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Communication de Benoît Urgelli

Par Françoise Morel-Deville Dernière modification 20/12/2024 23:26
Extrait d'un article en préparation pour le revue Aster n°46 sur l'éducation à l'environnement et au développement durable...

Benoît Urgelli est professeur agrégé de SVT et prépare une thèse dans l'Équipe Culture, communication et société, ENS-LSH.

 

Premières analyses d’un dispositif pédagogique interdisciplinaire pour le traitement des risques climatiques en contexte scolaire.


Benoît Urgelli, Équipes Culture, communication et société, ENS-LSH, Université de Lyon ;Didactique des savoirs professionnels, scientifiques et sociaux émergents, ENFA de Toulouse ; Benoit.Urgelli@ens-lsh.fr

Introduction :

L'article porte sur le traitement de la question des risques climatiques en contexte scolaire. Après en avoir exploré les enjeux et défis socioéducatifs, nous présentons les grandes lignes d’une recherche qualitative analysant les pratiques et les représentations d’enseignants traitant cette question interdisciplinaire, controversée et médiatisée. De septembre 2006 à juin 2007, dans le contexte des derniers travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution des climats (GIEC), nous avons mis en place un dispositif de travail pédagogique interdisciplinaire basé sur l’exploitation de productions médiatiques Deux équipes d’enseignants de lycée ont été associées à cette initiative d’éducation scientifique citoyenne sur les risques climatiques. À partir de l’analyse de leurs productions pédagogiques et des intentions exprimées, cette recherche-intervention interroge le rapport des enseignants à la science, aux médias, à l’apprentissage et à la mise en œuvre d’approches didactiques interdisciplinaires dans l’enseignement de questions socio-scientifiques.

Conclusion :

Durant les huit mois de travail avec deux équipes d’enseignants, nous avons sollicité plus ou moins efficacement le traitement interdisciplinaire de la question de la responsabilité de l’homme dans l’évolution des climats. On constate que les productions pédagogiques proposées, qu’elles soient disciplinaires ou interdisciplinaires, établissent un lien entre connaissances en jeu et contenus et pratiques disciplinaires.

- Les productions purement disciplinaires montrent la mise en scène de discours médiatiques sur des temps d’enseignement en dehors de ceux relatifs aux programmes de la discipline. Les initiatives pédagogiques prennent alors la forme de séance-débat toujours en lien avec les objectifs de connaissances et compétences disciplinaires. Les productions médiatiques mobilisées sont en relation avec les postures des enseignants : face à l’existence de controverses, indépendamment des disciplines de rattachement, on identifie des postures d’« impartialité neutre» ou d’« impartialité engagée » (Kelly, 1986, cité par Simonneaux et al., 2006), à côté de postures d’évitement.

- Les productions interdisciplinaires abordent les controverses relatives aux choix énergétiques limitant les émissions de gaz à effet de serre. Comme dans les productions disciplinaires, on constate que les objectifs d’apprentissage (connaissances et compétences) sont relatifs au domaine d’expertise de chaque enseignant. L’apprentissage de la démarche expérimentale, revendiquée par les enseignants de sciences expérimentales, s’ajoute aux objectifs de développement d’une pensée critique explicités par les enseignants de sciences humaines et sociales.

Au final, notre dispositif de traitement pédagogique d’une question socioscientifique proposait aux enseignants une voie d’entrée interdisciplinaire. On constate que les aménagements didactiques élaborés ne dépassent pas les contenus et les activités pédagogiques existants. L’attachement disciplinaire est une contrainte forte, mais ce n’est pas un obstacle à la mise en œuvre d’approches interdisciplinaires. Pour légitimer leur place dans ces approches, les enseignants font référence à leurs expériences pédagogiques. Les projets se situent alors à la marge des dispositifs d’enseignement disciplinaire, les contextes d’enseignement choisis permettant une distanciation par rapport aux instructions officielles de chaque discipline. Ces contextes constituent donc des espaces et des temps d’enseignement au sein desquels un aménagement didactique est possible avec la mise en oeuvre de situation-débat.

A travers le développement d’approches interdisciplinaires imposé par notre dispositif, les enseignants identifient un enjeu de formation professionnel au-delà de l’intérêt lié à l’appréhension de la complexité de la question socioscientifique traitée. La suite de cette recherche qualitative permettra de comprendre l’influence de ce dispositif de partage de cultures pédagogiques disciplinaires dans les représentations de l’éducation scientifique citoyenne. Il s’agira également d’évaluer si ce dispositif a développé chez les enseignants impliqués une autre vision du fonctionnement social des sciences et des médias, à travers la mobilisation de productions médiatiques.