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Mise
à jour : 14/08/2001
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Rédigé par Françoise Jauzein, Lycée Berthollet,
Annecy
Sources :
Nommé aussi syndrome de persistance des canaux de Müller (PMDS), pour "Persistent Müllerian Duct Syndrome", ce phénotype correspond à la présence d'un utérus et de trompes chez des individus normalement virilisés. Peu de cas sont connus, environ 150 ont été décrits dans la littérature. A la naissance, l'enfant est sans ambiguité déclaré
de sexe masculin, il possède un caryotype 46,XY.
Les anomalies anatomiques Il existe deux formes anatomiques de PMDS. Dans la grande majorité des cas (80%), le cryptorchidisme est
unilatéral et associé à une hernie inguinale contralatérale.Un
des testicules est descendu dans le scrotum et l'utérus, ainsi que
la trompe de Fallope située du même côté, sont
entrés dans le canal inguinal (ce que l'on appelle une hernie utérine
inguinale) ou peuvent y glisser facilement sous l'effet d'une légère
traction. L'utérus et la trompe de Fallope situés de l'autre
côté sont alors déplacés dans l'espace vacant.
Le testicule opposé est souvent en position de hernie inguinale,
ce que l'on nomme "ectopie testiculaire transverse" (les deux testicules
sont dans la même bourse).
Puisque, dans ce syndrome, les testicules sont étroitement attachés aux trompes, leur descente dans les bourses est liée à la mobilité de ces dérivés Müllériens. Une dégénérescence progressive du tissu testiculaire a été parfois observée. Elle est due à une torsion du testicule, en relation avec sa grande mobilité dans ce syndrome, en effet, il n'est ni attaché aux processus vaginaux, ni à la base du scrotum par le Gubernaculum. Si le cryptorchidisme n'est pas trop ancien, les testicules peuvent présenter des cellules germinales mais ils ne sont que rarement correctement connectés avec leurs canaux excréteurs . Ils ne seront donc pas fonctionnels. L'origine hormonale du syndrome La différenciation sexuelle normale est contrôlée par deux hormones testiculaires, l'hormone anti-Müllérienne et la testostérone. En absence de "signal" AMH, les canaux de Müller évoluent en utérus, trompes de Fallope et partie supérieure du vagin, alors que le manque de "signal" testostérone entraîne l'évolution des organes génitaux externes et du sinus urogénital vers un phénotype femelle Le PMDS correspondrait donc à un
défaut du signal AMH.
Les individus atteints du syndrome de persistance des canaux Müllériens ont des taux de testostérone normaux, et répondent normalement à des stimulations par l'hCG (hormone de type LH mais à durée de vie plus longue) par une augmentation de la sécrétion de testostérone. Cependant, certains d'entre eux, présentant une dégénérescence du tissu testiculaire, vraisemblablement dûe à une torsion testiculaire précoce, sont insensibles à l'hCG. Chez les garçons normaux, le taux d'AMH est détectable de la naissance à la puberté puis baisse brusquement à cete époque en raison de l'inhibition exercée sur l'expression du gène de l'AMH par la testostérone, dont le taux augmente fortement. Chez les individus atteints de PMDS, l'analyse des taux sériques d'AMH fournit des résultats hétérogènes. Dans environ la moitié des cas les taux d'AMH sont normaux pour
l'âge ou à la limite supérieure. Dans l'autre moitié,
ces taux sont très bas ou même indétectables.
La première moitié des cas correspond à des individus qui présentent une mutation des récepteurs de type II à l'AMH, ils sont appelés sujets "AMH-positifs". L'autre moitié, correspond à des sujets "AMH-négatifs". Ils présentent le plus souvent une mutation du gène de l'AMH lui-même. Cependant ce faible taux ne peut guère être interprété après la maturité sexuelle (où le taux d'AMH est physiologiquement bas) ou chez des individus présentant une dégénérescence du tissu testiculaire. Les mutations du gène de l'AMH Le gène de l'AMH a été cloné en 1986 par
R. Cate. C'est un petit gène de 2.8 kb, situé sur le chromosome
19 (19p13,3), organisé en cinq exons (l'extrémité
3' du cinquième exon, qui code pour la partie C-terminale de la
protéine, montre une nette homologie avec la super-famille des
facteurs de croissance et de transformation de type TGF-bêta, conservée
dans de nombreuses espèces).
