L'anté-immunité
- L'immunité avant l'immunité : des barrières limitant les infections
Des barrières mécaniques
Les épithéliums tapissant les surfaces corporelles empêchent, par leur étanchéité, les microorganismes inopportuns de pénétrer dans l’organisme. Des jonctions serrées maintiennent efficacement les cellules épithéliales formant ces tissus.
Dans le cas des épithéliums internes (muqueuses), les cellules épithéliales élaborent un mucus qui défavorise l'adhésion des microorganismes et donc limite la colonisation et le franchissement de la surface épithéliale par des pathogènes. Ce procédé est favorisé par les mouvements ciliaires des cellules épithéliales (cas des muqueuses respiratoires) qui déplace les bactéries avec le mucus. Un organe comme l'intestin connait un péristaltisme qui tout en permettant la progression du bol alimentaire assure l'évacuation d'éventuels agents infectieux.
Des barrières physico-chimiques
Des sécrétions naturelles telles que les larmes et la salive renferment des enzymes antibactériennes.
Les propriétés des cavités de certains organes (pH acide de l'estomac) et la nature des molécules que les organes fabriquent (enzymes digestives, sels biliaires) représentent un obstacle chimique au développement des microorganismes pathogènes.
Les surfaces des épithéliums produisent des molécules microbicides ou bien inhibitrices de la croissance bactérienne. Il s'agit par exemple des beta-défensines dont le mode d'action repose sur l'atteinte de la membrane des bactéries.
Des barrières écologiques
Les micro-organismes commensaux, non pathogènes, naturellement présents à la surface de la peau ou au niveau des muqueuses, occupent l'espace et limitent ainsi l'installation (effet barrière) et le développement de potentiels pathogènes.
- Le microbiote : un rôle dans l'anté-immunité
À la surface des épithéliums vivent les bactéries du microbiote, qui sont en compétition avec les bactéries pathogènes pour d'une part les nutriments et d'autre part les sites d'attachement aux cellules. Il est établi que le microbiote stimule la production de peptides antimicrobiens appelés bactériocines par les cellules épithéliales. Certaines souches des bactéries du microbiote sécrètent d'ailleurs elles-même les bactériocines. Enfin, le microbiote favorise le bon fonctionnement des jonctions serrées entre les cellules épithéliales, ce qui diminue l’invasion par des bactéries pathogènes.
Synthèse rédigée avec les données de l'ouvrage Janeway's Immunobiology (8th ed, 2012)
Image de vignette : Nephron, wikimedia.org