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Faut-il craindre le retour de la rougeole ?

Une jeune fille de 17 ans est morte Ă  Bordeaux. C’est le troisième dĂ©cès, cette annĂ©e, liĂ© Ă  cette maladie en recrudescence, dont plus de 2 500 cas ont Ă©tĂ© recensĂ©s depuis novembre.

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Publié le 16 janvier 2018 à 16h44, modifié le 18 juillet 2018 à 13h35

Temps de Lecture 4 min.

La plupart des morts sont dues aux complications de la maladie, explique l’Organisation mondiale de la santé.

Une troisième personne est morte de la rougeole en 2018 : une jeune fille de 17 ans, qui a succombĂ© Ă  des « complications neurologiques Â» au CHU de Bordeaux, a annoncĂ© vendredi 6 juillet l’agence SantĂ© publique France.

Depuis novembre, 2 567 cas de rougeole ont Ă©tĂ© recensĂ©s par la direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ©. Des cas ont Ă©tĂ© observĂ©s dans 84 dĂ©partements et oĂą aucun dĂ©partement français n’atteint le taux de couverture vaccinal de 95 %, nĂ©cessaire Ă  l’endiguement de la maladie.

La rougeole, qui touche habituellement les très jeunes enfants, concerne cette fois aussi des adultes. Le point sur l’épidémie actuelle, ses origines et la réponse des autorités sanitaires.

1. La rougeole, une fièvre très contagieuse

La rougeole a trop souvent l’image d’une maladie bĂ©nigne, alors qu’elle peut ĂŞtre très grave dans certains cas. La transmission se fait essentiellement par voie aĂ©rienne : Ă©ternuements ou persistance du virus dans l’air (le virus reste actif pendant deux heures). Le malade devient contagieux la veille de l’apparition des premiers symptĂ´mes (fièvre, fatigue, toux…) et le reste jusqu’à cinq jours après. Une personne malade peut Ă  elle seule contaminer quinze Ă  vingt personnes.

La plupart des morts sont dus aux complications de la maladie, explique l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) :

« De sĂ©rieuses complications sont plus frĂ©quentes avant l’âge de 5 ans ou chez l’adulte de plus de 30 ans. Â»

En effet, le virus peut avoir des conséquences neurologiques laissant de lourdes séquelles, comme une encéphalite (inflammation aiguë du cerveau). Il peut aussi causer des infections graves des poumons, et dans certains cas la cécité.

Au moins dix personnes sont mortes de la dernière Ă©pidĂ©mie de rougeole (2008-2012) : trois sujets vaccinables mais non vaccinĂ©s, et sept ayant des contre-indications – bĂ©bĂ©s trop jeunes, femmes enceintes ou personnes immunodĂ©ficitaires. En somme, des victimes dont la protection dĂ©pendait, de façon volontaire ou pas, de la vaccination des autres.

Rougeole : 1 500 cas de pneumopathies graves en 10 ans

Du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2017, plus de 24 500 cas de rougeole ont été déclarés en France. Dans son dernier bulletin, Santé Publique reconnaît avoir découvert 10 décès supplémentaires entre 2008 et 2014, portant le total à 21 décès en dix ans.

Or l’immunité de groupe, qui permet de protéger ces sujets vulnérables, n’est plus garantie quand la population passe sous un certain seuil de vaccination. Résultat, ces personnes ne sont plus protégées.

2. Pourquoi des gens ont arrêté de se faire vacciner

Au niveau national, le taux de la couverture vaccinale rougeole-oreillons-rubĂ©ole (ROR) Ă©tait Ă  peine au-dessus de 80 % en 2016. En fait, aucun dĂ©partement n’atteint 95 % de couverture vaccinale Ă  2 ans pour les deux doses de vaccin, rendant possible une propagation de l’épidĂ©mie Ă  toutes les rĂ©gions françaises.

