Mission Santo
 
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Les grottes de Pahano et Tapetupsa sur la côte ouest

Lever vers 5h30. Nous avons encore quelques courses à faire, devons prendre de l’essence, puis nous retrouvons Olboï qui nous servira de guide, et sa femme. Nous avons prévus 3 à 4 jours sur la côté ouest, où nous combinerons repérage pour l’arbroglisseur et prospection des grottes. Si nous avons suffisamment de temps et d’essence, nous pousserons jusqu’à Hokoua pour voir les karsts du nord de l’île. Pour l’heure, nous nous rendons à Tasiriki où Timothy et son bateau (petite embarcation de fibres et moteur hors-bord 15 cv) doivent nous attendre. Ils sont là en effet, mais le moteur est en pièces détachées sur la plage. Ils nous attendaient le lendemain, mais nous assure qu’ils arriveront bien vite à le réparer. Et en effet, à 10h30, nous pouvons partir. La navigation jusqu’à Tasmaté nous prend 4 heures, entrecoupées par la visite de dauphins ou la pêche d’une carangue. Olboï ferre un dogfish, sorte de gros barracuda aux dents impressionnantes, mais il réussira à briser la ligne d’acier… Au village, Rufino présente le projet et prépare la venue de l’arbroglisseur. Je m’enquiers de grottes, mais il n’y en a pas dans le coin. Ils en connaissent par contre à Wasalea, notre prochaine étape. Nous reprenons la mer, non sans avoir acheter quelques hameçons pour poursuivre notre pêche. Avant d’arriver au village, nous distinguons nettement une petite falaise calcaire à proximité de la côte. Après discussion, il semblerait qu’il y ait en effet une petite grotte. David, un jeune du village, se propose de m’emmener. Nous arrivons après un kilomètre au sud du village à la falaise entrevue depuis le bateau, où s’ouvre un porche de 2,5 m sur 4 : c’est la grotte de Pahano, simple porche suivi d’une courte galerie d’une dizaine de mètres qui se développe parallèlement à la falaise. De retour au village, on nous parle d’autres grottes vers le nord. Bien que la nuit soit prête à tomber, nous nous y rendons en groupe. Au bout d’un kilomètre, nous atteignons une première falaise calcaire, sans grottes. Nous poursuivons encore sur un kilomètre environ et arrivons à deux grottes au pied d’une seconde falaise, les grottes de Tapetupsa. La première, à l’ouest, abrite une très importante colonie de chauves-souris, tant et si bien que je n’atteindrai même pas le fond de la cavité en raison de l’atmosphère suffocante. Elle développe 52 mètres. La seconde est plus petite, et ne fait que 15 mètres. Nous allons voir encore quelques petites cavités, dont l’une est habitée par un imposant crabe des cocotiers. Depuis quelques temps, sa capture est interdite par le gouvernement afin de régénérer les populations mises à mal par une collecte intensive. Nous rentrons au village, de nuit, en nous arrêtant à un ensemble de tumulus disposés de part et d’autre du chemin entre les deux falaises. Certains font plus d’1,5 mètres de haut, et au moins 6 mètres de diamètres. Les villageois ne savent pas de quoi il s’agit, mais connaissent une légende qui s’y rattache : ici, les « old men » ont fait un jour une grande fête, chacun apportant de la nourriture qu’ils entassaient en tas. Mais la fête était si grande qu’ils n’ont pas pu tout manger, et le reste de nourriture s’est transformé en pierre. Nous en rediscuterons un peu plus tard avec Bernard Viré, ethnologue à l’IRD de Nouméa : il pourrait s’agir selon lui de restes de monuments érigés lors de rites de passage de grade de chefs. Ces rites étaient l’occasion de grandes fêtes, et on rejoint là la légende. Nous dînons au village du poisson pêché par Rufino, et nous installons dans une case aménagée à notre intention.

Voyage dans le nord de Santo...

