Mise
à jour : 10/03/2005
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Conception :
M. Barrère |
La famille
multigénique des globines
( Jacques Barrère,Lycée Paul
Louis Courier, Tours)
Présentation des
gènes des globines
Toutes les hémoglobines humaines sont constituées de quatre
chaînes polypeptidiques deux à deux identiques.
Avant la naissance, les hématies du fœtus contiennent de l'hémoglobine
fœtale constituée de deux chaînes a
et de deux chaînes g. Après la
naissance, les hématies contiennent de l'hémoglobine adulte
A, très largement majoritaire (97%), de l'hémoglobine D (2%)
et de l'hémoglobine F (environ 1%). L'hémoglobine A est constituée
de deux chaînes a et de deux chaînes
b.
L'hémoglobine D est constituée de deux chaînes a
et de deux chaînes
d.
Les hémoglobines F, A et D assurent le transport du dioxygène,
de la surface respiratoire (placenta pour le fœtus, alvéoles pulmonaires
après la naissance) jusqu'aux cellules.
La localisation des gènes de l'hémoglobine : The
human genome of NCBI.
Les gènes de type alpha sont regroupés sur un chromosome
(le chromosome numéro 16), les gènes de type bêta sur
un autre(le chromosome numéro 11) .
-
Dans le groupe alpha, le gène qui code pour la chaîne embryonnaire
zêta z précède les deux
gènes des chaînes a qui sont des
composants des hémoglobines foetales et des hémoglobines
adultes.
-
Dans le groupe bêta, le gène de la chaîne embryonnaire
epsilon e est suivi par les deux gènes
des chaînes foetales g puis par les deux
gènes des chaînes adultes d et
b.
La séquence des gènes de la globine humaine le long des chromosomes
correspond à l'ordre dans lequel ils sont exprimés au cours
du développement.
|
Cartes de la famille des gènes codant les chaînes de type
a
et b de l'hémoglobine humaine.
Les gènes embryonnaires sont représentés
en bleu, les gènes foetaux en vert,
les gènes adultes en jaune et les pseudogènes en rouge:
-
Sur le chromosome 16, on trouve de gauche à droite les gènes
z
en
bleu,
fz
et fa1 en
rouge et a2
puis a1
en jaune;
-
Sur le chromosome 11, on trouve de gauche à droite les gènes
e
en bleu,
Gg
et Ag en
vert, fb
en rouge, d
et b en
jaune.
|
Les gènes des globines
forment une famille multigénique
Les globines humaines présentent de nombreuses
similitudes : leurs propriétés et leurs structures se ressemblent
Les globines sont toutes impliquées dans le transport ou le stockage
du dioxygène.
Chaque molécule d'hémoglobine est un tétramère
formé par l'association de quatre chaînes polypeptidiques
identiques deux à deux. Chaque chaîne adopte une conformation
spatiale lui donnant une forme globuleuse et ménageant une "poche"
superficielle dans laquelle se trouve logé le hème. Chaque
globine présente sept ou huit secteurs en forme d'hélice
droite reliés par des segments comportant parfois des coudes (voir
animation présentant la structure d'une globine bêta)
Les premier et dernier acides aminés sont notés AA1 et
AAn,
GH désigne le segment de liaison entre les hélices G
et H.
|
Les chaînes alpha et bêta présentent des structures
tertiaires assez similaires. |
Toutes les globines humaines, globines a, b, z,
gG,
gA,
e
ou
m,
présentent des structures qui se ressemblent : de telles similitudes
confortent l'idée d'une origine commune (Illustrations ci-dessous
réalisées avec le logiciel Rastop)..
Les globines humaines sont des molécules homologues,
leurs gènes appartiennent à une famille de gènes,
la famille des globines
Les séquences nucléotidiques ou les séquences peptidiques
des globines humaines présentent un degré de similitude qui
ne peut être dû au hasard. Les globines sont donc des protéines
homologues ainsi que les gènes qui les codent. Tous ces gènes
dérivent d'un même gène ancestral.
Les gènes des globines forment donc une famille multigénique.
