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Mise
à jour : 14/08/2001
Glossaire Histoire Téléchargements Détermination hiérarchisée du sexe chez les mammifères |
CHEZ LES MAMMIFERES Rédigée par Françoise Jauzein, Lycée
Berthollet, Annecy
Depuis les travaux de Jost, dans les années 40, on sait que l'ablation des gonades d'un foetus de mammifère sexuellement indifférencié entraîne un développement femelle, aussi bien au niveau du tractus interne que des organes génitaux externes, et ceci, quelque soit son sexe génétique. Ainsi, la détermination du sexe est équivalente à la détermination des testicules. Le fait que la détermination des testicules dépende de
la présence d'un chromosome Y est connu depuis le début des
années 60, et a été déduit de l'observation
d'anomalies chromosomiques: des humains 45,XO (Turner) ou des souris XO
ne montrent pas de développement de tissu testiculaire. De plus,
un caryotype humain 47,XXY (Klinefelter) entraîne un phénotype
mâle. Ceci prouve que, chez les mammifères, la détermination
des testicules dépend de la présence d'un chromosome Y et
non du nombre de chromosome X.
LE DETERMINANT TESTICULAIRE : SRY L'identification de TDF a été réalisée en
1989, grâce à l'étude d'individus humains dont le sexe
phénotypique est en discordance avec le sexe chromosomique; hommes
possédant deux X (46,XX) ou femmes possédant un X et un Y
(46,XY).
-ce gène est conservé sur le chromosome Y de nombreuses espèces de mammifères; - la protéine déduite du gène SRY possède un domaine permettant sa liaison à l'ADN. Ce domaine, homologue à celui des protéines du HMG (high mobility group) définit une nouvelle famille de gènes appelé SOX (SRY-related HMG-box) qui interviennent dans de nombreux processus de développement; -la chronologie de l'expression de ce gène coïncide avec la période de détermination du sexe, il s'exprime chez la souris de 10,5 à 12 jours post coïtum, spécifiquement dans les cellules somatiques de la crête génitale mâle, ce qui correspond aux jours qui précèdent la détermination testiculaire. On trouve des transcrits (ARNm) de ce gène dans le testicule adulte murin et humain; -des individus qui développent un phénotype femelle malgré la présence d'un Y (46,XY) présentent une mutation dans le gène SRY, le rendant non fonctionnel; -enfin la meilleure démonstration fut obtenue par transgénèse chez la souris; l'introduction d'un fragment de 14Kb d'ADN contenant le gène Sry (en minuscule = murin), dans une souris femelle XX, entraîne le développement de testicules, ce qui suggère que c'est le seul gène du chromosome Y impliqué dans la détermination testiculaire. SRY est donc responsable de l'établissement du sexe gonadique, c'est le TDF tant attendu! Période d'expression et mode d'action de SRY Chez la souris, la transcription de Sry pendant la vie foetale est limitée
à la période de formation des crêtes génitales
entre 10,5 et 12,5 jpc (jours post coïtum). Les premières cellules
dans lesquelles ce gène s'exprime sont les précurseurs des
cellules de Sertoli. Ceci permet, juste avant la formation des cordons
séminifères, d'entraîner la différenciation
des cellules de soutien vers la voie mâle.
La protéine SRY humaine se compose de 204 acides aminés.
Elle se lie spécifiquement, par son domaine HMG renfermant environ
80 acides aminés, à l'ADN bicaténaire portant la séquence
5'A/TAACAAA/T 3'. Après fixation de cette protéine, la molécule
d'ADN subit une courbure de 70 à 80° dans la direction du grand
sillon. Cela pourrait permettre le rapprochement et l'interaction entre
des facteurs de transcription fixés sur le ou les gènes cibles
de SRY, dont les sites de liaison sont éloignés les uns des
autres.
Ainsi le sexe génétique
est déterminé à la fécondation, selon
le chromosome sexuel apporté par le spermatozoïde. L'établissement
du sexe gonadique est sous contrôle génétique
et dépend de la présence du gène SRY.
LES AUTRES GENES DE LA CASCADE
Le gène WT1 Ce gène, localisé sur le bras long du chromosome 11, mesure
50kb et comprend 10 exons. Il code pour différentes isoformes protéiques
(selon l'épissage et le processus d'édition de l'ARN), dont
un facteur de transcription se liant à l'ADN par des domaines en
doigt de Zinc.
Il existe différents phénotypes sexuels associés à des mutations du gène WT1. Le syndrome de Denys-Drash qui touche des enfants en bas âge, des deux sexes, associe une insuffisance rénale aigüe, un néphroblastome (tumeur de Wilms, 1/20 000 enfant) et, chez la plupart des individus XY concernés, une dysgénésie gonadique avec ambiguité génitale. Le syndrome de Frasier, lui, se caractérise par une néphropathie à évolution lente et une dysgénésie gonadique qui entraîne, chez les individus XY, un phénotype complètement féminin. Le gène WT1 semble nécessaire à double dose (deux
allèles normaux) pour la détermination du testicule, alors
que le développement de l'ovaire peut se faire en présence
d'un seul allèle normal.
