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endémisme insulaire

Présentation de quelques articles scientifiques faisant état de menaces vis-à-vis de l'endémisme insulaire et des mesures et systèmes de surveillance et de vigilance mis en place pour contrer ces menaces

L'endémisme insulaire menacé et conservé

Fascicule analysé : "Island Biodiversity INSULA Publication" (fevrier 2004)

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Titre de l'article
Résumé du contenu

"Invasive species preventions for oceanic islands"

(p.67 à 72)

Auteurs : Lloyd Loope et David A.Helweg

Les invasions biologiques, survenues par inadvertance ou intentionnellement, sont devenues une composante de la notion de changement du globe. Un fait reconnu est que les espèces invasives s'implantent plus facilement sur les îles océaniques que sur les continents, et que sur ces îles les diverses espèces natives et l'homme sont particulièrement vulnérables aux effets de l'invasion.

Divers exemples de situations rencontrées dans les îles soulignent l'occurrence et la dangerosité de l'introduction d'espèces non natives :

a) L'arbre tropical Miconia calvescens, introduit à Tahiti en 1937, a rapidement dominé la canopée et a conduit à la quasi-extinction une cinquantaine d'espèces endémiques. Il s'est également dispersé sur d'autres îl es de la Polynésie française ain si que sur l'achipel des îles Hawaï où il constitue le plus gros problème d'espèces invasives.

b) Le serpent Boriga irregularis était un serpent "ordinaire" dans ses pays d'origine : Iles Salomon, Papaouasie Nouvelle-Guinée et nord de l'Australie. Établi à Guam à l'occasion de la seconde guerre mondiale, il y a proliféré (entre 4000 et 12000 spécimens au kilomètre carré !) en consommant des oiseaux, des rats, des musaraignes et des lézards, causant ainsi la disparition de 11 espèces d'oiseaux natives du Guam. La "réussite" de cette invasion et de cette dispersion est liée au fait que Guam est le centre de nombreux transits : la forte densité de serpents et leurs habitu des nocturnes en font des candidats de choix pour une dispersion par les cargos aériens et maritimes. La présence de ce serpent dans certaines îles du Nord des Mariannes a été prouvée et toutes les îles du Pacifique sont susceptibles d'être envahies.

c) Un invasion de fourmis de l'espèce Anoplolepis gracipiles sur l'île Christmas dans l'océan indien a provoqué la disparition de crabes natifs de l'île ainsi que la dégénérescence de la canopée.

d) L'escargot Euglandina rosea, d'abord introduit à Hawaï en 1958, est responsable de la prédation d'un certains nombre d'es pèces d'escargot endémiques des îles du Pacifique, alors que son introduction avait pour but de contrôler un escargot géant Africain (Achatina fulica) qui avait lui-même gagné Hawaï en 1936.

 

Tous ces exemples illustrent la nécessité de mettre au point dans les îles des systèmes de prévention contre les invasions d'espèces, de manière à préserver la biodiversité. La maturité de ce système de prévention est inégale selon les îles :

- la Nouvelle-Zélande représente un modèle dans le domaine de la prévention : tout en connaissant des problèmes d'invasio n biologique comparables à ceux de Hawaï , elle a su mettre au point un système de quarantaine "fort" accompagnés de contrôles stricts : inspection des courriers, inspection des cargos aériens et maritimes. La présence de citoyens sensibles aux enjeux économiques et environnementaux constitue un atout supplémentaire.

- la prévention est plus difficile à mettre en oeuvre à Hawaï du fait d'une coordination complexe entre les fédérations et états des USA (dont Hawaï fait partie)

- aux îles Galapagos, l'établissement d'un système de quarantaine depuis l'an 2000 devrait permettre de réduire les futures invasion s.

- dans les PICT ("Pacific Island Countries and Territories") où la biodiversité est vulnérable en particulier à des invasions de fourmis rouges (espèce RIFA), un dispositif de quarantaine a été conclu pour 22 des îles et a été renforcé en 2002 par un dispositif de prévention contre l'introduction de nouvelles espèces terrestres et marines.

