MUTATIONS,
MUTAGENES ET REPARATION DE L'ADN
Adapté par Jean-Yves Dupont
A partir d'un article de Beth A. Montelone
Division of Biology, Kansas State
University
Avec l'autorisation de l'auteur
LES SYSTEMES DE REPARATION DE L'ADN
La restauration de la zone endommagée
La suppression de la zone endommagée
La tolérance de la zone endommagée
LES
SYSTEMES DE REPARATION DE L'ADN
Les dommages à l'ADN intervenant spontanément et résultant
d'agents de l'environnement existant en permanence, la plupart des organisme
possèdent des capacités à réparer leur ADN.
L'ADN est la seule macromolécules à être réparée
par les cellules.
Les mécanismes sont de trois types :
-
la restauration de la zone endommagée : c'est le plus simple.
Un action enzymatique restaure la structure sans casser le squelette
-
la suppression de la zone endommagée : les bases ou le groupe
de nucléotides incorrects sont remplacés.
-
la tolérance de la zone endommagée : il n'y a pas
de réparation ; le dommage est accepté.
La restauration de la zone endommagée :
1 - La photoréactivation :
Il est la fois le plus simple et sans doute le plus ancien des
systèmes de réparation. Une simple enzyme peut dissocier
la dimérisation (en cassant les liaisons covalentes) en
présence de lumière.
L'enzyme est une photoligase : elle existe chez de nombreuses
bactéries, les eucaryotes inférieurs, les insectes et les
plantes. Elle semble absente chez les Mammifères bien que le gène
soit présent mais il code pour une autre protéine qui a un
rôle accessoire dans un autre mode de réparation.
2 - La réparation des ruptures sur un seul brin :
Les rayons X et quelques produits chimiques comme les peroxydes peuvent
causer des ruptures dans le squelette de l'ADN.
Les ruptures sur un seul brin sont rapidement réparées
par une ligase. Les microbes mutants n'ayant pas cette ligase ont
tendance à avoir des taux de recombinaisons élevés
puisque les extrémités de l'ADN sont très recombinantes.
On connaît un cas chez l'Humain (46BR) avec des mutations sur les
deux gènes codant pour les ligases I de l'ADN : sa croissance est
ralentie ; il est immuno-déficient, a une sensibilité accrue
aux UV et décède précocement d'un lymphome. Les fibroblastes
de 46BR sont très sensibles aux agents mutagènes. Le bloom
syndrome (déficience héréditaire rare) est également
en rapport avec une déficience de la ligase de l'ADN (bien que la
protéine mise en cause soit une ADN hélicase). Les patients
ont de fort taux d'aberrations chromosomiques et de nombreuses mutations
spontanées.
La suppression
de la zone endommagée :
1 - La réparation par excision de bases :
La base inappropriée est détachée de sa
liaison avec le sucre et remplacée. Ce sont des glycosylases
qui rompent la liaison. Par exemple l'uracile-glycosylase sépare
l'uracile de l'ADN. L'uracile n'est pas habituellement dans l'ADN,
mais peut exister si la cytosine est déaminée (ce qui est
potentiellement mutagène). L'enzyme reconnaît l'uracile et
coupe la liaison glycosyl avec le déoxyribose. La base est alors
excisée
et une nouvelle base est insérée par la polymérase
en utilisant le deuxième brin comme matrice. Les mutants qui ont
une absence de l'uracile-glycosylase ont un taux élevé de
mutations (la mutation C->U n'est pas réparée ce qui aboutit
à des transitions) et il y a une hypersensibilité à
l'acide nitreux (ce qui entraîne des mutations C->U par déamination)
2 - La réparation des mauvais appariements :
Ce processus intervient après la réplication de l'ADN
à la manière d'un "correcteur orthographique". Il est réalisé
par un groupe de protéines qui peuvent "scanner" l'ADN et
détecter les paires de bases incorrectes ou mal appariées.
Le nucléotide incorrect est supprimé et l'ADN -polymérase
opère un deuxième passage pour rétablir la séquence
convenable.
Des protéines réparatrices de mauvais appariements ont
été récemment identifiées chez l'Homme. Elles
sont très semblables à celles de l'Escherichia Coli et
la levure ; des mutations ayant une incidence sur ces protéines
affectent la lignée germinale et génèrent quelques
cancers héréditaires (colon).
3 - La réparation par excision de nucléotides :
Ce mécanisme intervient sur les dommages importants de l'ADN
qui créent des blocages de la réplication et de la transcription
(tels que les dimères induits par les UV et des produits chimiques).
Ils ne sont sans doute pas reconnus comme des défauts de structure
mais par la distorsion de la double hélice qu'ils engendrent.
Il consiste en un clivage
du brin d'ADN de chaque côté de la liaison par des
endonucléases. La polymérase complète ensuite la zone
manquante. Des mutants qui ne peuvent mettre en place ce type de réparation
ont été isolés : ils sont sensibles au UV et
aux produits chimiques agissant comme les UV.
Ainsi l'affection héréditaire Xeroderma pigmentosum
caractérisée par une sensibilité accrue au soleil
est responsable de l'apparition de cancers de la peau dans les zones exposées.
Ils ont des gènes de réparation par excision déficients.
Les organismes inférieurs présentant une sensibilité
accrue aux UV ont un taux élevé de mutations : ils sont incapables
de réparer les dimères de pyrimidine et font appel à
des systèmes mutagènes ou recombinants.
La tolérance
de la zone endommagée :
Tous les dommages de l'ADN ne peuvent être réparés
immédiatement. Certains persistent. Si un œil de réplication
contient des altérations (par exemple un dimère de pyrimidine),
il y a normalement blocage de la réplication.
Cependant, chez les Eucaryotes, la réplication peut être
initiée à de nombreux endroits. Elle peut donc reprendre
au delà du dimère, laissant un secteur de la molécule
non
répliqué. Ceci peut avoir des conséquences importantes
en cas de division cellulaire. Toutefois, il y a un moyen de réparation
par recombinaison avec l'autre chromatide ou la chromatide sœur,ce qui
aboutit à deux molécules sœur intactes, l'une d'elle contenant
encore le dimère.
1 - La réparation par recombinaison entre molécules-filles:
Ce mécanisme induit une
recombinaison pour résoudre une interruption sur l'une des
molécule-fille et traiter une lésion non codante sur l'ADN.
Ce mode est en général précis (bien que pouvant être
à l'origine de doubles allèles récessifs altérés).
Il requiert une chromatide-sœur ou homologue.
Les produits des gènes de susceptibilité au cancer du
poumon (gène BRCA1 et BRCA2) peuvent être concernés
par ce type de réparation (homologues des gènes RAD51 et
RAD52 de la levure).
Un autre type de réparation par recombinaison (utilisé
pour réparer les extrémités cassées de l'ADN)
est la réaction d'union d'extrêmités non homologues.
Ce système est aussi employé par les Lymphocytes B et T pour
les réarrangements géniques. Les protéines KU70, KU80
et la proténe-kinase ADN-dépendante sont requises. Les lignées
cellulaires déficientes au niveau de ces gènes sont sensibles
aux radiations ionisantes et déficients dans le réarrangement
pour les cellules immunitaires.
2 - La réparation mutagène :
Un scénario alternatif au blocage de la réplication par
un dimère est d'insérer
un nucléotide en face du dimère pour poursuivre la
réplication (scénario "mute" ou "meurt").
Ce mécanisme est connu chez les bactéries et intervient
probablement chez les Eucaryotes.
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