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Informations scientifiques La protéine L’alpha-antitrypsine est une protéine plasmatique constituée par une chaîne de 394 acides aminés et de trois chaînes latérales glucidiques. Ces chaînes latérales se branchent sur la chaîne peptidique au niveau de résidus asparagine en positions 46, 83 et 247. C’est une glycoprotéine globulaire dont la masse molaire est de 52 kilodaltons ; au cours d’une électrophorèse du sérum, elle fait partie du pic des alpha1 globulines d’où le début de son nom. La concentration plasmatique d’alpha-antitrypsine est généralement comprise entre 150 et 350 mg.dl Cette protéine diffuse dans le liquide interstitiel où sa concentration est toutefois plus faible, environ le dixième de ce qu’elle est dans le plasma. Les variations de sa concentration dans le liquide interstitiel suivent celles du plasma. La demi-vie de l’alpha-antitrypsine est de 4 à 5 jours. Cette protéine est produite et sécrétée par les cellules hépatiques. Elle est synthétisée au niveau du réticulum endoplasmique granuleux des cellules hépatiques sous forme d’un précurseur de 418 acides aminés. Le peptide signal formé par les 24 premiers résidus de ce précurseur est éliminé durant le passage dans les cavités du réticulum. Là, en même temps que la protéine prend sa configuration tridimensionnelle, les trois chaînes glucidiques y sont ajoutées. La protéine ainsi glycosylée est transférée aux saccules golgiens, complétée dans sa partie glucidique, puis ensuite sécrétée (exocytose des vésicules golgiennes). On estime à 34 mg par kilo de masse corporelle la production journalière d’alpha-antitrypsine. L’alpha-antitrypsine est un inhibiteur des protéases à
sérine, protéases dont le site actif comprend la triade d’acides
aminés catalytiques : acide aspartique - histidine - sérine.
La trypsine, la chymotrypsine et l’élastase des granulocytes sont
des protéases de ce type. L’action inhibitrice de
L'alpha-antitrypsine exerce son action inhibitrice en se liant fortement et de façon quasi irréversible au site actif de l’élastase. Le site de liaison de l’alpha-antitrypsine est localisé au niveau des résidus méthionine 382 - sérine 383. La méthionine 382 peut être facilement oxydée, ce qui réduit fortement l’affinité de l’alpha-antitrypsine pour l’élastase. Il semble que la fumée de cigarette entraîne l’oxydation de la méthionine, ce qui expliquerait, au moins en partie, l’aggravation des symptômes chez le fumeur en cas de déficience en alpha-antitrypsine. Le gène et ses allèles Situé sur le chromosome 14, le gène comprend 12 200 paires de bases. Il est composé de 7 exons et 6 introns ; la région strictement codante pour la protéine se trouve au niveau des 4 derniers exons. On connaît 75 allèles dont plusieurs avec une fréquence supérieure à 1% ; ce gène est donc très polymorphique dans les populations humaines. La figure 1 renseigne sur la fréquence des allèles les plus répandus et sur les concentrations plasmatiques d’alpha-antitrypsine chez les personnes homozygotes pour chacun de ces allèles. Allèles Fréquence *
Le tableau ci-dessous indique les différences dans les séquences
de ces allèles en prenant comme
Séquence nucléique Polypeptide
Caractéristiques des allèles de l’alpha-antitrypsine. Ces allèles peuvent être regroupés en 4 ensembles : les variants normaux, les variants déficients, les variants « NULL » et les variants dysfonctionnels. Les variants normaux (M’1, M1, M2, M3) Ces allèles codent pour des molécules d’alpha-antitrypsine différentes mais également fonctionnelles et sécrétées de façon équivalente. Les concentrations plasmatiques de la protéine sont du même ordre de grandeur chez les homozygotes pour chacun de ces allèles, comprises entre 150 et 350 mg.dl-1. L’allèle le plus fréquent est M1 (Val237) ce qui signifie que le 237 e triplet code pour la valine. Les allèles variants normaux diffèrent les uns des autres par 1, 2 ou 3 substitutions de nucléotides, entraînant 1, 2 ou 3 substitutions d’acides aminés