Séquences
peptidiques des globines humaines
Alignement réalisé
avec CLUSTAL W (1.81) multiple sequence alignment
Fichier data/glob_pro.aln
Beta.pro
MVHLTPEEKSAVTALWGKVN--VDEVGGEALGRLLVVYPWTQRFFESFGDLSTPDAVMGN
Delta.pro
MVHLTPEEKTAVNALWGKVN--VDAVGGEALGRLLVVYPWTQRFFESFGDLSSPDAVMGN
gammaG.pro
MGHFTEEDKATITSLWGKVN--VEDAGGETLGRLLVVYPWTQRFFDSFGNLSSASAIMGN
gammaA.pro
MGHFTEEDKATITSLWGKVN--VEDAGGETLGRLLVVYPWTQRFFDSFGNLSSASAIMGN
Epsilon.pro
MVHFTAEEKAAVTSLWSKMN--VEEAGGEALGRLLVVYPWTQRFFDSFGNLSSPSAILGN
Alpha1.pro
-MVLSPADKTNVKAAWGKVGAHAGEYGAEALERMFLSFPTTKTYFPHF-DLSH-----GS
Alpha2.pro
-MVLSPADKTNVKAAWGKVGAHAGEYGAEALERMFLSFPTTKTYFPHF-DLSH-----GS
Theta.pro
-MALSAEDRALVRALWKKLGSNVGVYTTEALERTFLAFPATKTYFSHL-DLSP-----GS
Zeta.pro
-MSLTKTERTIIVSMWAKISTQADTIGTETLERLFLSHPQTKTYFPHF-DLHP-----GS
Myoglob.pro
-MGLSDGEWQLVLNVWGKVEADIPGHGQEVLIRLFKGHPETLEKFDKFKHLKSEDEMKAS
:: : : * *: :
*.* * : .* * * : .*
..
Beta.pro
PKVKAHGKKVLGAFSDGLAHLDNLKGTFATLSELHCDKLHVDPENFRLLGNVLVCVLAHH
Delta.pro
PKVKAHGKKVLGAFSDGLAHLDNLKGTFSQLSELHCDKLHVDPENFRLLGNVLVCVLARN
gammaG.pro
PKVKAHGKKVLTSLGDAIKHLDDLKGTFAQLSELHCDKLHVDPENFKLLGNVLVTVLAIH
gammaA.pro
PKVKAHGKKVLTSLGDAIKHLDDLKGTFAQLSELHCDKLHVDPENFKLLGNVLVTVLAIH
Epsilon.pro
PKVKAHGKKVLTSFGDAIKNMDNLKPAFAKLSELHCDKLHVDPENFKLLGNVMVIILATH
Alpha1.pro
AQVKGHGKKVADALTNAVAHVDDMPNALSALSDLHAHKLRVDPVNFKLLSHCLLVTLAAH
Alpha2.pro
AQVKGHGKKVADALTNAVAHVDDMPNALSALSDLHAHKLRVDPVNFKLLSHCLLVTLAAH
Theta.pro
SQVRAHGQKVADALSLAVERLDDLPHALSALSHLHACQLRVDPASFQLLGHCLLVTLARH
Zeta.pro
AQLRAHGSKVVAAVGDAVKSIDDIGGALSKLSELHAYILRVDPVNFKLLSHCLLVTLAAR
Myoglob.pro
EDLKKHGATVLTALGGILKKKGHHEAEIKPLAQSHATKHKIPVKYLEFISECIIQVLQSK
.:: ** .* :. : .. :
*:. *. :: :.::.. :: * .