Cette nuit, j’ai mal dormi : en faisant la sieste la veille sur le bateau, je me suis pris un gros coup de soleil au pied, qui est maintenant tout enflé. Tout en déjeunant, on nous parle d’une autre grotte dans le secteur où nous sommes allés la veille, qui est au bord de la mer et qui se remplit d’eau lors de grandes marées. Il est trop tard maintenant pour aller y jeter un coup d’oeil ! Il y aurait également quelques grottes en montagnes mais toutes petites ; de simples abris. A 6h30, nous avons embarqué. Nous croiserons la route de 2 groupes de dauphins et d’un dugong. Belles rencontres ! Nous nous arrêtons ensuite au village de Sulésaé, mais l’accostage par une mer houleuse est difficile, nous embarquons une grande quantité d’eau et toutes nos affaires sont trempées. Rufino présente le projet du module forêt. Nous les questionnons au sujet des grottes, mais ils n’en connaissent aucune. Nous sommes pourtant à proximité d’une zone définie comme karst en tourelles selon la carte des formes de relief de l’ORSTOM de 1976. Nous faisons avant de partir le plein de mangues : c’est la pleine saison, et ce village est trop isolé pour aller vendre ses produits au marché de Luganville. Les mangues pourrissent aux pieds des arbres. Poussant toujours vers le nord, nous rencontrons à chaque fois des problèmes pour l’accostage. Nous ne pourrons pas nous arrêter comme prévu aux villages de Vunavaï, Petawata et Penaow. Nous décidons de poursuivre jusqu’à Olpoï, mais une fois de plus l’accostage n’est pas possible. Le chef du village, Tavué, nous rejoint en pirogue, et nous discutons un moment, nos deux embarcations à flanc. Aucune grotte connues dans le secteur. Nous faisons alors demi tour, nous n’aurons pas assez d’essence pour pousser la reconnaissance sur le nord de l’île. Nous faisons à nouveau un bref arrêt à Petaow, où un homme nous rejoint avec sa pirogue, puis nous poussons jusqu’à Tasmaté pour aller y passer la nuit. Kawa et poisson cru pêché dans la journée.

Tasiriki

Départ dès 5h30 pour Tasiriki. Nous déposons Olboï à son village, et arrivons à 9h à Tasiriki. Il y a quelques porches en bord de mer dans des roches volcaniques, mais pas de continuations. Après-midi au rapport et au tri. Nous passons voir Dan qui a fait du yaourt à partir du lait local : l’essai est concluant. Le soir, Bernard Vienne et François Wadra, ethno-archéologues à l’IRD de Nouméa, font escale pour la nuit chez Rufino avant de poursuivre sur les Banks. Soirée sympa, kawa costaud.

Grotte de Lonepré

Nous voulons aujourd’hui tenter de joindre le nord de l’île depuis Big Bay. Nous devons d’abord faire quelques courses (dont 85 litres d’essence) et déposer Bernard et François à l’aéroport. Nous partons ensuite pour Matantas où nous essayons de trouver un bateau. Malheureusement, il n’y en a qu’un de disponible, et son propriétaire ne veut pas partir jusqu’à Hokoua, il pense que son bateau ne tiendra pas le coup dans la mer agitée qui environne le Cap Cumberland. Nous décidons d’en profiter pour aller voir la grotte de Lonepré : lors de notre dernier passage à Port Olry, un vieil homme nous a parlé d’une grotte situé à cette pointe à l’ouest du Cap Queiros. Depuis Matantas, nous n’en sommes pas loin, et Valentin et Mike sont d’accord pour nous amener. Arrivé à la pointe de Lonepré, nous nous apercevons qu’ils ne connaissent pas la grotte. Mais en partant perpendiculairement à la côte, nous ne tardons pas à tomber au bas d’une petite falaise et trouvons de suite la grotte. Depuis un grand porche parte deux conduits, l’un au nord, l’autre au sud. Nous commençons par celui du nord, où je réalise, secondé par Mike, d’intéressantes collectes de faune terrestre. Je tombe ensuite sur un petit fragment de poterie. Nous inspectons plus attentivement le sol, et je trouve un fragment d’os (humérus, cubitus ?) qui nous semble humain. Mais nous ne sommes pas spécialistes, il pourrait s’agir d’un os ce cochon, et je dis à Rufino que ce qu’il nous faudrait, c’est une dent. 20 secondes plus tard, je tombe sur une jolie incisive ! Je pars ensuite dans le conduit du sud pendant que Rufino inspecte le porche et découvre d’importants fragments de poteries diverses. Nous sommes sur un site archéologique très intéressant. A Matantas, nous rediscutons des possibilités d’aller sur Hokoua, et on nous conseille d’aller voir la compagnie forestière qui a un puissant bateau et partirait éventuellement là-bas dimanche ou lundi. Nous faisons une petite halte chez Moïse, le chef du village, qui nous parle de grandes grottes au Nord de Matantas. Dans l’une d’elles, (grotte de Pakahavé) un cochon serait entré. Les hommes l’auraient suivi, auraient marché 2 à 3 heures, et seraient ressorti sans avoir vu ni cochon, ni fin de la grotte… Arrivé tardive à Luganville, où nous faisons un festin du poisson pêché par Rufino.