Le gène SOX9 Il appartient à la famille des gènes SOX, puisqu'il code
pour une protéine (509 acides aminés) possédant un
domaine de fixation à l'ADN de type HMG présentant une forte
homologie (71% des aminoacides) avec celui de la protéine SRY. De
plus sa protéine possède (dans sa partie C-terminale) un
domaine impliqué dans l'activation de la transcription.
Ce gène s'exprime dans les crêtes génitales des
souris des deux sexes. Ensuite, son expression augmente chez le mâle
dans les cellules de Sertoli au cours de la différenciation testiculaire
tandis qu'elle diminue dans l'ébauche ovarienne de la femelle, confirmant
ainsi son implication dans la différenciation gonadique mâle.
Des expériences in vivo sur des souris transgéniques ont
montré que la protéine SOX9 est indispensable à la
transcription de l'AMH. Dans les gonades foetales de mammifères,
l'expression de l'AMH se produit en effet après celle de SOX9. Cependant
dans d'autres taxons (poulet, certains reptiles), elle la précède.
Ainsi, la protéine SOX9 ne déclenche pas la lecture du gène
de l'AMH mais pourrait être responsable de l'élévation
de son expression dans le testicule foetal des vertébrés.
Le gène DAX1 Dans l'espèce humaine, la duplication d'une région du chromosome X, localisée sur le bras court (Xp), entraîne le développement d'un phénotype féminin, avec dysgénésie gonadique, chez des individus de caryotype 46/XY. Cette région, de 160Kb, a été appelée DSS (Dosage Sensitive Sex-reversal) car elle contient au moins un gène capable, à double dose (deux allèles) d'inhiber la différenciation testiculaire. On a isolé un gène, DAX1, situé dans cette région et codant pour une protéine de 470 acides aminés présentant deux caractéristiques: sa partie C-terminale est similaire aux domaines de liaison du ligand des récepteurs nucléaires et sa partie N-terminale correspond à un nouveau type de domaine capable de se lier à l'ADN. L'expression de ce gène présente, chez la souris, de grandes similitudes avec celles du gène sf1 ( en minuscules pour le gène murin) et il semble clair que ces deux facteurs soient impliqués dans le contrôle de la fonction de reproduction aux niveaux hypothalamo-hypophysaire et gonadique. Cette expression a été mise en évidence dans les crêtes génitales (et d'autres tissus: surrénales, hypothalamus et hypophyse) de souris des deux sexes, mais, si elle décroît ensuite dans les gonades mâles, elle se maintient chez les femelles, ce qui fait de ce gène un bon candidat à la fonction d'inversion sexuelle décelée dans la zone DSS. Chez la souris, des lignées transgéniques surexprimant DAX1 (jusqu'à 5 fois la dose normale) ont été créées, et montrent effectivement un effet sur la différenciation testiculaire qui est alors retardée (mais pas empêchée). Chez l'homme des mutations du gène DAX1 sont responsables d'hypogonadotrophie. Le gène SF1 Ce gène, localisé, chez l'homme, sur le bras long du chromosome
9 (9q), code pour une protéine appelée SF1, pour Stéroidogenic
Factor 1.
Le gène de l'AMH Il est localisé, dans l'espèce humaine, sur le chromosome
19. L'AMH (hormone anti-Müllérienne)
présente,
dans sa partie C-terminale qui doit être clivée au niveau
de la cellule cible pour devenir bio-active, une nette homologie avec certains
facteurs de croissance de la famille du TGF-bêta.
CONTROLE MULTIFACTORIEL DU GENE DE L'AMH Vu l'influence de l'AMH dans la différenciation somatique, c'est le gène de cette hormone qui, par la régulation de son expression, va être responsable de l'engagement du tractus génital vers une voie mâle ou femelle. Chez l'homme, le facteur SF1 régule la transcription de l'hormone anti-Müllérienne, mais SF1 n'agit pas seul, il fait partie d'un complexe de plusieurs facteurs de transcription, associant en particulier SOX9 et DAX1. De plus, l'une des isoformes protéiques du gène WT1 agit en synergie avec SF1 pour activer la transcription du gène de l'AMH. Il a été montré, in vivo, chez la souris, que des mutations dans les sites de fixation des protéines SOX9 et SF1, présents dans le promoteur du gène de l'AMH, entraînaient une modification de son expression. Chez cette espèce, Sox9 contrôle l'initiation de la transcription de ce gène et Sf1 le niveau de transcrits produits. De plus, par des expériences de liaison protéique, on
a montré que les facteurs SOX9 et SF1 (humains) interagissent directement
l'un avec l'autre, SOX9 par son domaine de liaison à l'ADN, et SF1
par sa région terminale.
Ainsi, chez les femelles, un taux élevé de facteur DAX1
(ayant deux chromosomes X, elles possèdent ce gène en deux
exemplaires) inhiberait l'action de SF1 sur le promoteur du gène
de l'AMH. Ce gène ne serait donc pas transcrit.
BILAN DES CONNAISSANCES ACTUELLES
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