"Vanishing forests and sustainable development of an arid island

Soqotra (Yemen) : an example"

(p. 95 à 98)

Auteurs : Giuseppe Orlando et Bruno Mies

 

Localisé à l'entrée orientale du golfe d'Aden, l'archipel de Soqotra comprend une île principale, Soqotra (3 549 km²), 3 îles plus petites ( Abd Al Kuri, 162 km² ; Samhah, 45 km² et Darsa, 10 km²) et 2 rochers, Cal Farun et Hertha. Il se trouve à 100 km seulement de la Somalie. Il appartient à la ré publique du Yémen. Comme les Seychelles et Madagascar, ce sont des îles continentales. Le climat est chaud et aride.

Résultat d'un long isolement, un fort degré d'endémisme caractérise la faune et la flore. La flore de l'île comprend 850 espèces, dont 32% sont endémiques. 8 sous espèces et 10 genres sont endémiques. Soqotra est un écosystème conservé représentant un modèle pour la corne de l'Afrique et l'Afrique de l'Est. L'utilisation traditionnelle des ressources naturelles de Soqotra entre dans le cadre du développement durable.

Cette région est soumise à une intensification de la désertification à cause des activités humaines. Cela engendre une perte des habitats et un isolement des populations qui diminue la biodiversité. Une déforestation créerait une désertification et un changement irréversible des environnements nat urels. Une étude interdisciplinaire a été menée : "le projet BIOTA yéménite et allemand".

Soqotra était une des zones les plus isolées de la planète au début du 20ème siècle. En 1985, le botaniste Quentin Cronk a trouvé que l'environnement de l'île était largement épargné. La faible densité de population humaine et l'économie de subsistence des habitants avait eu peu d'impact sur l'environnement. Les gens pratiquaient traditionnellement la rotation des pâturages ; les arbres et arbustes étaient rarement abattus et les chameaux étaient périodiquement bannis des zones hyper arides. Un réseau de conseils tribaux faisait respecter ces règles. De nombreuses régions étaient b ien conservées et caractérisées par une grande diversité florisitique et faunistique : les pics granitiques centraux , des vallées et plusieurs régions côtières.

En 1999, un aéroport a été inauguré. Durant les 30 dernières années, la sécheresse s'est accrue et a réduit les ressources naturelles. La croissance de la population est importante (3% par an), de même que l'immigration. L'économie traditionnelle est obligée d'utiliser des zones fragiles pour la production de nourriture, de raccourcir les périodes de repos et de surexploiter les forêts pour le pâturage. La diminution de productivité qui a suivi, l'érosion des sols par le vent et l'eau et la d ésertification ont atteint des proportions alarmantes. Il y a des périmètres stériles de plus en plus larges a utour des zones de population.

L'amélioration des infrastructures de transport a permis aux habitants de l'intérieur de couper plus de bois et d'augmenter leurs revenus. Avec la valeur actuelle de consommation de bois et la croissance de la population, les forêts de Soqotra et leurs environnements auront disparu dans 20 ans.

L'île a été récemment déclarée réserve de biosphère de l'UNESCO. Le projet s'est localement axé sur la protection de zones et la conservation d'espèces clefs.

L'état actuel de Soqotra offre encore une chance unique de disposer de données originales sur la période précédant une colonis ation.

Pour continuer des projets comme BIOTA au Yémen, il faudrait :

- étudier les changements spatiaux et temporels des ressources forestières, la production, la vente et la consommation de bois de chauffage ;

- analyser les changements de la surface résultant de la déforestation ;

- déterminer la réponse du système rural basé sur le bois à la dégradation environnementale causées par la déforestation ;

- transmettre ces données aux décideurs locaux et traditionnels.

