L'imagerie électromagnétique
Rédigé par M-C. Garnier et M.
Ternaux, Lycée Joliot Curie, Aubagne
Relue par : Jean-Luc ANTON, Ingénieur
de Recherche au CNRS - IRM fonctionnelle de La Timone à Marseille
Les méthodes électromagnétiques enregistrent directement
en temps réel, sur le scalp, les signaux électriques
et électromagnétiques émis par des réseaux
de neurones activés au cours de la tâche cognitive considérée
.
Ces enregistrements s'effectuent toutes les millisecondes ( la
résolution spatiale est de quelques mm3 mais la localisation précise
des sources des signaux est difficile ). Ainsi les images électromagnétiques
révèlent l'activité cérébrale en temps
réel mais ne peuvent préciser le nombre et la position des
sites actifs.
Comment sont produits les champs détectés
par ces systèmes ?
L'excitation d'un neurone entraîne l'ouverture de canaux ioniques
au niveau de sa membrane : il se crée un courant électrique
dans les milieux intra et extracellulaires.Les courants intracellulaires
( " courants sources " ou courants primaires -en noir sur le schéma
) provoquent des déplacements d'ions à l'extérieur
de la cellule ( courants secondaires- en vert sur le schéma )..
Le courant électrique engendre, dans l'espace qui l'entoure,
un champ magnétique très faible: un dixième de pico-tesla
(c'est-à-dire 1 milliard de fois plus petit que le champ magnétique
terrestre ), d'où la nécessité d'isoler les appareils
du champ magnétique terrestre et d'utiliser un blindage ( parois
en métal ), ce qui augmente le coût de cette technique.
Les dispositifs EEG et MEG n'ont pas directement accès aux courants
électriques qui circulent dans le cerveau, mais à la somme
de leurs effets à la surface de la tête ( ils représentent
l'activité de 100 000 à un million de neurones activés
en même temps, concentrés dans quelques millimètres
cubes de cortex que l'on nomme macrocolonnes ).
Chaque macrocolonne se comporte comme un dipôle électrique
dont la direction moyenne est celle des dendrites de cette macrocolonne.
Une disposition des dipôles crée en tous points de l'espace
un champ électromagnétique caractérisé par
son potentiel électrique et son champ magnétique, qui sont
les signaux enregistrés respectivement
en EEG et en MEG.
Comment distinguer les sites activés
par la tâche étudiée des sites activés par d'autres
tâches ?
La technique la plus couramment utilisée est celle du moyennage
des
tracés EEG et MEG : en additionnant les tracés obtenus lors
de la répétition d'un même stimulus dans la même
tâche, on espère faire ressortir les composantes spécifiques,
qualifiées de réponses évoquées, de l'activité
cérébrale étudiée : par exemple, une stimulation
externe comme la perception d'une image ou une stimulation interne comme
le mouvement volontaire d'un doigt est répétée un
grand nombre de fois ( plus de 100 fois ) et les signaux enregistrés
sont ensuite moyennés.
Expérience de champs évoqués moteurs en MEG
a: Superposition des 151 signaux moyennés évoqués
par le mouvement d'extension de l'index de la main droite. Les courbes
bleue et rouge correspondent au maximum de flux de champ magnétique
sortant et entrant dans la tête.
b : Développement sur un plan de la carte de
champ magnétique 108 ms après le déclenchement du
mouvement. Les tons bleus et rouges correspondent aux flux de champ magnétique
sortant et entrant dans la tête. L'activité principale est
située sur l'hémisphère gauche, ce qui est compatible
avec un mouvement réalisé par l'index droit.
Pour appliquer cette méthode, on doit admettre que les réactions
cérébrales sont reproductibles d'un essai à l'autre
et également d'un sujet à l'autre. Actuellement de nombreux
neurobiologistes pensent que, durant une tâche cognitive, des assemblées
de neurones sont activées et que leurs décharges sont
synchronisées.
Par conséquent, en relevant sur les enregistrements
EEG et MEG les aires du cerveau dont les signaux se synchronisent au cours
d'une tâche, il serait possible d'identifier les régionsqui
sont associées à cette tâche, sans recourir au moyennage.
Recueil des signaux d'EEG et de MEG
L'EEG demande un équipement plutôt
léger : le détecteur est une électrode , formée
par une cupule métallique de quelques millimètres, fixée
sur le scalp, et qui enregistre les variations du potentiel électrique
au point de fixation. Pour pouvoir localiser les générateurs,
un minimum de 32 électrodes est nécessaire. Les variations
de potentiel électrique, de l'ordre de quelques millivolts, sont
mesurées toutes les millisecondes.
Dispositif expérimental d'électroencéphalographie
En MEG, le détecteur unitaire est un bobinage de fil métallique
conducteur ; le magnétomètre, dans lequel les variations
de champ magnétique induisent un courant. Les variations du champ
magnétique induites par l'activité cérébrale
sont infinitésimales ( de l'ordre du femto-tesla, soit 1milliard
de fois plus faible que le champ magnétique terrestre ! ).
Les mesures ne sont possibles que si le bobinage est refroidi à
très basse température et si l'appareillage avec le sujet
est placé dans une chambre blindée.
Vue d'ensemble d'une installation MEG et modèle
plastique de l'organisation des détecteurs par rapport à
la tête du sujet
Dans un cas comme dans l'autre , les cadences d'échantillonage
temporel sont de l'ordre de la milliseconde.
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