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La Chine

Par Anne Chemin-Roberty Dernière modification 15/01/2019 10:52
Vous êtes à la tête de la délégation de la Chine
lors des prochaines négociations sur le changement climatique
au musée des Confluences

 

Situation énergétique de la Chine

La Chine, pays le plus peuplé au monde, est le plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre de la planète, devant les États-Unis et l'Inde, et représente près de 30 % des émissions en valeur absolue.

source: https://www.alternatives-economiques.fr

La principale source de ces émissions est le charbon, dont la Chine est, en 2016, à la fois le 1er producteur (46,1 % de la production mondiale), le 1er consommateur (50,6 % du total mondial) et le 1er importateur (16,5 % des importations mondiales en 2015), bien qu'elle produise encore 89 % de ses besoins en charbon en 2016.

L'énergie de la Chine est totalement liée au charbon depuis le début des années 1980. C'est pourquoi elle est de loin le plus gros émetteur de CO2 de la planète! La Chine (et l'Inde) sont responsables de la plus forte hausse des émissions mondiales de CO2 (2,7% entre 2017 et 2018) due aux rejets des énergies fossiles et à la consommation de charbon repartié à la hausse.

Néanmoins, les émissions chinoises doivent etre analysées au regard de la population du pays: avec plus de 1,3 milliards d'habitants, le pays ne se situe qu'en 48ème position en matière d'émissions par habitant en 2016. Soit 7,5 tep CO2, ce qui est certes supérieur à la moyenne mondiale (4,8 tep) et à celle de la France (4,4 tep), mais très inférieur à celles des États-Unis (15,6 tep), eux-mêmes dépassés par l'Arabie saoudite (16,4 tep).

source: https://www.alternatives-economiques.fr

Dans ce pays émergent où les besoins en électricité sont immenses, le charbon reste une énergie attractive et peu chère. Le roi noir pèse encore pour 60 % du mix énergétique du pays, contre 80 % en 2013. D'ici à 2020, Pékin veut abaisser cette proportion à 58 %. Pourtant en 2017, le Bureau national des statistiques chinois a enregistré une hausse de la consommation de charbon de 0,4 %.

Cette hausse se poursuit en 2018.

Si cette hausse paraît minime, elle est en réalité un symptôme de la difficulté qu'a l'Etat chinois à diminuer sa dépendance au charbon, et de la faiblesse des autres sources d’énergie. Fin 2017, Pékin avait interdit à 28 grandes villes du nord de la Chine de brûler du charbon pendant l'hiver, afin d’améliorer la qualité de l’air. Du coup, les prix du gaz, censé le remplacer, ont explosé, avec une augmentation de plus de 60%. Le gouvernement a dû lever l’interdiction de brûler du charbon pour permettre de chauffer les foyers, et une centrale thermique de Pékin, pourtant mise à l’arrêt, a repris du service. Parallèlement, la Chine s’est aujourd’hui positionnée comme le leader mondial du développement des énergies renouvelables (en 2016, elle était à l’origine de 40 % de la croissance des énergies renouvelables dans le monde).

Aujourd'hui, si elle est le premier pollueur au monde, la Chine est aussi le premier producteur de panneaux solaires car elle investit massivement dans les énergies positives!  Ainsi, la Chine prend le tournant de la transition énergétique et assume son statut de grande puissance en s'engageant à aider les pays en développement à faire leur transition énergétique.

Situation politique et economique

 La Chine est un grand pays fait de multiples contrastes. Avec plus de 1,3 milliards d'habitants, soit le sixième de la population mondiale, la Chine est à la fois fermée aux influences étrangères et un poids lourd de l'économie mondialisée. Seul pays à avoir hissé son PIB (taux de croissance annuel) au-dessus des 10 000 milliards de dollars (9 197 milliards d’euros) avec les Etats-unis, les Bourses de Shanghaï et Shanzhen sont les donneurs d'ordre du monde. Cette puissance économique, la Chine la doit à l'économie socialiste de marché, une politique d’ouverture adaptée aux réalités chinoises que les dirigeants chinois adoptent à la mort de Mao Zedong, en 1978. En moins de quarante ans d'un capitalisme agressif et contrôlé par l’état et le Parti communiste, la Chine s'insère dans le système économique libéral mondial et devient la première puissance économique du monde (publication janvier 2015).