 

 

 

"Eco-tourism as a source of funding to control invasive species

The case of Seychelles"

(p. 99 à 102)

Auteur : John Nevill

 

Les Seychelles font partie des SIDS (Small I sland Developping States). Ce sont des lieux d'endémisme dont les caractéristiques sont : la vulnérabilité à l'invasion par d'autres espèces, d'importantes exigences en ressources humaines et en infrastructures, des ressources terrestres limitées et une balance commerciale souvent déséquilibrée. En raison de leur petite taille, ces écosystèmes offrent la possibilité d'un gestion et d'une réhabilitation globales.

Le tourisme aux Seychelles est le premier employeur. Les Seychelles ont deux îles qui tirent leurs revenus de l'écotourisme.

Les Seychelles sont reconnues comme un centre de biodiversité avec plus de 1200 espèces endémiques réparties sur une surface de 445 km² divisés en 115 îles. Le principal centre de biodiversit& eacute; est les 39 îles granitiques qui ont été séparées du contient il y a plus de 70 miilions d'années, et qui sont actuellement à plus de 1000 miles du continent.

La principale menace est l'invasion par des espèces extérieures : la cannelle, une cinquantaine de plantes grimpantes, des oiseaux, des chèvres, des cochons, des chats, des rats. Par exemple les chèvres d'Aldabra ont dénudé la végétation et privé les tortues géantes de nourriture.

Les Rats sont les pr emiers à causer des dégâts : leur intelligence, leur fécondité et leur adaptabilité en font les principaux envahisseurs. Sur le s îles granitiques, six espèces endémiques et une sous-espèces d'oiseaux sont en danger à cause des rats.

En 1995, "Bird Island" a entrepris avec succès l'éradication des rats et des lapins. En 2000, après deux ans de travaux préparatoires, le gouvernement des Seychelles a coordonné une campagne d'éradication des rats et des chats sur trois îles. Ces îles ont été sélectionnées pour leurs potentialités de réintroduction d'espèces d'oiseaux menacées. Deux de ces îles étaient priv&eac ute;es (complexes hôteliers) et ont financé leur campagne avec l'objectif d'ajouter une plus-value pour le tourisme.

Le gouvernement a facilité la campagne en entreprenant les tests préliminaires d'appâts, en allégeant les taxes sur l'importation des appâts et des équipements. Le fait d'entreprendre la campagne sur 3 îles a permis de faire des économies d'échelle. Le dépôt des appâts a été fait deux fois à 11 jours d'intervalle (trois fois sur l'une des îles en raison des mauvaises conditions météorologiques).

Deux des îles ont été réinfestées par la suite par les rats, apparemment parce que les protocoles n'ont pas été suivis correctement. La troisième, Frégate, n'a plus de rats depuis 2000. Bird island n'en a plus depuis 1995. 3 autres îles ont maintenu leur situation sans rats malgré d'importantes activités touristiques. 4 autres îles (dont les 2 qui avaientt précédemment échoué) ont récemment entrepris des campagnes d'éradication des rats. Cela montre que l'écotourisme est un marché en pleine croissance dans l'industrie du tourisme car il est la première motivation de l'éradication.

Les coûts des campagnes sont toujours élevés à cause de la taille des îles, de la topographie, de la végétation : entre 10 000 et 2 50 000 $ par île.

L'éradication des rats a permis la conservation de trois espèces d'oiseaux en danger (pie des Seychelles, "Seychelles white eye" et "Seychelles Fody") et d'Invertébrés endémiques.

 

 

"Ethnic and biological diversity within the seaflower biosphere reserve"

(p. 109 à 114)

Auteurs : Marion W. Howard, Valeria Pizarro et June Marie Mow

 

L'archipel de San Andres , Old Providence et Ketlina a été déclaré "Réserve de Biosphère SEAFLOWER" en 2000 par le programme de l'UNESCO "MAB" (Man and the Biosphere). Il est situé dans la partie Ouest des Caraïbes. C'est le seul département océanique de Colombie. Il couvre environ 350 000 km² de zone marine. Il comprend 3 îles majeures, 5 atolls au Nord et 2 atolls au Sud. Il existe deux saisons : la saison sèche, de Février à Avril, et la saison humide de Juin à Décembre, avec un mois de transition entre les deux. Il tombe 1600 mm d'eau par an.