La première mutation du gène de l'AMH a été
mise en évidence dans une famille en 1991, par un test biologique
(en absence de test ELISA à cette époque) consistant en la
mise en culture de biopsies testiculaires des trois garçons avec
des tractus de rat indifférenciés. L'absence de régression
des canaux de Müller des rats prouvant l'absence d'AMH dans les sécrétions
testiculaires humaines. Il s'agissait d'une mutation STOP située
dans le cinquième exon et entraînant la perte des derniers
178 acides aminés, incluant la portion C-terminale biologiquement
active de l'AMH.
Les mutations du gène de l'AMH sont très variées. Les plus courantes sont trois mutations STOP ( interrompant la traduction de l'ARNm), quatre petites délétions et 11 mutations faux-sens (l'une d'entre elles transformant le codont initiateur ATG en ATT). Enfin, le polymorphisme de l'AMH est important, environ 35% des allèles diffèrent de l'allèle de référence. Mutations du gène du recepteur de type II de l'AMH Le récepteur primaire, nommé type II, fixe l'AMH de façon indépendante mais nécessite la présence du récepteur de type I pour entraîner la réponse biologique de la cellule cible. Aujourd'hui, seul le récepteur de type II a été cloné, d'abord chez le rat puis le lapin. Le gène humain du récepteur de type II mesure 8.2 kb, arrangés en 11 exons, et ne subit pas d'épissage alternatif (comme c'est le cas chez le lapin où un épissage alternatif amène à un transcrit court, dépourvu d'exon 2, et donnant un récepteur incapable de lier l'AMH). Les exons 1 à 3 codent pour une partie extracellulaire du récepteur, l'exon 4, pour sa portion transmembranaire. La protéine comprend 573 acides aminés et son homologie avec d'autres récepteurs de type II de facteurs de croissance de la famille du TGF-bêta n'excède pas 33%. Ce gène est situé sur le chromosome 12 (12q13). La première mutation rencontrée dans ce gène est une substitution de G en A au niveau de l'intron 2. Elle entraîne un épissage alternatif au niveau de ce site, certains transcrits ne présentent pas l'exon 2 alors que d'autres sont légèrement plus longs que la normale car l'epissage se fait en un site positionné 12 paires de bases en aval du second intron. Cela implique le changement d'un acide aminé (Gly78 devient Asp) et l'adjonction de quatre acides aminés supplémentaires. Le transcrit court donne un récepteur inactif, comme chez le lapin, et le transcrit long donne une protéine qui reste dans le reticulum endoplasmique. Les mutations de ce gène sont très diverses, on a trouvé
trois mutations STOP, une micro-délétion et 7 mutations faux-sens.
Cependant , alors que les mutations du gène de l'AMH sont "propres"
à chaque famille, dans le cas du gène de son récepteur
II, un grand nombre de patients présente la même mutation:
une délétion de 27 bases située dans le dixième
exon, sur l'un ou les deux allèles. Le cadre de lecture du gène
reste intact mais 9 acides aminés manquent dans la région
intracellulaire de la protéine récepteur. Cette délétion
représente au total 25% des cas de PMDS, elle est facile à
détecter par la technique de PCR.
Mode de transmission du PMDS Une transmission autosomale du phénotype avait été supposée, elle a été confirmée par la localisation du gène de l'AMH sur le chromosome 19 et celui du récepteur de type II sur le chromosome 12. Les études au sein des familles montrent le plus souvent une récessivité de la transmission, tous les patients déficients en AMH présentent deux allèles mutés ainsi que la majorité de patients présentant un PMDS par défaut de récepteurs de type II. Les mutations du gène de l'hormone anti-Müllérienne se rencontrent essentiellement dans les populations arabes des régions méditerranéennes caractérisées par un fort taux de consanguinité (81% des patients sont homozygotes), par contre les patients présentant des mutations du gène du récepteur II de l'AMH sont le plus souvent originaires du nord de l'Europe, et seulement 45% sont homozygotes. Pour connaître la séquence complète
de l'AMH ou de son récepteur de type II :
puis demander "Homo sapiens anti-Mullerian hormone (AMH) , mRNA" ou "Homo sapiens anti-Mullerian hormone receptor, type II (AMHR2) mRNA" |