dans la protéine sans modification de ses propriétés (mutations neutres). Il existe beaucoup d’autres variants normaux que ceux présentés ici, généralement rares ou très rares ; M4, toutefois, a une fréquence comprise entre 1 et 5% dans les populations européennes. Les variants déficients Les deux seuls ayant une fréquence supérieure à 1% sont les allèles S et Z. L’allèle S code pour une protéine inhibant correctement l’activité de l’élastase, donc fonctionnelle, mais sécrétée en plus faible quantité que les protéines codées par les variants normaux. En conséquence, les homozygotes pour cet allèle ont une concentration plasmatique de l'alpha-antitrypsine comprise entre 100 et 200 mg.dl -1 . L'allèle S diffère de l’allèle M1 (Val237) par une seule substitution de nucléotide entraînant la présence de valine en position 288 à la place d’acide glutamique. Il semble que cette mutation entraîne une relative instabilité de la protéine, cause d’une “ destruction ” précoce à l’intérieur même des cellules hépatiques. Cela est à l’origine de la déficience de sécrétion. Une fois sécrétée, l’alpha-antitrypsine a une durée de vie normale. L’allèle Z code pour une protéine ayant une activité inhibitrice de l’élastase réduite ; de plus, elle est sécrétée en faible quantité de sorte que les concentrations plasmatiques chez les homozygotes Z sont comprises entre 15 et 50 mg.dl -1 . Cet allèle Z diffère de l’allèle normal M’1 (Ala237) par une seule substitution de nucléotide entraînant la présence de lysine à la place d’acide glutamique en position 366. Chez les homozygotes Z, les niveaux d'ARNm sont normaux ainsi que la traduction. Cependant, après la mise en forme des chaînes glucidiques dans le réticulum, les molécules d’alpha-antitrypsine Z s'agrègent limitant ainsi le transfert vers l'appareil de Golgi et donc la sécrétion. La structure tridimensionnelle de la protéine est affectée par la substitution. Les variants « NULL » Un homozygote pour un allèle « NULL » a une concentration plasmatique nulle d’alpha-antitrypsine. Ces allèles sont toujours rares avec une fréquence inférieure à 0,1%. Ils diffèrent des variants normaux soit par une substitution non sens (allèle Bellingham appelé NULL2 dans la banque) soit par une délétion entraînant un décalage du cadre de lecture et l’apparition prématurée d’un triplet STOP (allèle granite falls appelé NULL1 dans la banque). Les protéines codées par ces allèles sont raccourcies, très instables et rapidement détruites. Le variant dysfonctionnel Un seul allèle de ce type est connu et il a été trouvé chez un seul individu... Il diffère des allèles normaux par une substitution qui entraîne le remplacement de la méthionine du site actif de l’alpha-antitrypsine par l’arginine. Il en résulte que ce type d’alpha-antitrypsine a une activité inhibitrice de l’élastase faible, mais les concentrations plasmatiques sont normales. Les relations de dominance entre les allèles Les deux allèles présents chez un individu s’expriment indépendamment l’un de l’autre. On trouve donc dans le sang, en cas d’hétérozygotie, les deux types d’alpha-antitrypsine. Les spécialistes de ce gène disent qu’il y a codominance. Cela est vrai au niveau biochimique mais ne l’est plus au niveau macroscopique comme le montrent les phénotypes cliniques associés aux divers génotypes. Les phénotypes cliniques associés aux divers génotypes Les études épidémiologiques montrent que les concentrations plasmatiques d’alpha-antitrypsine inférieures à 80 mg.dl -1 sont associées à un risque d’emphysème pulmonaire. À ces concentrations, l’alpha-antitrypsine inhibe insuffisamment l’élastase et celle-ci détruit peu à peu le tissu conjonctif, en particulier au niveau des alvéoles pulmonaires, ce qui perturbe les échanges gazeux et entraîne l’emphysème. Les personnes possédant deux allèles « NULL » présentent les symptômes d’emphysème avant l’âge de 30 ans et ne vivent que rarement au-delà de 40 ans. Les individus de génotype ZZ (concentration plasmatique comprise entre 15 et 50 mg.dl -1 ) souffrent aussi d’emphysème mais plus tardivement et la maladie est généralement fatale vers 60 ans. Par suite des modalités d’expression des allèles, la possession d’un seul allèle normal suffit pour avoir une concentration plasmatique d’alpha-antitrypsine protectrice vis-à-vis de l’élastase et cela même si le second allèle est un allèle « NULL ». Les individus S/Z ont une concentration plasmatique à la limite de risque d’emphysème. Ce risque peut être fortement augmenté par des facteurs d’environnement comme la fumée de tabac. Évolution du gène qui code pour l'alpha-antitrypsine Bien que l'allèle M1 (Val237) soit le plus répandu dans les populations, les spécialistes s'accordent pour dire que l'allèle le plus ancien et seul présent dans les premières populations humaines est M'1 (Ala237). Ils s'appuient pour cela sur la séquence codante du gène connue chez le Chimpanzé qui est identique à celle de M'1 sauf à un site (ce qui entraîne une différence entre les protéines en position 409 : méthionine chez l'Homme, valine chez le Chimpanzé). En particulier, le codon 237 est identique dans l'allèle M'1 et chez le Chimpanzé. Si M'1 est bien l'allèle initial, tous les autres en dérivent par mutations. En appliquant le principe de parcimonie, on peut dire que deux allèles sont d'autant plus apparentés que le nombre de différences entre eux est réduit. La figure 6 montre les filiations entre allèles reconnues par les spécialistes. Utilisations pédagogiques Analyse du tableau de fréquence des allèles Après une présentation du rôle joué par l'alpha-antitrypsine dans l'organisme ainsi que celle du phénotype morbide associé à sa déficience, on peut proposer l'analyse du tableau des fréquences des allèles du gène qui code pour l'alpha-antitrypsine. Les élèves doivent discuter : • du polymorphisme du gène ;
cette discussion peut déboucher sur une classification des allèles semblable à celle indiquée dans les informations scientifiques (variants normaux, variants déficients, variants « NULL »). Recherche des différences entre les allèles Les élèves doivent comparer les séquences et noter les différences constatées dans un tableau. Une fois rempli, ce tableau doit conduire à un premier bilan des différences entre les divers allèles et l'allèle de référence : substitution d'un ou plusieurs nucléotides, délétion d'un nucléotide (NULL1). Remarque : il est indiqué de choisir comme allèle de
référence non pas M1 qui est le plus fréquent,
Recherche des conséquences des différences entre les allèles sur le polypeptide Les élèves peuvent soit se référer au code génétique, soit utiliser la fonction de conversion de séquences, et les comparer au polypeptide de référence. Les informations obtenues sont intégrées dans un tableau qui doit permettre de discuter des conséquences variables des substitutions de nucléotides sur le phénotype (distinction phénotype moléculaire, phénotype cellulaire, phénotype macroscopique ou clinique) ainsi que de dégager l'importance du décalage du cadre de lecture en cas de délétion. Analyse des relations génotype-phénotype chez les hétérozygotes Depuis la classe de seconde, les élèves connaissent
la localisation chromosomique des gènes et savent que pour les gènes
autosomaux, un individu possède deux allèles du même
gène. Le problème de la relation entre le phénotype
et le génotype chez un organisme hétérozygote peut
donc être posé. Pour le résoudre, on peut utiliser
la banque de séquences des allèles du gène de l'alpha-antitrypsine
que possèdent les individus de l'arbre ci-après.
Établissement des filiations entre les allèles du gène La discussion sur l'origine des différents allèles
du gène d'alpha-antitrypsine conduit à la notion de
Leur analyse doit les conduire à proposer un schéma
de filiation entre les différents allèles. Plusieurs
À travers ce travail, les élèves sont amenés à réfléchir sur : • le fait qu'un nouvel allèle apparaît par mutation
d'un allèle préexistant chez un individu et se
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