La Corporation pour le développement durable de l'archipel, CORALINA, est l'autorité gouvernementale qui met en place les politique s environnementales. 1600 km² sont consacrés à la conservation (zone centrale), 73 900 km² sont dédiés à la conservation et à des program mes d'utilisation ayant un faible impact (zones tampons), et le reste, environ 224 500 km², est consacré au développement d'une gestion environnementale qui donne lieu à un modèle de développement durable.

a) La diversité ethnique

La Colombie a ratifié en 1994 la Convention sur la biodiversité. Selon l'Evaluation de la biodiversité globale (GBA), une étude de référence sur le thème de la biodiversité, les habitants doivent être intégrés à la r&eacut e;solution des problèmes de développement durable plutôt que d'être spectateurs. La diversité ethnique peut être comparée à la biodiversité. Le programme MAB protège la diversité biologique mais aussi ethnique. En effet, on pense que le développement durable s'obtient en combinant des solutions ethniques avec des nouvelles technologies appropriées. Des informations essentielles sur les capacités des écosystèmes peuvent être trouvées dans les connaissances collectives des cultures locales.

Le Plan d'Action pour l'Environnement de l'Amérique Latine et des Caraïbes a été adopté en 1990 par 35 pays dont la Colombie. En Amérique Latine et dans les Caraïbes il y a au moins 480 groupes ethniques remarquablement adaptés à leur environnement, qui utilisent des techniques culturales traditionnelles basées sur des connaissances précises des ressources naturelles. En Colombie, l'une des principales minorités ethniques est la population originaire de l'archipel de San Andres, Old Providence et Santa Catalina.

L'identité ethnique particulière dans les Caraïbes est le résultat de conditions environnementales particulières :

- petite surface des îles : 52 km² pour l'ensemble dont 25 pour San Andres 20 pour Providence ;

- pénurie d'eau potable ;

- fort taux de biodiversité terrestre par rapport à la petite taille des îles ;

- localisation au sud ouest du trajet des principales tornades .

Jusqu'en 1960, la société était caractérisée par :

- un niveau élevé d'auto-suffisance ;

- une structure égalitaire et démocratique ;

- pas de développement technologique ;

- une économie de subsistence basée sur l'agriculture et la pêche ;

- un système de mesure des richesses fondé sur les biens réels et non sur une monnaie ;

- une qualité de vie exceptionnellement élevée ;

- des pratiques de conservation, notamment pour la gestion des ressources en eau.

Les politiques de développement des trois dernières décennies ont causé d'importants dégâts à l'environnement et une perte de l'identité ethnique et de l'auto-suffisance. Les menaces sont les mêmes que partout dans le monde : surpopulation, urbanisation, pression croissante sur les ressources naturelles et les écosystèmes.

Cependant, ces îles pourraient servir de modèle de développement et de récupération si leur diversité ethnique et biologique pouvait être protégée et autorisée à prospérer dans les futurs plans de développement. Le s stratégies à mettre en place sont les suivantes :

- des plans de gestion pour les écosystèmes significatifs ;

- un programme d'éducation à l'environnement basé sur les réalités ethniques ;

- une autonomie locale accrue et une participation de la communauté à la conservation de l'environnement ;

- le développement de programmes permettant l'accès à des technologies alternatives ;

- une restriction de l'immigration et des constructions ;

- un plan d'utilisation du territoire basé sur l'usage traditionnel.

b) La biodiversité

Les organismes endémiques sont présents en petite quantité, ce qui les rend plus vulnérables face aux activités anthropiques. En raison du petit espace et de l'isolement de certaines îles océaniques, les scientifiques ont prédit que ces îles sont des endroits particulièrement appropriés pour la cr&e acute;ation d'espèces spécialisées.

