La pêche électrique
La mission Santo 2006 a été, pour l’équipe rivière, l’occasion de faire un inventaire des poissons et des crustacés décapodes dulçaquicoles de l’île de Santo.
L’équipe rivière a été itinérante afin de prospecter, en trois semaines, le plus de rivières possible à des sites différents, et d’avoir une vision plus étendue de la faune des cours d’eau.
Avant de pouvoir donner les premiers résultats de la mission, il semble important d’expliquer la technique d’échantillonnage utilisée.
Il s’agit de la pêche à l’électricité qui se pratique à l’aide d’un appareil portatif appelé « Martin-pêcheur ». C’est un appareil autonome fonctionnant sur batterie. Le principe de la pêche électrique est de créer un champ électrique dans l’eau entre les deux électrodes (la cathode et l’anode) qui va agir sur les poissons. L'appareil est mis en route lorsque le pêcheur appuie sur l'interrupteur se trouvant sur le manche de l'anode.
Description de l’appareil de pêche électrique. |
Le champ électrique créé autour de l’anode est actif sur une zone d’environ 1,50 à 2 mètres, c’est la zone dite « attractive » ou « efficace ». Les poissons qui vont se trouver dans cette zone vont réagir face à ce courant électrique. En effet, le poisson possède un système nerveux composé d’un système nerveux central (le cerveau), d’une voie sensitive (qui permet au poisson d’avoir des sensations) et d’une voie motrice (qui commande au poisson de bouger en fonction de ce qu’il ressent par la voie sensitive). Or, les messages nerveux qui transitent dans ce système nerveux sont des flux électriques qui sont modifiables par la pêche électrique. Par la pêche, le poisson est d’abord inhibé (il s’arrête de nager), puis la voie motrice est excitée, et le poisson subit une nage forcée en direction de l’anode.
La réaction du poisson dépend de :
(1) La distance à laquelle le poisson se trouve par rapport à l’anode
(2) La position du poisson par rapport à l’anode, l’efficacité est plus grande si le poisson a la tête orientée vers l’anode.
(3) La taille du poisson, en effet, plus le poisson est long, plus les fibres nerveuses sont longues et susceptibles de réagir.
(4) L’espèce, selon la forme du poisson (allongée ou ronde), la répartition des volumes (tête allongée ou plate), son habitat (benthique ou pélagique), ses réactions à l’électricité seront différentes.
(5) La conductivité de l’eau.
La pêche électrique se pratique à pied, en remontant les rivières de façon à ce que l’eau reste claire devant le pêcheur. En général, ce type de pêche se pratique dans des zones où l’eau est peu profonde et courante. Au moins trois personnes sont nécessaires, l’une d’entre elles porte l’appareil de pêche, les autres se tiennent en aval du pêcheur avec des épuisettes. Le pêcheur perturbe les animaux grâce à l’électricité et ces derniers sont ramenés jusqu’aux épuisettes par le courant (voir film - avec real player).
Les espèces capturées sont ensuite identifiées, elles peuvent être mesurées et pesées. Dans certains cas, un morceau de tissu peut-être prélevé, comme un morceau de nageoire, pour des études génétiques ultérieures. Les poissons sont ensuite remis à l’eau.
En effectuant plusieurs passages sur un même secteur de rivière, il est possible de connaître la totalité des espèces présentes. Cette méthodologie présente certains avantages :
- Elle permet la prospection de nombreux habitats différents sur un même site (berges, dalles, sable, vase…)
- Sa mise en œuvre est optimale avec un nombre restreint de personnes mobilisées.
- Elle permet un échantillonnage efficace de nombreux sites en un temps réduit.
Les crustacés décapodes ressentent l’électricité comme un danger et adoptent un comportement de fuite, ils nagent alors en marche arrière et fuient en général dans l’épuisette.
Cette technique d’échantillonnage par pêche à l’électricité est sans danger pour les populations dulçaquicoles. Grâce à elle, l’équipe rivière a pu dresser un inventaire de ces populations dans certaines zones de l’île de Santo.