Retour à Luganville et visite au trou bleu du CIRAD

Nous essayons ce matin de trouver un transport pour Hokoua, et après de multiples allées et venues dans Luganville, nous réussissons à convenir d’un arrangement avec la compagnie forestière calédonienne qui exploite le bois à Wounpouko. Lundi matin, un mécanicien, René, et son équipe partent pour Wounpouko afin de tenter de remettre en marche un camion. Ils prendront le bateau de la compagnie qui est à Matantas, et je peux les accompagner. Le retour est prévu pour mercredi, jeudi, ou au pire vendredi. Et tout ceci sans contre-partie, ce qui est rare sur l’île ! Nous fêtons ça en finissant le superbe Yellow Fin avec Dan. L’après-midi, nous allons faire un tour au trou bleu du CIRAD avec Dan, et je réinspecte les arrivées d’eau. Il y a un départ qui semble tout de même prometteur, mais il faudrait pour l’explorer de plus petites bouteilles (4 litres acier). Si le camp de base de l’équipe karst en 2006 est au CIRAD, ce sera facile à organiser. Nous allons voir Sarah, Julie et Loren au CIRAD, puis rentrons chez Rufino. Nous sommes invités ce soir chez le Michel, un tahitien. Nous passons une excellente soirée : moult kawa, plats délicieux, charmante compagnie.

L'épave du Coolidge

Ce matin, Jean-Christophe Galipaud, de l’IRD de Nouméa ; arrive par l’avion de 8h00. Il démarre une campagne de fouille de plus d’un mois sur l’île d’Aoré. Nous lui montrons nos découvertes de Lonepré, et il est très intéressé. Nous parlons longuement de l’archéologie au Vanuatu. A midi, nous déjeunons avec son équipe. Cet après-midi, je n’ai rien au programme, et je me dis que c’est le moment d’aller plonger sur cette épave mythique qu’est le Coolidge. Une plongée est prévue chez Allan Powell, et je me joins à l’équipe. Fausse bonne idée : je décide de prendre mon appareil photo, mais dès les premiers mètres sous l’eau, il prend l’eau… Il semblerait que suite à ma chute à la sortie de la grotte de Loren (je n’ai pas utilisé le caisson depuis), un bouton se soit mis un peu de travers. Très peu d’eau entre, mais l’appareil est foutu. Il était tout neuf… Coup dur. Je ne profiterai pas pleinement de ma plongée sur le Coolidge, et pour tout dire, je le coulerais bien une seconde fois si j’en avais la possibilité. Le soir, nous allons chercher Anne-Marie Semah et Denis Wirman à l’aéroport qui viennent pour quinze jours de reconnaissance. Nous prenons un repas ensemble avec l’équipe de Jean-Christophe et celle de Taylor, dont l’un d’eux, Dan Sinclair, travaille sur le même sujet que Denis.

