranquille. J’en profite pour recopier les rivières, pertes et résurgences visibles sur la carte. Vers 16 h 30, passage de Michel qui revient de Port Olry. On lui a indiqué quelques cavités… qui se trouvent sur la propriété d’une famille en conflit foncier avec le beau-père de Rufino. Nous dînons ensemble et regardons les films de Josiane de nos expéditions en Chine et à Bornéo.

Dimanche

Rufino a un tournoi de golf le matin. Nous l’accompagnons pour profiter de l’océan (kayak et tuba). A midi, nous mangeons avec les golfeurs et après une nouvelle séance de tuba, nous rentrons à la maison. Nous en repartons une heure plus tard pour aller sur le bord de la Sarakata. Nous en profitons pour faire une nouvelle descente de la rivière en kayak. Vers 18 h 30, Josiane et moi repartons à pied en ville pour rejoindre Michel dans un petit restaurant à côté de la place. Nous dînons ensemble (roussettes et riz suivis d’une salade de fruits) et discutons de Tahiti et d’autres sujets.

La suite du journal au mois d'août 2005...

La grotte Amarur


Nous partons vers 7 h 30 pour voir le gouverneur de l’île. Celui-ci nous reçoit pendant un quart d’heure et nous assure de son soutien pour notre pré expédition. Vers 8 h, nous reprenons la route de l’ancien aéroport pour remonter vers les villages de Nambouk et de Nambel. Le chef du village de Nambel et un dénommé René nous servent de guide. Le temps est une fois de plus à la limite de la pluie. Nous démarrons la marche d’approche de 20 min à travers une forêt assez dégradée mais dense et nous arrivons au bord d’un effondrement donnant accès à une rivière souterraine. Enfin une vraie grotte ! (grotte Amarur). Nos guides veulent nous faire faire une traversée vers l’aval. Ils ont du mal à comprendre, lorsque nous leur expliquons que nous voulons tout visiter et topographier la cavité. Comme d’habitude, Josiane commence ses prélèvements. Je démarre la topographie, vers l’amont, avec Rufino (250 m d’une belle galerie de 2 à 3 m de haut pour 1 à 2 m de large) puis vers l’aval (galerie de 8 à 10 m de haut pour 1 à 2 m de large). Nous faisons 103 visées pour 732 m de topo. Il est 15 h (TPST : 4 h). 

Toute la cavité est habitée par d’innombrables martinets (nids avec œufs et oisillons) et chauves-souris. Nous prenons congé de nos guides en fixant un nouveau rendez-vous la semaine prochaine (il y a une autre cavité). Et revenons à Luganville vers 16 h 30. Josiane trie sa récolte jusqu’à minuit.