- La flore terrestre : San Andres a une forêt résiduelle dans seulement quelques zones, le reste ayant été converti en plantations de cocotiers et en terrains pour les immigra nts. La forêt résiduelle comporte des arbres représentatifs comme Cedrela odorata, Gliricidia sepium etc. Certaines surface sont plantées de plantes ornementales et d'arbres fruitiers comme Artocarpus altilis etc.

Les îles d'Old Providence et Santa Catalina sont les seules de l'archipel avec un vrai écosystème de forêt tropicale. Ce sont des îles montagneuses venant d'un atoll d'âge Miocène (-80Ma), et qui étaient vraisemblablement reliées entre elles. Les îles sont entourée s par un récif barrière bien développé qui couvre environ 255 km² et délimite un lagon riche en herbiers. Les régions côtières ont des mangroves. La forêt compte 374 espèces réparties dans 93 familles, et 7 Ptéridophytes. 70 % des espèces sont or iginelles et 23 % ont été introduites. La forêt mature occupe 148 hectares, soit 7.2% de la surface de l'île et se trouve dans les montagnes, relativement loin des installations humaines. Ce n'est pas une forêt primaire mais elle tend vers le climax.

425 hectares ont été convertis en pâturages. Cela augmente l'érosion des sols, détruit le processus de régénération et n'est pas une source de nourriture importante pour les îles. CORALINA travaille avec environ 80 personnes qui élèvent environ 400 têtes de bétail pour devélopper des solutions durables à ces problè mes.

- La faune terrestre : il existe de nombreuses espèces originelles et endémiques de Reptiles, dont deux espèces de serpents et plusieurs espèces de lézards comme Iguana iguana, Anolis pinchoti etc. On trouve deux espèces de tortues terrestres. La seule espèce d'Amphibien est un crapaud endémique, Leptodactylus insularis. Le groupe des Reptiles inclut des groupes introduits. Certains sont devenus suffisamment abondants pour perturber la balance écologique de l'île. Il existe également plusieurs espèces de crabes terrestres : deux d'entre elles sont importantes pour leur valeur nutritive et commerciale (Gecarcinus ruricola et Cecarcinus lateralis). Ils sont répandus dans les forêts et les zones côtières. CORALINA est en train d'étudier le Crabe noir (Gecarcinus ruricola) pour assurer son utilisation durable et le protéger du trafic routier.

- Les oiseaux : 98 espèces ont été identifiées, la majorité d'entre elles étant migratrices. Seulement 18 sont résidentes, avec 2 espèces endémiques à San Andres et plusieurs sous-espèces endémiques à Old Providence.

- Les Mammifères : les seuls Mammifères terrestres sont des Chauve-Souris. Des Mammifères marins apparaissent occasionnellement , certains étant des espè ces rares.

- Les récifs coralliens : à San Andres se trouve un récif complexe fait de barrières, récifs frangeants et lagons associés. Environ 40 espèces forment le récif : Millepora spp., Porites porites etc. La mortalité du corail est forte près des activités humaines : entre 5 et 100%. A Old Providence et Santa Catalina le récif fait 32 km de long et couvre environ 255 km². C'est en taille la seconde barrière récifale de l'hémisphère ouest.

- Les mangroves : il y a 12 mangroves sur les îles de San Andres, Old Providence et Ketlina. PLusieurs ont été détruites par le développement. Cependant, une loi protège les mangroves restantes des acti vités humaines.

- Les herbiers marins : on les trouve le long du rivage des plus grandes îles. Ils sont formés de Thalassia testudinum et Syringodium filiforme. Une troisème espèce, Halodule wright se trouve autour d'Old Providence. Les herbiers sont produc tifs et en bonne santé, mais ils doivent faire face à des menaces dues à la pollution et aux activités nautiques.

