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Nouvelles espèces, notion d'espèce

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Nouvelles espèces, notion d'espèce

Posted by bbenard at November 23. 2006


Bonjour,


Nous sommes heureux de lire "nouvelles espèces" dans différents messages du podcast Santo2006.

Mais... est-ce que nous parlons bien de découverte biologique ou de découverte pour l'île de Santo (espèces connues non encore répertoriées sur l'île) ?

Et si c'est bien une nouvelle espèce biologique (c'est sans doute cela ;) comment peut-on être si sûr si rapidement après l'échantillonage  ? Quand n'est-il des variants dans une espèce, ne peut-on se tromper facilement ?

Nos élèves de collège apprennent que l'on prend en compte le critère de reproduction pour définir une espèce. Est-il tant utilisé que cela ?

  Merci,

bbenard

Re: Nouvelles espèces, notion d'espèce

Posted by sarah at December 03. 2006
Bonjour
Quand nous parlons d'espèces nouvelles, nous parlons bien d'espèces nouvelles pour la science. Parmi les spécimens récoltés à Santo, les chercheurs – spécialistes des groupes concernés – sont capables de reconnaître ceux appartenant à des espèces déjà connues décrites et nommées. Ces espèces sont ajoutées à l'inventaire de Santo ; leur découverte à Santo nous permet de mieux connaître ces espèces par exemple en précisant l’étendue de leur distribution géographique, les habitats dans lesquels elles se trouvent, les organismes avec qui elles sont associées etc.… Les autres spécimens que les chercheurs ne sont pas capables d’attribuer à des espèces connues appartiennent donc potentiellement à des espèces nouvelles. Sur le terrain, le spécialiste du groupe d’organismes en question, en se basant sur les spécimens qu’il vient de récolter sur le terrain et grâce à son savoir taxonomique peut faire des propositions de nouvelles espèces. A ce stade, ces propositions sont préliminaires et demanderont au retour au laboratoire d’être étayées par des observations supplémentaires qui ne peuvent pas être mises en œuvre sur le terrain ainsi qu’à être confrontées à la littérature taxonomique.
La seconde partie de la question concerne la définition de l’espèce. C’est une vaste question qui continue de faire débat au sein des biologistes. On peut cependant donner une vision relativement consensuelle de la question. L’espèce pour les biologistes est l’unité de base du décompte de la biodiversité et une unité évolutive. Les espèces sont des ensembles d’individus qui se reproduisent entre eux. La première conséquence est celle qui a été perçue depuis bien longtemps par les biologistes : la communauté de descendance explique la ressemblance des individus d’une même espèce. La seconde conséquence est que les processus évolutifs – tels que la sélection naturelle et la dérive génétique – qui agissent sur les individus vont se répercuter sur l’ensemble des individus qui sont en relier « généalogiquement » via la reproduction. Les individus d’une même espèce partagent donc une histoire évolutive.
Le critère de reproduction est donc central dans la notion d’espèce mais dans la pratique, ce sont les conséquences de la communauté de reproduction que l’on utilise pour les délimiter. Les critères de ressemblance sont ceux utilisés en première approche (pour poser des hypothèses dites primaires). Cependant ces critères conduisent parfois à des hypothèses erronées. Un exemple classique étant le dimorphisme sexuel qui peut conduire à plus de différences morphologiques entre les individus de même espèce mais de sexe opposé qu’entre deux individus de même sexe appartenant à deux espèces proches. Le critère phylogénétique (conséquence de l’histoire évolutive commune) et le critère d’inter-fertilité sont utilisés pour tester ces hypothèses primaires. Ces tests permettent de reconnaître certains caractères comme mauvais dans l’approche primaire. Ainsi dans un groupe taxonomique donné, l’expérience du taxonomiste lui permet d’éviter de tomber dans ces pièges.
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