Chief Song de Hokua

Le matin, je prépare mes affaires pour la virée sur le nord. Aldi, qui travaille avec Jean-Christophe, est originaire et chef de Walpey, au sud de Wounpouko, et il profitera du bateau pour aller voir sa famille. A 10h30, René arrive avec son équipe et nous filons pour Matantas. Après les préparatifs sur le bateau, nous partons enfin. Il est 13h. Avec son moteur HB de 125 CV, le bateau, une coque alu, file à toute allure. Il nous faudra 2h pour atteindre le Cap Cumberland, et 3h pour arriver à la baie de Takouba, à proximité de Hokoua. Je débarque mes affaires, et au dernier moment, Aldi décide de m’accompagner. Nous donnons rendez-vous à René à Wounpouko, et marchons sur Hokoua. Le village est calme, les hommes sont aux champs, et j’attends en compagnie de la femme du chef. Aldi nous quitte, il a 4h environ de marche pour rallier son village. Les hommes arrivent enfin, j’expose brièvement les raisons de ma venue, nous discutons également de Jean- Christophe qu a passé ici près de 2 mois sur un chantier de fouilles. Hokoua est un petit village de 70 habitants. Ils partagent leur langue avec les villageois de Wounpouko (250 à 300 habitants) et Walpey (70 habitants). Très isolés, ils sont avides de rencontres et très accueillants. Ils ont même construit une petite guest-house où ils m’installent : matelas et moustiquaire à disposition ! Le soir, leur chef Jean-Pierre Song Mao (chief Song) me demande de faire un talk au Nakamal. Mais avant, il faut boire le kawa, et celui-là, c’est du costaud. Après une introduction de chief Song, il me faut donc rassembler un peu mes esprits pour parler du projet Santo 2006, de ma passion pour le monde souterrain, des grottes et de leur faune. Les questions fusent. Quand je leur raconte que je me suis trouvé nez à nez avec un crocodile dans une grotte du Mali, j’ai mon petit succès. On parle alors des grottes autour de Hokoua, et il y a beaucoup de choses qu’ils souhaitent me monter. On peut alors manger, chaque famille apporte un plat : il y a du pigeon sauvage, et divers plats très bons.

Cap Cumberland

Lever à 5h30. Nous déjeunons et c’est le départ pour les grottes. Elles sont situées sur la côte est du Cap Cumberland, à une centaine de mètres dans les terres, au pied d’une falaise. Nous sommes plus d’une douzaine. Nous allons voir tout d’abord la grotte de Paptasipa, habitée par une importante colonie de chauve-souris. Je fais quelques prélèvements et la topo (71 m de développement) avec l’aide de Pala. Nous allons voir ensuite la grotte de Papan Longteowteow, d’une cinquantaine de mètres de développement. Puis, toujours au pas de course, nous allons voir 4 autres cavités, toutes appelées Papan Hatpaeow. La plus grande fait plus de cinquante mètres, pour un dénivelé de l’ordre de 20 mètres (non topographiée). Elles sont très sèches et peu intéressantes d’un point de vue bio. En revanche, nous y trouvons plusieurs fragments de poteries ainsi que des petites constructions sommaires en forme d’enclos. Les gens d’Hokoua ne savent pas à quoi elles correspondent, mais ce lieu est pour eux magique, et il semblerait qu’ils l’utilisent encore pour certains rites. Nous retournons au village pour un repas bien mérité. Cet après-midi, cap plus au sud. Nous faisons d’abord une petite halte à une cavité en bord de mer, battue en partie par les vagues. Nous revenons ensuite plus dans les terres, au pied d’une falaise. Celle-ci est creusée de toutes parts par des petits conduits de quelques dizaines de mètres de développement. Là encore, nous trouvons des poteries et des constructions de pierres dans quasiment chacune d’elles. Avec Pala, nous échantillons et faisons la topographie de la plus grande, la grotte de Paparopouek. Le retour au village se fait sous la pluie. Nous passons la soirée à faire des jeux (notamment avec des bouts de ficelles) et à s ‘apprendre mutuellement des comptines.