Mise
à jour : 14/08/2001
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Questions-réponses
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La nature du stimulus nociceptif
Questions posées à Luis Villanueva, directeur de recherche
au CNRS
La nature de la stimulation nociceptive est-elle
codée par l'activation de récepteurs nociceptifs différents
?
Comment différencie t’on une brûlure
d'une piqûre ?
Il ne fait pas de doute qu'au niveau périphérique certaines
fibres Ad et C possèdent des propriétés leur permettant
de générer et véhiculer les messages nociceptifs.
Cependant, on ne peut généraliser le concept Sherringtonien
de nocicepteur/système d'alarme sans autres commentaires.
En effet, bien que ces nocicepteurs possèdent des propriétés
physiologiques leur permettant de générer et véhiculer
les messages nociceptifs, la sensation douloureuse n'est pas strictement
déterminée par l'activation de ces seules fibres, et ceci
pour plusieurs raisons :
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d'abord parce que toute stimulation naturelle nociceptive active inévitablement
une mosaïque de récepteurs de modalités et de seuils
différents.
-
Ensuite parce que ces fibres ne présentent pas une stricte spécificité
modalitaire puisqu'elles sont activées par des stimulus thermiques
et mécaniques. Sur le plan psychophysique, des stimulus de natures
diverses peuvent générer, du moins dans certaines conditions
de laboratoire, des sensations douloureuses identiques; Par exemple, les
sujets sont souvent incapables de distinguer la nature, mécanique
ou thermique, des stimulus nociceptifs lorsqu'ils sont ponctuels.
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Enfin, l'application simultanée de stimulus froids et chauds non-douloureux
déclenchent une douleur intense chez l'individu normal (la "thermal
grill illusion ") et il existe des situations au cours desquelles la douleur
ne résulte même pas de l'activation de nocicepteurs mais de
fibres de gros calibre; Il s'agit du phénomène classique
d'allodynie. C'est le cas notamment de certaines névralgies et neuropathies
douloureuses, lorsque la douleur est déclenchée par des stimulations
naturelles aussi légères que l'attouchement d'un bout de
coton.
Ces données illustrent donc à l'évidence, qu'à
l'instar des autres modalités sensorielles, la capacité d'extraire
l'information donnant lieu à la sensation douloureuse n'est pas
monopolisée par une seule catégorie de fibres périphériques,
ni même par ses propriétés particulières de
transduction. L'activité des "nocicepteurs" n'est, sans aucun doute,
que l'un des éléments qui sera pris en compte lors du traitement
des informations au sein du système nerveux central pour déclencher
la sensation douloureuse.
La douleur, comme toute sensation, n'est pas une télécopie
dans le cerveau de ce qui se passe à la périphérie.
Ce sont les mécanismes de modulation centrale qui vont déterminer,
in fine, la qualité de la sensation douloureuse.
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