évaluation
des fonctions cognitives
En
l'absence de marqueurs biologiques accessibles de la maladie d'Alzheimer,
MA, (les dysfonctionnements se limitant uniquement au système
nerveux central), le diagnostic reste essentiellement clinique
du vivant du patient. Le diagnostic clinique repose sur l' histoire
de la maladie, l'interrogatoire
de l' entourage, l'exploration
neuropsychologique [
], et
l'imagerie. [
] |
|
Les troubles de la mémoire prédominent dans le tableau
clinique et leur association progressive avec des troubles du langage,
des perturbations des gestes élaborés (praxie), des
troubles de la reconnaissance (troubles gnosiques) fait penser à
la MA.
Le diagnostic se renforce au fur et à mesure que l'examinateur
objective une démence établie par des critères
cliniques et des tests neuropsychologiques et qu'il élimine
d' autres causes possibles de déclin cognitif.
A la mort du patient, l'hypothèse de la MA pourra être
validé par un examen neuropathologique du cerveau (présence
de dépôts de substance amyloïde et de neurones
en dégénérescence neurofibrillaire en abondance
dans les régions hippocampiques et corticales associatives).
1)
Dépistage d' un syndrome
démentiel débutant
par le test I.A.D.L. (Instrumental Activities of Daily Living) :
Généralement le patient consulte son médecin
de famille pour des troubles mnésiques et ou de comportement
(souvent accompagné de la personne vivant avec lui au quotidien
qui a constaté ces troubles). Le médecin
soumet le patient à un test de type I. A. D. L. fondé
sur des questions relatives aux activités pratiques de la vie
quotidienne (capacité à utiliser le téléphone,
les moyens de transport, à prendre ses médicaments et
à gérer son budget) pour savoir si le sujet présente
une démence non encore diagnostiquée ou s'il est susceptible
de la développer dans l' année. [
]
Le test I. A. D. L. est basé sur des activités de la
vie courante. Chaque grande activité ou capacité est
subdivisée en activités liées à celle-ci.
Par exemple, la capacité «utilisation du téléphone»
est subdivisée en:
-
1 je me sers du téléphone de ma propre initiative,
cherche et compose les numéros
-
2 je compose un petit nombre de numéros bien connus.
-
3 Je réponds au téléphone, mais n' appelle
pas.
-
4 je suis incapable d'utiliser le téléphone.
Dans un premier temps, l'examinateur attribue une note de 1 à
5 (1 étant une preuve d' autonomie pour cette activité
et de 2 à 5 une perte d'autonomie) basée sur les réponses
du patient et/ou en tenant compte de l' avis de la personne vivant
au quotidien avec lui.
Dans un deuxième temps, la note obtenue pour chaque activité
est simplifiée en un codage binaire 0 (si le sujet est autonome
pour une activité donnée) ou 1 (si le sujet n' est pas
autonome pour la même activité). Une moyenne de ce codage
binaire pour chaque capacité est ensuite réalisée
et les résultats sont interprétés de la manière
suivante :
-
Si
la note globale ne dépasse pas 1, alors le sujet est considéré
comme autonome pour la capacité en question.
-
Si la note globale est égale ou supérieur à
2, alors le sujet est dépendant pour la capacité
en question.
Ces résultats permettent au médecin de prendre une décision
pratique, à savoir, référer à un spécialiste
pour le diagnostic de [ ] démence
le plus rapidement possible (si pour 3 ou 4 de ces capacités
le sujet est jugé dépendant) ou bien refaire le test
l'année suivante (si pour une ou deux compétences seulement,
le sujet est jugé dépendant). Le plus souvent, les médecins
généralistes sont en relation avec un centre spécialisé
où ils peuvent recommander leur patient dans un délai
raisonnable.
EXEMPLE :
Monsieur Dupond
et son épouse viennent consulter leur généraliste,
pour des troubles mnésiques et comportementaux récents
de monsieur Dupond.
Capacité |
Activités
liées |
Codage** |
Nom |
Cotation* |
Utiliser
le téléphone |
1/4
|
Il
se sert du téléphone de sa propre initiative,
cherche et compose 5 (un petit nombre) numéros bien connus. |
0 |
Moyen
de transport |
4/5 |
Il
ne peut voyager qu'accompagné. |
1 |
Prise
de médicaments |
2/3 |
Il
est incapable de prendre ses médicaments lui-même,
à moins qu' ils ne soient préparés à
l'avance. |
1 |
Gestion
d' un budget |
1/3 |
Il
est autonome (gérer les dépenses, faire des chèques,
payer des factures). |
0 |
*Cotation :
correspond à la réalisation de la capacité sur
un nombre précis d' activités.
