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à jour : 14/08/2001 14/08/2001
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Les Archaebactéries
(Rédigée par D. Pol, PRAG, Université Pierre
et Marie Curie, Paris)
Le concept d'archaebactérie (ou archéobactérie)
est relativement récent dans l'histoire de la biologie puisqu'il
date de la fin des années 1970. On a découvert à cette
époque des bactéries présentant diverses caractéristiques
originales, notamment de l'ARN ribosomal, des lipides et une architecture
membranaire et de l'ADN différents de ceux connus chez les autres
êtres vivants procaryotes et eucaryotes. Elles furent reconnues à
ce titre comme un nouveau groupe d'êtres vivants, bouleversant la
classification acceptée jusqu'alors. Nombre de ces bactéries
vivent dans des milieux extrêmes. Les bactéries les plus extrêmophiles,
notamment les halophiles, les hyperthermophiles (90-110°C) et les hyperacidophiles
(pH 1), sont toutes des archaebactéries. Cependant, tous les extrêmophiles
ne sont pas des archaebactéries et toutes les archaebactéries
ne sont pas des extrêmophiles.
L'intérêt des archaebactéries dans le cadre de
l'évolution de la vie résulte de l'hypothèse universellement
acceptée d'une origine unique des trois grands groupes d'êtres
vivants, eubactéries, archaébactéries et eucaryotes,
étayée par les travaux de phylogénie moléculaire.
Par ailleurs, on a pu penser que les conditions écologiques, en
particulier la température, étaient plus extrêmes à
l'époque où la vie est apparue sur Terre. On a aussi suggéré
que la vie aurait pu apparaître à proximité de sources
hydrothermales sous marines comme celles des rifts où l'on trouve
des archaébactéries hyperthermophiles. Le mode de vie extrêmophile
correspondrait alors aux conditions de milieu qui régnaient sur
Terre il y a 3,5 à 3,8 milliards d'années. Comme diverses
archaebactéries vivent dans l'eau bouillante ou à proximité
de sources hydrothermales sous marines et que des traces fossiles interprétées
comme des microorganismes ont été retrouvées dans
des roches volcaniques d'origine hydrothermale datées de - 3,2 Ga,
l'hypothèse séduisante que les archaebactéries seraient
les descendants d'un ancêtre qui vivait à haute température
dans des sources chaudes a été émise. Or ce point
de vue ne cadre pas, par exemple, avec l'hypothèse probable selon
laquelle les organismes à ARN ont précédé ceux
à ADN. En effet, l'ARN est beaucoup moins stable que l'ADN à
la chaleur. En outre, on retrouve des traces fossiles de cyanobactéries
dans des stromatolites datées de - 3,4 Ga et les traces de matières
organique datées de - 3,8 Ga suggèrent dès cette époque
une activité photosynthétique. Les méthodes de comparaison
moléculaire appliquées aux archaebactéries, eubactéries,
et eucaryotes aboutissent d'ailleurs à des arbres phylogénétiques
différents selon les molécules utilisées pour les
comparaisons. Même si les comparaisons moléculaires apportent
des informations sur les relations de parenté, elles n'apportent
pas de certitude quant à la généalogie. On recherche
donc toujours la véritable nature de LUCA (Last Universal Cellular
Ancestor)
Les archaebactéries, y compris certaines d'entre elles qui ne
sont pas extrêmophiles, partagent des caractéristiques moléculaires
particulières qui rendent compte de leur fonctionnement dans des
conditions extrêmes. Ces caractéristiques commencent à
être mises à profit commercialement pour obtenir industriellement
des molécules biologiques actives dans des conditions extrêmes
(enzymes des lessives, par exemple). |