Mission Santo
 
Actions sur le document

La Convention sur la diversité biologique : synthèse à l'usage des enseignants

Courte synthèse à propos de la Convention sur la diversité biologique et certaines de ses applications susceptibles d'intéresser les enseignants.
La Convention sur la diversité biologique :
synthèse à l’usage des enseignants

Sophie Pons – DREP – Muséum National d’Histoire Naturelle


La convention sur la diversité biologique est un texte d’engagement international, réunissant des pays, du Nord et du Sud, désireux de prendre en compte la valeur de la biodiversité dans leurs politiques nationales et d’associer leurs efforts par des coopérations internationales. Elle prend en compte différents aspects de la biodiversité : les écosystèmes, les espèces et les ressources génétiques.


I- Petit historique

La prise de conscience de la valeur que représente la diversité biologique pour les générations présentes et futures a amené en 1988 le Programme des nations Unies pour l’Environnement (PNUE) à explorer l’idée d’une convention internationale sur la biodiversité. Un groupe d’experts juridiques et techniques a élaboré le texte de cette convention avec la mission de prendre en compte la nécessité de « partager les coûts et avantages entre les pays développés et ceux en voie de développement ». Le texte fut finalement adopté en 1992 lors de la Conférence de Nairobi et la convention fut ouverte à la signature au Sommet de Rio (juin 1992) pour une durée d’un an environ. Pendant cette période, 168 états, dont la France et le Vanuatu, ont signé cette convention sur la diversité biologique. Les états concernés, désignés comme « parties » et actuellement au nombre de 188, se réunissent régulièrement pour définir une stratégie de mise en œuvre de cette convention. La première Conférence des Parties eu lieu ainsi en 1994. En mars 2006 s’est tenue au Brésil la 8ème Conférence des Parties (ou COP). Un secrétariat officiel est chargé d’organiser les conférences et d’assurer une coordination avec les autres organismes internationaux. Des missions précises peuvent également lui être confiées lors des conférences. Ce secrétariat est installé à Montréal au Canada. Le secrétaire exécutif actuel de la Convention est Ahmed Djoghlaf (Algérie). Enfin un groupe chargé d’émettre des avis scientifiques et techniques a été créé pour apporter des conseils concernant l’application de la convention : ce groupe est appelé « organe subsidiaire ». Il est constitué d’experts mandatés par les gouvernements et il est ouvert à la participation de toutes les Parties.

Site de la Convention sur la diversité biologique :  www.biodiv.org


II- Les objectifs de la Convention

Trois objectifs majeurs sont énoncés dans le texte de la convention :
    • Conservation de la diversité biologique
    • Utilisation durable des éléments de cette diversité
    • Partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques, notamment grâce à un accès satisfaisant à ces ressources et à un transfert des techniques pertinentes.
La réalisation de ces objectifs implique la prise en compte des droits des états sur les ressources et les techniques et des questions de financement.

Les Parties se sont donc engagées à mettre en œuvre cette convention dans les zones géographiques ainsi que dans les processus et les activités, dépendant de leurs juridictions nationales. Il s’agit en général pour chaque Partie d’intégrer les dispositions de la convention aux programmes nationaux. Les états signataires se sont également engagés à mettre en place des coopérations internationales.

La 6ème Conférence des parties, qui a eu lieu en avril 2002, a marqué une avancée considérable de la Convention. En effet cette conférence a adopté, avec le soutien de l’UICN (Union mondiale pour la nature), un plan stratégique poussant chaque état à une mise en œuvre, effective et cohérente, des trois objectifs de la Convention, à travers un but commun : réduire de façon significative l’érosion de la biodiversité d’ici 2010, tant au niveau global que national... Cette décision est connue sous le nom de « objectif 2010 » ou « 2010 target ». Ainsi en France ce plan est repris dans la stratégie nationale sur la biodiversité.


