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Environnement et énergie nucléaire dans le débat de la présidentielle 2007

Par urgelli — Dernière modification 29/11/2016 10:53
Quelle est la part du nucléaire dans la production électrique ? Le réacteur de Flamanville est-il de 3e ou de 4e génération ? Deux questions qui ont nourri le débat entre les deux présidentiables, au soir du 2 mai 2007...

Sources :

election-presidentielle.jpg

Extrait vidéo du débat des candidats sur le nucléaire et analyses TF1/LCI

  VIDEO complète de la quatrième partie du débat Royal-Sarkozy consacrée à la question de l'environnement

Ci-contre : Vu d'en haut de la table du débat entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, le 2 mai 2007, dans un studio à Boulogne. Image élection présidentielle/ TF1-LCI.

 

Quelle est en France la part du nucléaire dans la production électrique ?

Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy n'ont fourni mercredi 2 mai 2007, ni l'un ni l'autre, lors de leur face à face, le bon chiffre sur la "part du nucléaire dans la consommation d'électricité en France". Alors que la candidate PS interrogeait son adversaire avec insistance sur cette part du nucléaire et le candidat de l'UMP éludait la question, elle a lancé : "Vous ignorez la part du nucléaire ?" Piqué, Nicolas Sarkozy a rétorqué : "la moitié de notre électricité est d'origine nucléaire". "Non, 17% seulement", a répondu Ségolène Royal. "Ce n'est pas exact", a répété quatre fois Nicolas Sarkozy, ce à quoi elle lui répondait "mais si c'est ça", affirmant que la vérité se vérifierait par les chiffres.

Selon les chiffres publiés par l'OCDE, le pourcentage avancé par Ségolène Royal correspond à la part d'électricité d'origine nucléaire consommée, non pas à l'échelle nationale, mais à l'échelle mondiale. En France, cette proportion atteint un peu plus de 78%, beaucoup plus que la moitié annoncée par le candidat de l'UMP.

L'EPR, un réacteur de 3e ou de 4e génération ?

Quelques minutes plus tard, Ségolène Royal avait en partie raison (mais Nicolas Sarkozy aussi), cette fois sur l'EPR, et le faisait remarquer à son rival par une nouvelle pique dite sur un ton d'institutrice : "Vous venez de dire une série d'erreurs, ça peut arriver mais il faudra que vous révisiez un peu votre sujet". Alors que Nicolas Sarkozy voulait montrer sa contradiction sur le nucléaire, en lui demandant, puisqu'elle excluait de fermer les centrales nucléaires "du jour au lendemain", si elle "confirm(ait) l'EPR". "Non je suspends l'EPR dès que je suis élue", répond-elle. "C'est-à-dire que vous suspendez les nouvelles centrales, c'est-à-dire que vous prolongez les vieilles ?" "L'EPR n'est pas une nouvelle centrale." "Si bien sûr", rétorque Nicolas Sarkozy. "Mais vous mélangez tout ! L'EPR est un prototype (...) De quelle génération ?", interroge-t-elle pour le coincer. "Ce n'est pas un prototype, c'est la 4e génération ..." "Non, c'est la 3e génération !", conclut-elle.

Vérification faite sur le site d'Areva, concepteur de ce réacteur à eau pressurisée, il s'agit du premier réacteur... "de 3e génération" en effet. En revanche, Nicolas Sarkozy avait raison sur l'autre point : l'EPR n'est pas un prototype mais bien un réacteur d'exploitation. Le réacteur de 3e génération de Flamanville, dont la construction a été autorisée par décret le 11 avril 2007, est un projet conduit par la France, conjointement avec l'Allemagne. EDF, responsable du parc nucléaire français, compte sur l'EPR de Flamanville pour développer et maîtriser un type de réacteur amené à remplacer à l'horizon 2020 les centrales en fin de carrière. La Finlande s'est engagé sur la voix de l'EPR, en collaboration avec le groupe français Areva. Les travaux du tout premier réacteur ont débuté à la mi-2005, pour une mise en service prévue en 2009.

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tf1-lci-election-presidentielle-2007-royal-sarkozy.jpg

VIDEO complète de la quatrième partie du débat Royal-Sarkozy consacrée à la question de l'environnement.

