Classe inversée : une proposition de définition "étendue"
#1 Classe inversée :
une proposition de définition "étendue"
Une première définition sommaire :
De quoi s’agit-il ?
Dans un enseignement traditionnel transmissif (figure 1), la transmission du contenu de cours est réalisée en classe. Pour les élèves, le travail à la maison consiste essentiellement à vérifier si les notions de cours sont bien comprises au travers de la réalisation d’exercices.
Figure 1 - Croisement des continuums spatio-temporels (présence et distance) et pédagogiques (enseigner et apprendre).
D’après http://e-formation.postach.io/quand-les-flipped-classrooms-font-tilt-marcel-lebrun [1]
Présence (synchrone) |
A distance (asynchrone) |
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Enseigner |
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Apprendre |
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Dans une pédagogie de classe inversée, le processus est « inversé » :
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les notions de cours sont donc à consulter à la maison. Pour cela, le professeur propose des ressources qui peuvent prendre des formes différentes : polycopiés, manuels scolaires, site web, podcast audio, capsule vidéo(1)…
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les exercices et activités sont faits en classe individuellement et/ou par groupe.
Comme on peut le comprendre, la définition d’une classe inversée peut être perçue comme une simple « inversion » des temps et activités synchrones et asynchrones d’un enseignement traditionnel transmissif.
Une définition étendue :
Le processus d’une pédagogie par classe inversée est-il récent ?
Le concept de la classe inversée a été brièvement populaire dès les années 1920 et mis sur le devant de la scène en 1968 avec Benjamin Bloom. En 1997, l’américain Eric Mazur (physicien et enseignant) optimise le concept de la classe inversée en y ajoutant le modèle de l’instruction par les pairs[2].
https://www.youtube.com/watch?v=hQtj69rZT0k
Ainsi, le modèle d’instruction par les pairs d’Eric Mazur d’une part et l’apport des outils du numérique d’autre part, peuvent nous amener à faire évoluer la définition de la classe inversée.
En effet, la plupart de ceux qui pratiquent la classe inversée mette également en place des activités d’apprentissage, en classe, fondées sur l’interactivité entre pairs au sein d’un petit groupe et/ou sur l’interactivité entre groupes de pairs. Ce type de pratique fait écho à des théories d’apprentissage constructivistes et socio-constructivistes utilisant les travaux de Piaget 1967 et de Vygotsky. Avec Vygotsky (1985), l’intrication entre apprentissage et développement est postulé. Ainsi, l’interaction de tutelle est montrée comme un vecteur de développement du sujet apprenant.[3]
Il s’agit de favoriser le travail de groupes d’élèves où le plus avancé peut aider le « novice ». Ainsi, la nature des activités en classe peut être très variées : il peut s’agir de résolution de simples exercices, de problèmes ouverts ou fermés, d’activités documentaires et/ou expérimentales (selon les disciplines) ou de tâches complexes(2). L’instruction, la co-construction ou co-élaboration par les pairs permettent à chaque élève de s’exprimer, d’avancer ses idées de résolution, ses compréhensions de notions ainsi que d’être soumis à la critique de ses camarades de classe dans un souci de réalisation de tâches. Ainsi, même si les plus timides ne participent pas spontanément, ils peuvent voir dans ce processus d’apprentissage une occasion de s’exprimer dans un petit groupe.
Les outils numériques font partie incontestablement de notre environnement quotidien et pédagogique. Comme le souligne Michel Serres[3], le numérique est présent dans nos classes et les élèves évoluent aisément dans un tel environnement et cela, même sans nous !
Pourquoi ne pas tenir compte de cette réalité dans un processus pédagogique ? Pourquoi ne pas choisir une posture en vue de s’approprier cet environnement numérique ? Pourquoi ne pas avoir « l’ambition » de « conquérir » le numérique par des entrées pédagogiques ?
La pratique d’une classe inversée permet, selon moi, de redistribuer les rôles des acteurs du monde éducatif (élèves/enseignants) qui serait désormais étendu à un environnement numérique. En effet, en ce qui concerne le type de ressources proposées par l’enseignant pour le travail des élèves à la maison, il est possible d’envisager l’utilisation quasi-systématique de ressources numériques type podcast audio ou vidéo comme des capsules vidéo(1). Une telle pratique demande une certaine maîtrise des logiciels de création de screencast(3) de la part des enseignants.
De plus, les outils numériques permettent le travail collaboratif et co-élaboratif hors classe et à distance (cf. les outils Drive de Google par exemple). Il est ainsi possible de proposer une pédagogie de projets pour une classe, voire de projets différenciés pour des groupes d’une même classe dans une dynamique de savoirs co-construits puis mis en commun.
Ainsi, on se propose de retenir la définition suivante de la classe inversée qui pourrait être rebaptisée en “classe étendue” :
Il s’agit d’une méthode pédagogique qui se décline en deux volets :
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en classe : des activités d’apprentissage en groupe fondées sur l’interaction entre pairs (cf. modèle d’Eric Mazur) et en vue de favoriser la co-construction/co-élaboration.
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hors classe (à distance) grâce aux TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) : individuellement, une acquisition des connaissances de cours et par groupe, des travaux de co-élaboration/co-construction au travers de (petits) projets pédagogiques ;
Figure 2 - Croisement des continuums spatio-temporels (présence et distance) et pédagogiques (enseigner et apprendre).
D’après http://e-formation.postach.io/quand-les-flipped-classrooms-font-tilt-marcel-lebrun [1]
Présence (synchrone) |
A distance (asynchrone) |
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Enseigner |
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Apprendre |
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Ressources :
[1] http://lebrunremy.be/WordPress/?p=612
[2] L’APPRENTISSAGE PAR LES PAIRS http://www.aqpc.qc.ca/UserFiles/File/pedagogie_collegiale/Bouffard-Vol_27-2.pdf
[3] Michel Serres, Petite poucette,
[4] Tutorat entre pairs et théorie implicite d’enseignement, Christine Berzin
http://www.cairn.info/revue-francaise-de-pedagogie-2012-2-page-73.htm
[5] http://eduscol.education.fr/cid51827/temoignage-mise-en-oeuvre-dans-la-classe.html
Définitions :
(1) Une capsule vidéo est une enregistrement vidéo d’une courte durée (n’excédant pas 10 min environ) et présentant un nombre limité de notions.
(2) Tâche complexe d’après [5] :
La tâche complexe est une tâche mobilisant des ressources internes (culture, capacités, connaissances, vécu...) et externes (aides méthodologiques, protocoles, fiches techniques, ressources documentaires...).
Elle fait donc partie intégrante de la notion de compétence.
Dans ce contexte, complexe ne veut pas dire compliqué.
La définition retenue dans le texte du socle : « chaque grande compétence du socle est conçue comme une combinaison de:
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connaissances fondamentales pour notre temps,
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de capacités à les mettre en oeuvre dans des situations variées
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d’attitudes indispensables tout au long de la vie, comme
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l’ouverture aux autres,
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le goût pour la recherche de la vérité,
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le respect de soi et d’autrui,
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la curiosité
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la créativité »
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(3) Screencast : il s’agit d’une capture vidéo de toute activité sur l’écran d’un ordinateur.
Plus d’informations pour réaliser un screencast :
https://www.youtube.com/watch?v=zG327vI1gM0