- Les Poissons : 273 espèces de poissons récifaux ont été identifiés. Deux espèces sont endémiques : Gambusia aestiputeus et Hypoplectrus providencianus. D'autres espèces sont iscrites sur la liste rouge de l'IUCN, certaines comme étant vulnérables, et d'autres comme étant en dang er critique.

- Les Tortues de mer : 4 espèces utilisent les plages de l'archipel pour pondre. Chacune est inscrite dans l'appendice 1 de CITES réservé aux espèces rares ou en danger.

- Les Oiseaux de mer : 76 espèces d'oiseaux migrateurs dont 18 espèces résidentes. Parmi les espèces résidentes, 2 sont endémiques et il y a plusieurs sous-espèces endémiques. La majorité se trouve dans les mangroves et les zones côtières. Les rives nord sont d'importants lieux de nidification.

 

"The Minorca Biosphere Reserve, seeking the way towards sustainability"

(p. 115 à 122)

Auteur : Juan Rita

 

L'île des Baléares de Minorque a été déclaré "Réserve de biosphère" en 1993, malgré une grosse pression humaine due au tourisme. Elle a développé son propre concept de réserve.

Elle se place dans un contexte de demande importante d'infrastructures pour le développement touristique et de régression de l'agriculture, ce qui fait peser des menaces sur la biodiversité. Elle a u ne surface de 700 km². Son climat est plus froid et humide que les autres îles des Baléares. La population varie de 60 000 à 180 000 habitats en fonction du nombre de touristes. Elle a plus de 7% d'espèces endémiques.

Jusque dans les années 80, l'île avait une économie équilibrée basée sur la production de lait et fromage, et sur la fabrication de bijoux et de chaussures. Actuellement, le tourisme de masse basé sur le soleil et les plages de sable est la base de l'économie.

Les sites naturels sont actuellement en bon état. Le paysage rural est caractérisé par de grandes zones de pâture pour les vaches. La plus grande partie de la côte a été épargné de la destruction causée par le tourisme.

Les ressources en eau ont souffert de la pression de développement (quelques aquifères rendus salés cause du surpompage).

La gestion de l'île espagnole est décentralisée : l'île est divisée en 8 municipalités. Le gouvernement insulaire (CIM, conseil insulaire de Minorque) est responsable de la gestion de la réserve. Toutes les décisions importantes sont prises sur l'île.

Le cadre de la gestion de la réserve est le suivant :

a) inclusion de tout le territoire dans la réserve. Des zones sont définies selon leurs caractéristiques : une zone noyau, une zone tampon et une zone de transition.

- La zone noyau (Parc Natural de St Albufera des Grau) a une gestion directement bas&e acute;es sur la conservation de la biosphère.

- La zone tampon correspond à un ensemble de zones protégées par une loi autonome de 1991 sur les zones naturelles à intérêt particulier ; elle inclut les principales forêts, les dunes, les falaises et les marais salants.

- La zone de transition est le reste de l'île, constituée de terrains utilisés par l'agriculture et des zones urbaines.

b) structure de gestion simple : un bureau de la réserve de biosphère ("Biosphère Reserve Office") avec un coordinateur a été créé. Il dépend directement du gouvernement de l'île. Sa mission est de lancer des projets comme LIFE, Agenda 21, de maintenir le contact avec l'UNESCO et le réseau des réserves de biosph&egravere. Il est complété par une Commission scientifique qui étudie les projets.

c) une politique environnementale horizontale : le développement durable est introduit dans tous les domaine s de la politique gouvernementale au lieu d'être cantonné à un ministère. En 1997 a été mis en place avec les fonds de LIFE un plan pour le développement durable de Minorque. Parmi ses actions concrètes, on trouve la gestion des déchets solides de l'île, la gestion du littoral (presque 100 plages), l'élaboration d'A gendas 21 simultanément dans les 8 municipalités en 2002, la mise en place d'un programme LIFE en 2000-2004 pour la protection des espèces végétales menacées.