Retranscription d’une partie du débat télévisé organisé au soir du 2 mai 2007, entre les deux candidats à l’Elysée.
Source : http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39369169,00.htm

Ségolène Royal : Je pense que le défi planétaire est l'un des défis les plus importants que nous avons à relever aujourd'hui. Je crois que le réchauffement planétaire conduira même aux conflits de demain à l'échelle de la planète, c'est-à-dire à la recherche de l'eau potable. On voit aujourd'hui des déplacements de populations dans les pays les plus pauvres et les pays les plus chauds, de populations qui sont à la recherche de la survie. Et donc il va y avoir une montée des tensions si on ne résout pas sérieusement cette question du réchauffement planétaire.

 

Et dans ce domaine, il y a eu beaucoup de discours et très peu d'actes. Aujourd'hui, la France est très mal notée sur l'ensemble des pays européens par rapport au peu d'efforts qui ont été faits. Et j'entends faire de la France le pays de l'excellence écologique. D'ailleurs, nos projets ont été notés par le collectif d'associations indépendantes, le projet que je présente a reçu une note de 16 sur 20, le vôtre de 8 sur 20. Je pense en effet qu'il faut que la France se remette à niveau. C'est à la fois des gestes individuels de chacun, notamment sur les économies d'énergie, sur les économies d'eau, sur une modification profonde des structures d'aide à l'agriculture, que l'agriculture durable soit davantage si ce n'est au moins autant aidée que l'agriculture intensive, celle qui irrigue.

 

Je crois qu'il y a des filières de développement industriel à développer, le véhicule propre à mettre en mouvement, et je souhaite que les industries automobiles françaises, au lieu de licencier comme elles le font aujourd'hui, mettent leurs laboratoires de recherche en commun pour mettre au point le véhicule propre qui demain en effet se verra ouvrir un marché mondial.

 

Nicolas Sarkozy : Sur le nucléaire, vous êtes du côté de M. Chevènement ou du côté des Verts ? Est-ce que vous confirmez le choix nucléaire ?

 

Ségolène Royal : Savez-vous quelle est la part du nucléaire dans la consommation d'électricité en France ?

 

Nicolas Sarkozy : Oui, mais est-ce que vous confirmez ce choix ?

 

Ségolène Royal : Quelle est cette part ?

 

Nicolas Sarkozy : Nous avons, Madame, en France, grâce au nucléaire, une indépendance en électricité à hauteur de la moitié.

 

Ségolène Royal : Vous défendez le nucléaire mais vous ignorez la part du nucléaire ?

 

Nicolas Sarkozy : Non, nous avons la moitié de notre électricité qui est d'origine nucléaire.

 

Ségolène Royal : Non, 17 % seulement de l'électricité est d'origine nucléaire.

 

Nicolas Sarkozy : Non Madame. Ce n'est pas exact.

 

Ségolène Royal : Mais si, c'est cela. Ce que je veux...

 

Nicolas Sarkozy : C'est un choix majeur. Est-ce qu'on continue le choix du nucléaire ou est-ce qu'on l'arrête ?

 

Ségolène Royal : On augmente la part des énergies renouvelables.

 

Nicolas Sarkozy : Est-ce qu'on continue le choix du nucléaire ?

 

Ségolène Royal : Du jour au lendemain, on ne va pas fermer les centrales nucléaires.

 

Nicolas Sarkozy : Oui donc vous confirmez l'EPR ?

 

Ségolène Royal : Non. Je suspends l'EPR.

 

Nicolas Sarkozy : Vous suspendez les nouvelles centrales, c'est-à-dire que vous prolongez les vieilles ?

 

Ségolène Royal : L'EPR n'est pas une centrale, vous mélangez tout, l'EPR est un prototype. L'EPR est un prototype de quelle génération ?

 

Nicolas Sarkozy : C'est la 4e génération.

 

Ségolène Royal : Non, c'est la 3e génération.

 

Nicolas Sarkozy : Nous venons de le vendre à la Finlande. Il faut que les Français comprennent. Les centrales nucléaires classiques ont une durée de vie. Les experts discutent de leur durée de vie, de trente ans ou de cinquante ans, pour le chapeau de couverture. Nous avons été obligés de déclencher les centrales de la 4e génération, c'est le processus EPR...

 

Ségolène Royal : C'est la troisième génération ...

 

Nicolas Sarkozy : ... qui a été acheté par la Finlande...

 

Ségolène Royal : Non, laFinlande a son prototype...

 

Nicolas Sarkozy : et nous construisons en France. Entre le moment où j'ai signé l'EPR et le moment où la centrale s'ouvrira, il faut 7 ans. Si vous revenez sur le choix de l'EPR, Madame, cela veut dire que vous serez obligée, pour respecter votre parole, de garder le même pourcentage d'EPR, de faire fonctionner les vieilles centrales plus longtemps. Cela veut dire que vous prendriez la responsabilité de faire fonctionner des vieilles centrales plus longtemps par refus du choix du progrès qui sont les centrales de la dernière génération. Ce n'est pas très raisonnable.

