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Nouvelles de Santo par hervé Le Guyader

On arrive à la moitié de l’expédition Santo2006. Le module marin s’est terminé récemment, l’Alis a appareillé le 23 octobre pour Nouméa, en avance sur sa programmation pour éviter la venue du cyclone Xavier. Les derniers participants à ce module sont partis le 24 octobre. Le module « Forêt, Montagne, Rivière » (FMR) est au début de sa programmation. Enfin, le module « friches et aliens » se termine et nous en faisons ci-dessous un bilan rapide.

Nouvelles de Santo2006 au 29 octobre

Module FMR

On assiste à des modifications du programme initialement prévu, comme conséquence directe du cyclone Xavier, survenu au pire moment, celui de la phase d’installation.Tous les moyens navigants se sont trouvés bloqués pendant presque unesemaine. En particulier, les voyages de l’Euphrosyne ont été gelés. Il n’y a donc actuellement à Penaoru que 3 scientifiques, Bruno Corbara, Jérôme Munzinger et Marika Tuiwawa, qui ont pu profiter d’un voyage le 19 octobre.Néanmoins, les activités scientifiques n’ont pas subi de retard. Le groupeitinérant de Ronan Kirsch qui devait être déposé sur la côte Ouest pour aller faire l’ascension du Tabwemasana a vu son programme permuté. Prévu pour aller à Butmas, au centre de l’île, en deuxième temps, ils ont été s’y installer immédiatement. Nous aurons un compte rendu de leurs activités le 29 au soir. Le deuxième groupe itinérant (Laure Desutter, Odile Poncy, Elsa Faugère) a une activité indépendante de la navigation et donc présente une programmation normale. Après avoir été sur la façade Est du Cap Cumberland, ils sont maintenant à Matantas, avec un retour sur Luganville prévu le 28. Ils collecteront alors dans les environs pendant quelques jours avant leur départ.Xavier a eu une autre conséquence malheureuse : il est directementresponsable d’un nouveau retard pour l’arrivée à Santo du matériel du camp de Penaoru et de l’Arboglisseur. A priori, tout doit être résolu pour le 2 novembre. Un cargo venant de Nouméa est prévu pour arriver en début de semaine prochaine à Luganville, et le matériel devrait être chargé sur une barge pour un acheminement vers la côte Ouest le 3 ou le 4 novembre.

Compte Rendu rapide du module « friches et aliens »

Rongeurs, Michel Pascal, Olivier Lorvelec :

15 dispositifs de piégeage ont été mis en place sur 3 sites différents et, sur chacun de ces sites, sur 3 types de milieu (milieu cultivé, milieu naturel secondarisé, écotone – ou limite entre les les deux écosystèmes précédents. Il s’est agit souvent de chemins ou de pistes). Cet effort d’échantillonnage correspond à 1800 nuits/pièges. 86 animaux ont été capturés. Les 4 rongeurs attendus ont été trouvés : Rattus rattus (le rat noir), Rattus norvegicus (le rat surmulot), Rattus exulans (le rat du pacifique) et Mus musculus (la souris domestique).Contre toute attente, le surmulot n’a pas été trouvé près de Luganville.La souris n’a été trouvée que dans les habitations et les écotones. Par ailleurs, la souris est arrivée à Butmas (centre de Santo) avec la piste qui a été ouverte récemment. On peut faire le même constat avec certains oiseaux et certaines plantes.Une tique asiatique a été prélevée en abondance sur plusieurs cochons sauvages à l’occasion de chasses, et sa nymphe a été trouvée sur le rat du Pacifique (R. exulans) Le parasite doit probablement réaliser son cycle sur les deux espèces hôtes, introduites toutes les deux par les premiers Mélanésiens.

Oiseaux, Nicolas Barré :

115 points d’écoute ont été réalisés. 39 espèces terrestres ont été observées, dont 3 introduites. Ceci correspond à 3 140 identifications réalisées.La fréquence d’observation de deux de ces espèces allochtones compte parmiles plus élevées établies . C’est ainsi que le merle des Molluques figure au 3ème rang des espèces les plus observées et le danacole au 5ème.6 espèces, dont 2 rarissimes, signalées à Santo, n’ont pas été observées.Elles sont probablement absentes.

Reptiles, Olivier Lorvelec :

La totalité de l’herpétofaune des espèces terrestres connues à ce jour a été échantillonnée, à 1 exception près. Les sites les plus anthropisés sont aussi les plus riches pour la diversité de l’herpétofaune et hébergent les populations les plus abondantes.L’escargot acatine (Acatina fulica) et son prédateur (Euglandina rosea),tous deux animaux introduits, sont présents sur tous les sites, dans tous les milieux, sauf à Butmas, au centre de l’île.

Chasse, Michel de Garine :

La pratique de la chasse à l’épieu du cochon sauvage, espèce emblématique de Vanuatu, participe à la gestion de l’espèce qui dévaste parfois le jardins mélanésiens. Sur les deux sites les plus anthropisés, les animaux marrons (retournés à l’état sauvage) comme les cochons, les bovins et les chats, sont en quantités importantes.

Insectes, Hervé Jourdan et Laurent Soldati :

27 espèces de Tenebrionidae (Coléoptères) ont été identifiées. La faune de Santo était inconnue jusqu’à présent.Avant l’expédition, 36 espèces de fourmis étaient connues à Santo. Prés de50 espèces différentes ont été isolées. Le travail de détermination nécessite le retour au laboratoire. Cependant, 15 de ces espèces sont allochtones de façon certaine. Sur ces 15 espèces, une est importante. La fourmi électrique (Wasmannia auropunctata) est un envahisseur très performant, étant donné qu’elle est « uni-coloniale », c’est-à-dire que les fourmis de cette espèce ne sont pas agressives entre elles. L’ouvrière est de petite taille (1,2 mm), de couleur orange, et sa piqûre est douloureuse. Originaire d’Amérique, elle est aujourd’hui présente dans tout le Pacifique, en particulier en Nouvelle – Calédonie, Papouasie, Australie et les îles Salomon. En 1997, elle est détectée à Vanuatu, dans l’île de Vanua Lava (Archipel des Banks). Maintenant, les îles de cet archipel sont complètement infestées, sans doute à partir des Salomon. L’équipe « Friches et Aliens » l’a détectée aux environs de Luganville, sur une surface de 1 hectare. Une éradication est possible et est actuellement envisagée.

Botanique, Marc Pignal :

250 échantillons végétaux ont été collectés, représentant environ 200 espèces. 50% d’entre elles sont des allochtones. Les milieux secondarisés du site le plus anthropisé hébergent une majorité d’espèces autochtones.Merremia peltata, la liane des forêts, espèce envahissante e agressive,se trouve dans son aire naturelle de répartition. Est-elle autochtone ou non ? Si oui, il faut envisager le fait que, peut-être, les pratiques agricoles et la gestion forestière soient à l’origine de son comportement agressif actuel.

Hervé Le Guyader et Olivier Pascal