Beta.pro
FGKEFTPPVQAAYQKVVAGVANALAHKYH------
Delta.pro
FGKEFTPQMQAAYQKVVAGVANALAHKYH------
gammaG.pro
FGKEFTPEVQASWQKMVTAVASALSSRYH------
gammaA.pro
FGKEFTPEVQASWQKMVTAVASALSSRYH------
Epsilon.pro
FGKEFTPEVQAAWQKLVSAVAIALAHKYH------
Alpha1.pro
LPAEFTPAVHASLDKFLASVSTVLTSKYR------
Alpha2.pro
LPAEFTPAVHASLDKFLASVSTVLTSKYR------
Theta.pro
YPGDFSPALQASLDKFLSHVISALVSEYR------
Zeta.pro
FPADFTAEAHAAWDKFLSVVSSVLTEKYR------
Myoglob.pro
HPGDFGADAQGAMNKALELFRKDMASNYKELGFQG
:* . :.: :* : . : .*:
|
Afin d'obtenir l'arbre de filiation des gènes de cette
famille de globines humaines, on construit une matrice de différences
(matrice calculée avec le logiciel phylogène) :
On déduit de cette matrice l'arbre d'évolution probable
des globines humaines (construction effectuée avec le logiciel phylogène)
:
Chaque noeud de cet arbre correspond à une duplication génique,
suivie d'une évolution indépendante des deux duplicata par
fixation de mutations différentes (les mutations apparaissant
au hasard). Cet arbre permet de retrouver les 2 groupes de globines : le
groupe alpha et le groupe bêta.
Tous les Vertébrés, à l'exception des Agnathes,
ayant deux gènes de globine (alpha et bêta) et les plus anciens
poissons étant datés d'environ 450 mA alors que les
premiers Vertébrés sont apparus il y a environ 550 mA, on
en déduit que la première duplication a dû avoir lieu
entre ces deux dates.
La myoglobine diffère des sous-unités alpha et bêta
de l'hémoglobine, plus que celles-ci ne diffèrent l'une de
l'autre, ce qui indique que la myoglobine a divergé avant l'apparition
des gènes a et b.
La famille des globines est donc issue de duplications suivies de
mutations qui amènent à une diversification des gènes.
Réflexion sur le maintien
des innovations génétiques
Pour qu'une innovation génétique,
apparue au hasard chez un individu, se maintienne, il faut :
-
qu'elle ait eu lieu dans une cellule germinale
-
que cette cellule germinale ait participé
à la reproduction
-
que cette innovation soit transmise de génération
en génération pour se répandre dans toute la population
1 - Sélection négative
L'alignement des séquences peptidiques des globines humaines
présenté ci-dessus montre :
-
3 groupes de séquences : le groupe alpha (a1,
a2,
t
et
z),
le groupe bêta (gA,
gG,
e,d
et
b)
et la myoglobine
m.
-
18 résidus sont conservés au cours de l'évolution
des globines humaines : ces positions sont indiquées dans
le tableau ci-dessous :
|
W |
K |
E |
L |
R |
P |
T |
F |
L |
H |
G |
V |
L |
H |
L |
F |
K |
Y |
a1 |
14 |
16 |
27 |
29 |
31 |
37 |
39 |
43 |
48 |
58 |
59 |
62 |
83 |
87 |
109 |
117 |
127 |
140 |
a2 |
14 |
16 |
27 |
29 |
31 |
37 |
39 |
43 |
48 |
58 |
59 |
62 |
83 |
87 |
109 |
117 |
127 |
140 |
t |
14 |
16 |
27 |
29 |
31 |
37 |
39 |
43 |
48 |
58 |
59 |
62 |
83 |
87 |
109 |
117 |
127 |
140 |
z |
14 |
16 |
27 |
29 |
31 |
37 |
39 |
43 |
48 |
58 |
59 |
62 |
83 |
87 |
109 |
117 |
127 |
140 |
gA |
15 |
17 |
26 |
28 |
30 |
36 |
38 |
42 |
48 |
63 |
64 |
67 |
88 |
92 |
114 |
122 |
132 |
145 |
gG |
15 |
17 |
26 |
28 |
30 |
36 |
38 |
42 |
48 |
63 |
64 |
67 |
88 |
92 |
114 |
122 |
132 |
145 |
e |
15 |
17 |
26 |
28 |
30 |
36 |
38 |
42 |
48 |
63 |
64 |
67 |
88 |
92 |
114 |
122 |
132 |
145 |
d |
15 |
17 |
26 |
28 |
30 |
36 |
38 |
42 |
48 |
63 |
64 |
67 |
88 |
92 |
114 |
122 |
132 |
145 |
b |
15 |
17 |
26 |
28 |
30 |
36 |
38 |
42 |
48 |
63 |
64 |
67 |
88 |
92 |
114 |
122 |
132 |
145 |
m |
14 |
16 |
27 |
29 |
31 |
37 |
39 |
43 |
49 |
64 |
65 |
68 |
89 |
93 |
115 |
120 |
130 |
143 |
Remarque : on a attribué le numéro d'ordre zéro
au codon initiateur correspondant à la méthionine. D'autre
part, les différences de position pour un même résidu
sont dues au fait que les différentes globines n'ont pas la même
longueur (141 acides aminés pour les globines du groupe alpha, 146
pour celles du groupe bêta, 152 pour la myoglobine)
La conservation de certains de ces sites peut s'expliquer par
leur position particulière dans la molécule, en relation
avec la fixation de l'hème.