 

Ségolène Royal : Vous avez une approche quand même très approximative sur un sujet extrêmement technique, mais en même temps extrêmement grave parce qu'il s'agit de l'énergie nucléaire. Vous venez de dire une série d'erreurs, cela peut arriver, mais il faudra que vous révisiez un peu votre sujet car il ne s'agit pas de la quatrième, mais de la troisième génération, que la Finlande a déjà un prototype et que justement la question est de savoir s'il n'est pas plus intelligent de coopérer entre différents pays et de passer tout de suite à un investissement sur la quatrième génération, premier point. C'est pour cela que je rouvrirai le débat public sur l'énergie au Parlement mais aussi avec les citoyens...

 

Nicolas Sarkozy : Nous avons eu ce débat au Parlement...

 

Ségolène Royal : Non... Attendez, ne m'interrompez pas ...

 

Nicolas Sarkozy : J'ai eu ce débat au Parlement au moment où j'ai signé EPR. La position des Finlandais consistait d'ailleurs à nous dire Madame - permettez, je connais le dossier - c'est bien beau que vous nous vendiez ce prototype, mais vous les Français, qu'est-ce que vous allez prendre ? J'aimerais que vous m'expliquiez, Madame, comment Areva pourra construire EPR en Finlande, avec vous, présidente de la République, qui expliquerait aux Finlandais que la filière EPR c'est bien pour eux, mais qu'en France on va continuer à réfléchir ? Je ne connais peut-être pas le dossier, Madame, mais je suis assez cohérent.

 

Ségolène Royal : Non, c'est tout à fait incohérent. Pourquoi c'est tout à fait incohérent ? Pourquoi construire deux prototypes ? Il y a celui en Finlande. Et il serait sans doute beaucoup plus intelligent d'investir déjà dans la 4e génération. Pourquoi ? Parce qu'on sait très bien que l'uranium, dans quelques années, va disparaître, il y aura une pénurie d'uranium, donc une pénurie du combustible uranium.

 

Nicolas Sarkozy : Les spécialistes pour l'uranium disent que les ressources connues, c'est entre 60 et 70 ans, et les ressources prévisibles, c'est jusqu'à deux siècles et demi compte tenu des progrès de la recherche.

 

Ségolène Royal : Tout dépend du nombre de centrales qui sont construites dans le monde.

 

Nicolas Sarkozy : Vous êtes écartelés dans votre majorité, entre les Verts qui ne veulent pas du nucléaire, et les communistes qui veulent le nucléaire, qu'est-ce que vous choisirez si vous êtes élue président de la République ?

 

Ségolène Royal : C'est très simple, je choisis de maintenir le nucléaire, mais d'augmenter la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique. Deuxièmement, je regarde avec beaucoup plus d'attention que cela n'a été fait où nous devons investir les fonds publics pour préparer l'énergie de demain. Car ce qui est prometteur aujourd'hui, au moment où la question des déchets nucléaires n'a pas été résolue, c'est sans doute d'investir dans le recyclage des déchets nucléaires qui pourraient peut-être devenir justement demain le nouveau combustible avec les restes d'uranium, le nouveau combustible qui permettra justement de passer ce cap de la pénurie d'uranium. Voilà ce que je propose, et je pense en effet que les technologies doivent avancer, mais que l'on ne peut pas aller vers le tout nucléaire, au contraire, il faut diversifier le bouquet énergétique. C'est ce que je propose et c'est sans doute la raison pour laquelle mon projet relatif à l'écologie et à l'environnement a été si largement plébiscité par des associations indépendantes, parce qu'il est équilibré.

 

Nicolas Sarkozy : Je ne suis pas pour le tout nucléaire, mais je dis qu'il n'est pas raisonnable de dire qu'on va poursuivre le nucléaire et qu'on arrête le progrès du nucléaire. Ce n'est pas possible. Bien sûr qu'il faut développer les énergies de substitution. Je pense notamment que les départements et territoires d'outre mer où le soleil, l'éolien, la biomasse peuvent faire quelque chose d'extraordinaire. Je crois d'ailleurs que c'est une opportunité pour les départements et territoires d'outre-mer, considérable. Je pense qu'à La Réunion, par exemple, on peut leur donner l'indépendance énergétique en investissant massivement dans la biomasse. Mais refuser de développer des nouvelles filières nucléaires, je pense que c'est une erreur.