La protection des espèces menacées a été menée de la façon suivante : des plans ont été élaborés pour la sauvegarde de ces espèces, u ne espèce invasive (Carpobrotus sp.) a été éradiquée, l'accès au littoral a été régulée et des campagnes d'éducation ont été mises en place.

d) une planification de la gestion du territoire à l'aide d'un plan au niveau insulaire et de 6 pla ns locaux pour les zones tampons. L'objectif est de limiter l'extension des constructions touristiques et d'augmenter la surface des zones protégées.

e) participation des citoyens : la société est bien structurée avec de nombreuses associations civiques, qui permettent d'avoir des porte- paroles.

f) surveillance des programmes par un organisme indépendant : l'observatoire socio-environnemental de Minorque. Il étudie et s'exprime sur les programmes de l'île. Il utilise des indicateurs de développement durable et informe les citoyens.

g) la loi de la réserve de biosphère ("Biosphere Reserve Law") : document cadre recueillant un large consensus au sein des mouvements politiques. L'objectif est de fixer les règles du jeu entre les acteurs sociaux de l'île et de les stabiliser sur le long terme. Avant projet de loi fait en 2004 (date de l'écriture de l'article).

"Canary island biodiversity data base - A new approach to conservati on"

(p.123 à 126)

Auteur : Juan Carlos Moreno Moreno, directeur général de l'environnement au département de l'environnement du gouvernement des îles Canaries

 

 L'archipel des îles Canaries montre, en regard de sa petite surface, la plus impressionnante biodiversité jamais rencontrée dans des régions tempérées. Cette très grande richesse se manifeste par un nombre important d'espèces endémiques et par la conservation d'un certain nombre d'espèces reliques. Toutefoi s, cet héritage naturel est vulnérable: les îles sont très petites, densément peuplées et exploitées sur le plan touristique ce qui représente une menace pour la biodiversité des Canaries.

Partant de ces constats, le gouvernement des îles Canaries a élaboré un < b>projet de suivi de l'état de la biodiversité fondé sur la création d'une base de données (1999) dans laquelle sont recensées les espèces habitant les îles de l'achipel ainsi que des informations géographiques.

Les détails, intérêts et applications de cette base de données sont les suivants :

a) élaboration d'un registre officiel des espèces peuplant les îles Canaries, comportant des informations sur la position des espèces dans la classification, sur leur localisation dans les îles et sur leur statut d'espèces endémiques ou introduites. Le registre comporte deux "livres" (espèces terrest res et espèces marines) complétés dans le cas des espèces marines par un chapitre statistique (analyse de la répartition des espèces selon la profondeur, historique de la découverte des taxons et état actuel de la connaissance de chaque groupe).

b) création de rapports sur des zones géographiques précises, dans lesquels les inventaires de la faune et d e la flore sur des secteurs ou territoires sont comparés à des informations sur les territoires emmagasinées dans la banque, dans la perspective d'une étude d'impact environnemental

c) évaluation des espèces recensées permettant des révisions fréquentes de l'état de conservation des espèces apparaissant dans un catalogue des espèces en danger.

d) utilisation de l'analyse de la biodiversité comme un outil pour évaluer les menaces et les causes de la perte de biodiversité ; en particulier, la base de données sur les espèces terrestres a été utilisée pour déterminer les zones de plus grande richesse d e l'île, actuellement non protégées et comportant un nombre important d'espèces en danger.

e) réinvestissement de la même stratégie d'études pour le suivi d'autres régions (Açores, Madère, Cap Vert, et îes de Salvagem) selon deux projets approu vés par la communauté européenne : "Atlantico" (étude de la structure génétique des populations des e spèces des Canaries, création d'une base de données pour la biodiversité au CapVert) et "Centinela" ( suivi des espèces en danger, réalisation d'actions nécessaires pour contrôler les menaces, préservation des biotopes).

f) mise en oeuvre d'applications internet dédiées à la biodiversité, via le logiciel Atlantis (informations sur les différentes espèces et sur les différents secteurs des îles) associé à la visionneuse Mapa (visionneuse géographique pour consulter des informations sur n'importe quel point d'une île).