-
C'est le cas pour les histidines 58 et 87 dans la chaîne alpha (63
et 92 dans la chaîne beta), dont les chaînes latérales
interagissent avec l'hème :
-
L'explication couramment proposée est la suivante : si une mutation
a pour conséquence un changement de l’un des acides aminés
en rapport avec la fixation du hème au niveau de la globine, la
fonction de la molécule s’en trouvera vraisemblablement altérée
; elle ne sera pas donc pas conservée (sélection naturelle
négative)
-
Ce raisonnement peut être appliqué à d'autres sites
conservés pour lesquels les explications suivantes sont proposées
:
-
la glycine (notée G) est l’acide aminé présentant
le plus faible encombrement (sa chaîne latérale comprend un
hydrogène seulement). Or, sa position au cœur de la globine entre
deux hélices, ne tolérerait pas un acide aminé plus
« volumineux » ;
-
la proline (P) introduit un coude nécessaire à l’interruption
de l’hélice C, indispensable à la structure globulaire ;
-
le rôle de la thréonine (T) est incertain ;
-
la phénylalanine (F) et la valine (V) participent au positionnement
du hème : de tels acides aminés sont indispensables à
la fonction de la protéine ;
-
le rôle des leucines (L) est incertain ;
-
la tyrosine (Y) crée un contact entre les hélices H et F
indispensable à la stabilité de la structure spatiale de
la globine
-
Si on visualise au niveau des structures 3D des globines les acides aminés
conservés, on constate que , pour 4 ou 5 d'entre eux, il s’agit
d’acides aminés «en contact» avec l'hème. Ce
sont la phénylalanine (position 42 ou 43), l’histidine (position
58, 63 ou 64), la valine (position 62, 67 ou 68) et l’histidine (position
87, 92 ou 93).
|
|
|
alphahom.pdb
conserv_alpha.scr (détails du script ci-dessous) |
betahom.pdb
conserv_beta.scr |
myohom.pdb
conserv_myo.scr |
select all
wireframe off
spacefill off
backbone on
select hem
wireframe on
color cpk
select *.fe
spacefill on
color blue
select 27,37,39,43,58,62,83,87,109,140
wireframe 2
color cpk
select all |
select all
wireframe off
spacefill off
backbone on
select hem
wireframe on
color cpk
select *.fe
spacefill on
color blue
select 26,36,38,42,63,67,88,92,114,145
wireframe 2
color cpk
select all |
select all
wireframe off
spacefill off
backbone on
select hem
wireframe on
color cpk
select *.fe
spacefill on
color blue
select 27,37,39,43,64,68,89,93,115,143
wireframe 2
color cpk
select all |
2 - Mutations neutres
En revanche, si une mutation a pour conséquence de modifier la
séquence sans perturber la structure tridimensionnelle de la molécule
en un autre endroit (par exemple remplacement d’un acide aminé par
un autre de même encombrement ou d’un acide aminé par un autre
ayant les mêmes caractéristiques d’hydrophobie ou d’hydrophilie),
cette mutation est dite « neutre ». On peut donc supposer que
sa conservation résulte alors du hasard. Exemple : 139 dans la
chaîne bêta
|