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Economie et politique des changements climatiques

Par manel — Dernière modification 29/11/2016 10:14
Notes de lecture d'Alain MANEL, Académie de Grenoble

FAUCHEUX & JOUMNI, ÉCONOMIE ET POLITIQUE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES, coll. Repères, ed. La Découverte, Paris, 2005.


I/ L'état des connaissances scientifiques


Ce chapitre introctif rappelle les données du problème économique et politique : la dimension temporelle des changements climatiques et la difficulté de l'évaluation monétaire des bénéfices et des coûts à venir empêchent le recours à la traditionnelle analyse coût/avantage pour orienter les politiques publiques. Cela d'autant plus que les conflits d'intérêts autour de la distribution des coûts et des bénéfices découlant des changements climatiques éloignent tout consensus sur les mesures à prendre. Subsiste alors l'approche coût-efficacité où l'objectif est environnemental (réduction de l'émissionde gaz à effet de serre par exemple dans le cas du protocole de Kyoto) et le coût inconnu mais minimisé par la création d'un marché secondaire des permis d'émission. Les auteurs rappellent les principaux mécanismes du protocole et en précisent les enjeux : intégration des Etats-Unis (36,1% des émissions) et des pays en voie de développement dont les émissions ont doublé voire triplé depuis 30 ans mais aussi question cruciale de la gouvernance mondiale (le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) n'ayant aucun pouvoir, faut-il se tourner vers l'OMC, seul juge international respecté ?).


Après avoir souligné l'objectif que nous assignent les scientifiques pour ne pas perturber le climat : réduire de 50% d'ici à 2050 de nos émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990, les auteurs font un point sur les types de scénarios élaborés par le Groupe Intergouvernemental d'Experts du Climat (GIEC). En prenant deux variables, l'une politique (gouvernance de l'échelon local au global) et l'autre économique (de la croissance au développement durable), quatre familles de scénarios sont définis où les conséquences démographiques, de niveau de vie varient du simple au double selon l'usage qui est fait des ressources naturelles et de la politique de Recherche et Développement dans l'optique d'innovations technologiques.


II/ Les conséquences socio-économiques et les politiques nationales


Ce chapitre souligne d'abord la disparité des responsabilités, des menaces, des vulnérabilités et des capacités d'adaptation selon les pays (ex intéressant de la Chine). Sont évoqués ensuite assez longuement les avantages & inconvénients des écotaxes (taxes ou subventions, intérêt du double dividende mais quel niveau pour éviter le risque de distorsion ?). Les permis d'émission ou certificats verts apparaissent ensuite comme des solutions plus souples pour les agents économiques tout en garantissant un niveau d'émission ex-post.


III/ Les solutions technologiques et les politiques de R&D


Présentation élogieuse des efforts nord américains dans cette voie :

séquestration du carbone et développement des énergies renouvelables (1/3 de l'offre globale des pays de l'OCDE) pour un objectif de stabilisation des émissions en 2025 au niveau de 2000 (Climat Stewardship Act de 2003). La critique de cet optimisme technologique est esquissée et la France épinglée pour ses 6 plans successifs (jamais mis en oeuvre !) de lutte contre le réchauffement depuis 1990.


Panorama des différentes solutions (solaire, biomasse...) avec pour chacune beaucoup de données chiffrées sur les différentes zones d'implantation. L'Europe, par exemple, développe l'offre d'énergie éolienne (74% d'une offre mondiale qui demeure cependant marginale puisqu'elle représente seulement 0,2% de l'offre d'énergie primaire à l'échelle mondiale).


Approche intéressante par secteur où on apprend que le bâtiment pourraît trouver un avantage économique à réduire les émissions de gaz à effet de serre (filières locales de matériaux par exemple). La critique de la solution technologique est illustrée dans le secteur des transports où les réductions d'émissions liées aux applications de la pile à hydrogène attendues pour 2020-2030 seront contrebalancées par la progression de la demande.


IV/ Vers un marché carbone mondial


Présentation des mécanismes du protocole de Kyoto qui doivent être ramenés à leur juste mesure : simples compléments des politiques volontaristes nationales, ils ne peuvent s'y substituer. Une synthèse précise sur le système d'échange de permis entre les pays industrialisés (exemple européen, débat sur les méthodes d'allocations préalables...) précède une présentation illustrée du Mecanisme de Développement Propre (MDP) et des problèmes politiques de leur mise en oeuvre (gouvernance, fonds de financement...).


V/ Les limites des mécanismes de Kyoto


Outre les questions connues de l'air chaud des pays d'Europe de l'Est et de la non participation américaine qui risquent toutes deux de déprécier le prix du carbone et par là de freiner l'incitation aux investissements d'une part et de créer des distorsions de concurrences d'autre part, ce dernier chapitre fait un point sur la question économique de l'évaluation de l'additionnalité environnementale des projets de développement propre. C'est là le coeur du problème pour les politiques économiques de réduction des émissions : comment comparer le coût économique à l'avantage écologique de tel ou tel investissement alors que l'évaluation de l'impact environnemental business as usual est difficile et coûteuse à réaliser... sans oublier, et le livre s'achève ainsi, l'objectif nécessaire de prise en compte de l'impact socioéconomique des MDP pour les pays en développement (industrialisation, transfert de technologies compétitives...), le développement durable ne conduisant pas à ignorer le sort des générations vivantes.