 

"The center of the center of marine shore fish biodiversity : the Philippin islands"

Revue : Environmental Biology of fishes (2005) : 467-480

Kent E. Carpenter, Victor G. Springer

 

 

De nombreuses données montrent que globalement la biodiversité marine maximale se trouve dans l'archipel formé par l'Indonésie, la Malaisie et les Philippines (IMPA). On trouve un pic de biodiversité marine dans les îles Philippines centrales et un pic secondaire entre la péninsule de Malaisie et Sumatra. La richesse en espèces décroît selon un gradient latitudinal et longitudinal à partir de ce centre.

Afin d'expliquer la remarquable biodiversité trouvée dans les IMPA, plusieurs hypothèses ont été émises :

- c'est une zone de chevauchement : les IMPA sont une zone où se rassemblent différentes faunes de différents océans ou de différentes plaques lithosphériques (plaques australienne, eurasienne et pacifique). Le carrefour entre les océans Indien et Pacifique concentrerait la diversité dans le couloir de Wallacea parce qu'il est localisé centralement. Les zones de collision entre les plaques concentreraient différentes faunes.

- c'est une zone d'accumulation (hypothèse du vortex) : les courants dominants auraient concentré les espèces dans les IMPA

- c'est une zone de refuge : en effet, cette zone comprend le plus étendu et le plus varié des habitats marins superficiels de la Terre, y compris la plus grande extension de récifs coralliens de la planète. Un principe d'écologie stipule que les régions les plus grandes contiennent en général plus d'espèces que de petites régions et que les habitats des basses latitudes tropicales ont plus dénergie disponible pour la biomasse que les latitudes plus froides. De plus, les Philippines et Wallacea ont des eaux profondes qui ont pu servir de refuge lors des baisses de niveau marin.

- c'est le point d'origine de la biodiversité : les régions de grande diversité abriteraient de nombreux événements de spéciations allopatriques. En effet, les baisses de niveau marin du Pléistocène et des mouveemnts tectoniques complexes ont isolé des portions de mer

- une combinaison des hypothèses précédentes.

Durant le Pléistocène, une série d'extinctions locales a eu lieu avec la baisse du niveau marin. Les deux habitats marins restants dans les IMPAS étaient les îles Philippines et Wallacea (zone entre la ligne de Wallace et la ligne de Lykedder). Jusqu'au milieu du Miocène, le courant sud équatorial traversait les océans Pacifique et Indien. La collision des plaques australienne et eurasienne l'a dévié entre -16 et -8 Ma et a formé la barrière équatoriale entre les deux océans. Au Miocène tardif et au Pliocène, les îles majeures de Wallacea étaient dans le passage des courants coulant d'est en ouest de l'océan Indien vers le Pacifique. Pendant l'Holocène et les moments d'augmentation du niveau marin du Pléistocène, les deux océans ont eu des échanges principalement au niveau de Wallacea.

Dans les Philippines, la prédominance d'espèces endémiques d'origine australienne et eurasienne suggère une origine prédominante depuis la plaque eurasienne. La direction des courants dominants implique que Wallacea est la région primaire d'accumulation à partir de la plaque Pacifique.

Conclusion : la diversité trouvée dans les IMPA serait due à la combinaison de plusieurs processus. Cependant le nombre très élevé d'espèces par unité de surface dans les Philippines par rapport aux autres parties des IMPA indique que la spéciation allopatrique a joué un rôle important.

Les Philippines sont le centre d'endémisme le plus menacé à cause de la dégradation de l'habitat. La concentration d'espèces endémiques pose le problème de l'extinction de masse d'espèces marines qui pourrait être comparable à celle de la forêt équatoriale du Brésil.