Moustiques |
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Mise
à jour : 17/04/2003
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Des chercheurs ont déterminé le génotype des moustiques
recueillis dans la région de Montpellier en ce qui concerne le gène
Ace1 et les gènes des estérases. Les graphes ci-dessous indiquent
la fréquence des différents génotypes en fonction
de la distance au bord de mer (la zone traitée aux insecticides
OP correspondant à une frange du littoral de 20 à 25 km de
large) :
A partir de ces données, les chercheurs ont calculé la
fréquence des allèles de résistance Ace1R et Ester
en fonction de la distance au bord de mer :
On peut donc constater que la fréquence des allèles de résistance est nettement supérieure dans la zone traitée et qu'elle diminue régulièrement lorsqu'on s'éloigne de cette zone. La recherche d'une explication à ces observations conduit naturellement à faire intervenir la sélection positive des moustiques porteurs d'allèles de résistance dans la zone traitée... La fréquence faible des allèles de résistance dans la zone non traitée s'explique-t-elle seulement par les cazpacités limitées des migrations des moustiques de la zone traitée vers la zone non traitée, ou bien est-elle due à un désavantage des moustiques résistants dans un milieu sans insecticide ? Des données expérimentales fournissent des éléments de réponse. Expérimentation avec la souche R92 R92 est une souche de Moustiques résistants obtenue par les chercheurs en 1992 à la suite de nombreux croisements. La résistance de la souche est due à l'allèle EsterB1 (=B1R) qui entraîne une production considérablement amplifiée de l'estérase B1. La souche est initialement homozygote pour l'allèle B1 : tous les Moustiques ont deux allèles (B1)R avec le même nombre de répétitions de B1. Les chercheurs ont divisé cette population de Moustiques de lignée pure pour EsterB1 (B1R) en deux. La première fraction a été élevée pendant 4 ans dans un milieu sans insecticide. La seconde fraction a été soumise, à chaque génération, au dernier stade larvaire, à l'action d'un insecticide OP (le temephos) à une concentration entraînant une mortalité d'au moins 80% des larves (souche SEdit). L'expérimentation permet donc de suivre l'évolution du phénotype des Moustiques initialement de même génotype, en fonction de l'environnement. En 1996, on a déterminé les courbes de mortalité des deux populations R96a (a pour absence d'insecticide)et R96i (i pour présence d'insecticide) et on les a comparées à celle de R92. Le graphe ci-dessous présente les résultats obtenus : La courbe de mortalité de R96iest décalée vers la droite par rapport à celle de R92. Cela indique que globalement, la population R96i est plus résistante que la population R92 dont elle est issue. La dose DL50 pour la souche R92 est environ 5.10-2 et pour R96i elle est environ de 2,5.10-1 ce qui donne un rapport de 5 environ. La courbe de R96a est décalée vers la gauche par rapport à celle de R92 : globalement, la population R96a est moins résistante que celle de R92. La DL50 de R96a est de 2.10-2 ce qui donne un rapport vis-à-vis de R92 de 0,4. On constate donc une sélection positive des Moustiques résistants dans la population soumise au fil des générations à l'insecticide, mais aussi une sélection en faveur d'organismes moins résistants dans la population élevée en absence d'insecticide. Cela semble indiquer un désavantage des Moustiques résistants dans le milieu sans insecticide. Une première explication de ce coût de la résistance, certes sans support expérimental, consiste à dire qu'en l'absence d'insecticide, la quantité considérable d'estérase produite l'est pour rien. Il est possible que la production d'une telle quantité de protéines, comparativement aux Moustiques sensibles, affecte d'une certaine façon la valeur sélective. Les recherches ont été poursuivies sur les souches R92
et R96a en comparant l'évolution
du génotype des deux populations. Chez quelques individus de chaque
population, on a déterminé le nombre de répétitions
de B1 dans l'allèle B1R qu'ils possédaient. Le niveau d'amplification
dans les deux populations R96a et R96i
était bien différent : une moyenne de 23 +/- 7 copies chez
R96i,
et de 11+/- 2 chez R96a. Cela indique
que dans l'histoire évolutive des deux populations de nouvelles
mutations conduisent à un polymorphisme génique avec une
sélection positive des individus porteurs d'un grand nombre de répétitions
en milieu avec insecticide et de ceux dont le niveau d'amplification est
faible dans le milieu sans insecticide. Ainsi, il y a une interaction permanente
entre innovations génétiques et environnement.
Les données de terrain et le coût de la résistance Les données récentes ont fourni des précisions
sur les facteurs susceptibles d'entraîner une sélection négative
des Moustiques résistants en milieu sans insecticide : survie hivernale
bien plus faible, prédation larvaire plus forte, charge en Wolbachia
(bactérie) plus élevée.
D'une façon générale, les femelles, qu'elles soient
sensibles ou résistantes aux insecticides OP, sont plus infectées
par la bactérie Wolbachia que les mâles et les larves.
La compétition entre allèles de résistance Le "gène ACe1RS", apparu en 1993, se répand dans la population
de Moustiques de la région de Montpellier aux dépens de l'allèle
ACe1R. La présence de la copie ACe1S ne modifie pas la résistance
fournie par ACe1R mais sa présence, tant qu'elle n'est pas inactivée
par l'insecticide, offre une activité acétylcholinestérasique
plus forte au Moustique. Le coût de la résistance est moindre,
d'où un avantage sélectif pour les Moustiques possédant
ACe1RS par rapport à ceux ayant uniquement ACe1R.
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