III- Le travail entrepris par la Conférence des Parties

La Conférence des Parties a entrepris des travaux dans sept programmes de travail thématiques, couvrant la diversité biologique marine et côtière, la diversité biologique agricole, la diversité biologique des forêts, la diversité biologique insulaire, la diversité biologique des eaux intérieures, la diversité biologique des terres arides et sub-humides et la diversité biologique des montagnes. Chacun de ces programmes établit une représentation et des principes de base pour les actions à venir, identifie les résultats potentiels et suggère un plan de mise en œuvre et des moyens pour atteindre ces résultats.  En plus de ces programmes thématiques, l’agenda de travail de la Conférence comporte des points qui touchent à des questions plus « transversales ». Par exemple, des travaux ont été entrepris dans les domaines de la prévention des risques biotechnologiques, l’accès aux ressources génétiques, les connaissances, innovations et pratiques traditionnelles, les droits de propriété intellectuelle, les indicateurs, la taxonomie, les mesures d’incitation et les espèces exotiques envahissantes ou encore l’éducation et la sensibilisation du public.

Si la Convention sur la diversité biologique nécessite encore des négociations entre les Parties pour arriver à des consensus internationaux, certains des champs d’applications de cette Convention peuvent concerner directement les enseignants, en particulier dans le domaine des échanges d’informations, de l’éducation et de la sensibilisation du public sur la diversité biologique.


IV- Faciliter l’accès, diffuser et expliquer… conséquences et ressources pour les enseignants

La gestion des informations et l’accès aux technologies variant beaucoup d’un pays à l’autre, la CDB a souhaité promouvoir une politique d’échange à l’échelle internationale. Elle a donc incité les Parties à développer un « clearing house mechanism » (CMH) ou « centre d’échange ». Les missions de ces centres d’échanges sont de promouvoir et faciliter la coopération scientifique et technique, de faciliter les échanges d’informations sur la biodiversité et de mettre en place des réseaux d’acteurs. Ainsi le centre d’échange français, mis en œuvre par le Muséum national d'histoire naturelle, est une plate-forme d’information sur les actions entreprises par la France en matière de biodiversité. Il s’inspire du principe de participation, selon lequel chacun doit pouvoir accéder aux informations relatives à l’environnement. Ce centre d’échange permet d’accéder aux rapports et décisions de la Conférence des Parties mais aussi aux stratégies françaises de mise en œuvre (Stratégie française pour la biodiversité, Charte de l’environnement…). Il permet aussi l’accès à des bases de données concernant les inventaires de la biodiversité (inventaire du patrimoine naturel, liste rouge de l’UICN sur les espèces menacées…).  De même il existe un centre d’échange au Vanuatu, consultable à l’adresse ci dessous.

Site du CMH du Vanuatu : www.biodiversity.com.vu  
Site du CMH français : www.mnhn.fr/biodiv  

L’éducation et la sensibilisation du public sont des aspects auxquels la Convention est particulièrement attachée. Un article est d’ailleurs consacré à ces questions dans le texte fondateur de la Convention (article 13) et elles sont discutées à chaque Conférence des Parties. Un des projets les plus marquants concerne la proclamation d’une journée internationale de la biodiversité, le 22 mai, faisant l’objet de manifestations nationales et internationales chaque année depuis 2002. La date du 22 mai fut choisie pour commémorer l’adoption du texte de la Convention à Nairobi le 22 mai 1992. Chacune de ces journées est l’occasion d’aborder un thème particulier. La prochaine journée internationale sur la diversité biologique (ou IBD) aura ainsi lieu le 22 mai 2007 autour du thème « biodiversité et changements climatiques ». Plusieurs actions prioritaires dans le domaine de la communication, de l’éducation et de la sensibilisation du public ont été adoptées lors de la dernière Conférence, en mars 2006 (par exemple renforcement de la place accordée à la diversité biologique dans les programmes d’éducation). La mise en œuvre incombe ensuite à chaque Partie et aura vraisemblablement un impact sur l’éducation en France. Un projet de proclamation d’une année internationale de la biodiversité a également été envisagé pour l’année 2010.