**codage : 0 pour autonome, 1 pour dépendant.
Dans cet exemple, deux capacités sont codées 1 parmi
les quatre (moyen de transport, prise de médicaments). Comme
la modification est survenue dans l'année, le généraliste
oriente le patient vers des spécialistes qui feront passer
une batterie de tests.
Sous cette apparente simplicité du test un problème
majeur se pose. En effet, bien souvent le médecin généraliste
attribue les troubles de mémoire à un phénomène
lié à l' âge et demande au patient de revenir
si le problème persistait alors que tout trouble de la mémoire
devrait être considéré comme pathologique et
motiver un bilan psychométrique. En effet, la phase démentiel
de la MA est précédée d' une phase « infra
- clinique » au cours de laquelle on ne trouve que des
troubles de mémoire qui peuvent, à tort, être
considérés comme banaux pour l'âge. Les tests
neuropsychologiques permettent de distinguer les troubles mnésiques
bénins, des troubles mnésiques pathologiques.
La mission des spécialistes (neurologue, gériatre, psychiatre)
est de faire subir au patient des tests neuropsychologiques
afin de construire le diagnostic, qui est, rappelons le, un diagnostic
de probabilité. Le MMSE est un test de débrouillage
et ne permet pas, à lui seul, de faire le diagnostic de MA.
L'imagerie cérébrale et la biologie ne permettent pas
de faire le diagnostic, mais sont pratiqués pour rechercher
des causes de démence « curable » (telles
que l' hématome sous-dural, la tumeur cérébrale,
l'hypothyroïdie…).
Lors de ces premiers examens, la biologie, le scanner ou l'IRM se
révèlent normaux., on ne parlera que de maladie probable,
sachant qu'après confrontation anatomopathologique, le diagnostic
est pourtant sûr à 90% ne laissant place qu' aux diagnostics
de démences vasculaires ou dégénératives
autres (maladie des corps de Levy, démences sous-corticales
[ ] ).
2)
Le Mini Mental State Examination ou MMSE
Ce test fait partie de l'évaluation neuropsychologique dont
l'objectif est double : authentifier le déclin cognitif
et caractériser les troubles. Plusieurs tests existent mais
le MMS est le plus couramment utilisé car il est simple, rapide
et universel. Le MMSE,
est une échelle basée sur un système de score
(dont la note maximale est de 30) permettant d' évaluer le
degré de gravité de l' atteinte cognitive (voir tableau
ci-dessous). Les atteintes cognitives étudiées sont
: l'orientation, l'apprentissage, l'attention et
le calcul, le rappel, le langage et les praxies
constructives. Deux ce ces atteintes, l'orientation
et le rappel, sont étroitement liées à des troubles
de la mémoire, ces derniers étant les premiers symptômes
qui dominent le tableau clinique de la MA dans la plupart des cas.
Toutefois ces troubles de mémoire ne sont pas spécifiques
de la MA et peuvent se rencontrer dans d' autres pathologies :
démence vasculaire, dépression… Le spécialiste
dispose de consignes de passation (nombre de points accordé
à chaque réponse, temps accordé pour répondre,
nombre d' essais accordé pour chaque réponse etc ...).
Le
MMS est un test psychométrique et non un instrument de diagnostic.
Du fait de sa rapidité, le MMS peut être corrélé
à des batteries d' évaluation beaucoup plus lourdes
et plus discriminantes. Il existe d' autres batteries particulièrement
intéressantes comme celle développée par Grober
et Buschke qui permet de définir le type de troubles mnésiques
(orientant vers une origine corticale, hippocampique ou sous-cortico-frontale).
3)
Le test de Grober-Buschke
L'épreuve
de Grober et Buschke est un test de mémoire épisodique
. Il consiste en l'apprentissage d'une liste de 16 mots, dont l'encodage
est contrôlé et favorisé par un indiçage
sémantique. Cette épreuve permet d'évaluer différents
processus mnésiques tels la récupération et le
stockage. A partir du profil mnésique, il est possible de faire
des hypothèses concernant les régions cérébrales
dysfonctionnelles (par exemple un trouble de la récupération
sera évocatrice d'un dysfonctionnement frontal).
Exemple