Rougeole : aucun département n’a une couverture de 95 %
L’OMS recommande 95 % de couverture vaccinale pour garantir l’immunité de groupe, qui protège les personnes non vaccinées (bébés, femmes enceintes, personnes immunodéficitaires…).
Taux de couvertures vaccinales ROR (rougeole, oreillons, rubéole) à 24 mois, en 2016 (quatorze départements n'ont pas communiqué de données aux autorités sanitaires).

Cette couverture vaccinale insuffisante peut notamment s’expliquer par la controverse provoquĂ©e par une Ă©tude parue en 1998 dans la revue The Lancet par le Britannique Andrew Wakefield, faisant le lien entre le vaccin ROR et l’autisme. Alors mĂŞme que l’étude en question a Ă©tĂ© strictement contredite par tous les travaux de recherche ultĂ©rieurs, que la revue l’ayant publiĂ©e s’est rĂ©tractĂ©e, qu’elle Ă©tait gravement entachĂ©e de manquements mĂ©thodologiques (elle Ă©tait basĂ©e sur l’étude de douze patients seulement) et motivĂ©e par un financement de son auteur, l’impact mĂ©diatique qu’elle a eu sur l’opinion occidentale a alimentĂ© une mĂ©fiance qui perdure.

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La confiance dans les vaccins a Ă©tĂ© si Ă©moussĂ©e qu’en 2016, 41 % des Français interrogĂ©s estimaient que les vaccins ne sont pas sĂ»rs, un record mondial. Selon des rĂ©sultats du Baromètre santĂ©, publiĂ© en octobre, les Français sont favorables Ă  75 % Ă  la vaccination. Mais cette proportion dĂ©passait 90 % au dĂ©but des annĂ©es 2000.

3. Les autorités sortent l’artillerie lourde

La rougeole est devenue l’une des bĂŞtes noires des autoritĂ©s sanitaires françaises, qui doivent aussi affronter les campagnes antivaccins. La ministre de la santĂ© Agnès Buzyn avait dĂ©jĂ  affirmĂ©, lors d’un point presse le 5 janvier :

« Quand on prend la dĂ©cision de dĂ©sinformer l’opinion publique, qu’on fait circuler des fausses informations et que des familles hĂ©sitent et ne font pas vacciner des enfants, et que ces familles perdent un enfant de mĂ©ningite, aujourd’hui elles ne peuvent pas se retourner contre ces distilleurs de mauvaises informations. Et donc les pouvoirs publics prennent leurs responsabilitĂ©s. Â»

Dès que le diagnostic de rougeole est posĂ©, les personnes non immunisĂ©es (non vaccinĂ©es ou ayant reçu une seule dose) peuvent Ă©viter la maladie en se faisant vacciner dans les 72 heures suivant le contact, rappelle de son cĂ´tĂ© l’ARS.

Depuis le 1er janvier, quel que soit l’âge, les autoritĂ©s imposent donc une obligation vaccinale (et les enfants non vaccinĂ©s ne seront plus admis dans les crèches et les Ă©coles Ă  partir du 1er juin) :

  • une première dose du vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubĂ©ole Ă  12 mois ;
  • une seconde dose du vaccin entre 16 mois et 18 mois ;
  • pour les enfants, adolescents et adultes nĂ©s depuis 1980 et n’ayant pas reçu les deux doses prĂ©conisĂ©es, un rattrapage peut se faire Ă  n’importe quel âge.

Le nombre de cas de rougeole au plus haut depuis 6 ans

La dernière résurgence de l'épidémie de rougeole, entre 2009 et 2011, avait été résorbée en 2012.

La France n’est pas le seul pays concernĂ© par cette rĂ©surgence de la rougeole. Le Centre europĂ©en pour le contrĂ´le et la prĂ©vention des maladies recommande de vĂ©rifier sa couverture vaccinale avant de partir en vacances : plus de 3 000 cas ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s en Roumanie (dont 18 morts), 2 000 en Grèce, 1 000 en Italie et autant en Russie, pays d’accueil de la Coupe du monde de football.

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