Pendant cette période, la société chinoise connait des bouleversements sans précédents. Historiquement paysanne, elle se constitue en une classe moyenne urbaine mondialisée et avide de consommation (15 % de la population actuelle vit dans les grandes métropoles). L'amélioration du niveau de vie se vérifie par une augmentation spectaculaire du revenu annuel, du niveau de consommation, de l’espérance de vie, de l’éducation.

La Chine face au changement climatique

La Chine a mis du temps à prendre conscience du réchauffement climatique. Il n’y a pas si longtemps encore, de nombreux Chinois croyaient que le changement climatique était une invention des pays développés pour freiner la croissance des pays en développement, en particulier la Chine. La relation entre le réchauffement mondial et les émissions de carbone a beau avoir été reconnue par des scientifiques, de nombreux responsables chinois sont restés attachés au principe de la “responsabilité commune mais différenciée” – et surtout différenciée.

Les hauts fonctionnaires qui parvenaient à résister aux pressions étrangères dans des discussions internationales étaient considérés comme des héros. Selon le raisonnement chinois, l’empreinte carbone des pays développés était plus forte, car elle s’était accumulée depuis le début de la modernisation.

Les Chinois ont commencé à changer d’attitude après avoir personnellement vécu le changement climatique. Un tournant majeur est intervenu en 2008. Cette année-là, la veille de la fête la plus importante de Chine, celle du printemps, des températures exceptionnellement froides et de fortes chutes de pluie ont quasiment paralysé tout le sud du pays. Grâce au large accès à Internet, tous les phénomènes météorologiques extrêmes qui se sont produits depuis lors, y compris le typhon Hato de 2017, ont suscité une attention considérable.

Le smog qui revient chaque hiver a fait de la pollution atmosphérique l’un des sujets de discussion les plus courants. Le peuple est passé du stade de l’ignorance à celui de la lutte pour le droit à l’information, de la prise d’initiatives et de la revendication d’actions gouvernementales.

Au cours des derniers sommets commerciaux, le gouvernement chinois a suspendu l’activité de nombreuses usines pour améliorer la qualité de l’air et ne pas perdre la face.

Si le changement climatique et la pollution atmosphérique sont des problèmes liés mais distincts, la majeure partie de la pollution atmosphérique vient des mêmes sources que le dioxyde de carbone : le chauffage, la production d’électricité, l’activité industrielle et la circulation automobile. Il s’ensuit qu’en contrôlant la pollution on peut aussi réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il est probable que ce sera la stratégie adoptée par la Chine pour lutter contre le changement climatique à partir de 2018.

Bien que Donald Trump ait annoncé sa décision de retirer les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, le gouvernement et le peuple chinois n’ont pas fait marche arrière. Beaucoup de Chinois ont même appelé le pays à assumer plus de responsabilités dans l’intérêt de l’humanité.

La contribution de la Chine dans l'accord de Paris à la Cop21

La contribution INDC de la Chine donne des engagements forts dans tous les secteurs (transport, énergie, agriculture), dans la transition énergétique et l'aide financière pour les pays en développement.

Pekin énonce trois grand objectifs :

  • atteindre le pic d'émissions de CO2 aux environs de 2030 et faire le maximum pour atteindre ce pic plus tôt ;
  • baisser l'intensité carbone (émissions de CO2 rapportées au PIB) de 60 à 65% par rapport à 2005 (elles ont déjà été réduites de 33,8% en 2014 par rapport à 2005) ;
  • augmenter la part d'énergies non fossiles (renouvelables et nucléaire) dans la consommation énergétique primaire à environ 20% (contre 11,2% en 2014).

Le pays se fixe comme objectif complémentaire d’augmenter le volume de son stock forestier de 4,5 milliards de m3 par rapport au niveau de 2005 pour absorber le dioxyde de carbone. La Chine s'engage dans le programme REDD+ pour réduire ses émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts. Plusieurs pays d'Asie du Sud-Est sont déjà soutenus par le programme ONU-REDD.

La Chine s'engage dans la réduction des subventions aux énergies fossiles. L’AIE (Agence internationale pour l’Énergie) et le FMI estimaient qu’en 2013 les subventions aux fossiles représentaient dans le monde plus de 500 Mrds de dollars. La réduction, voire l’arrêt de ces subventions favoriserait l’efficacité énergétique et permettrait de financer le Fonds vert (investissements pour développer les énergies décarbonées).

Pekin dit vouloir « contrôler » la consommation de charbon et avoir davantage recours au « charbon propre » en modernisant les centrales et en les associant à des systèmes de capture du CO2 pour baisser les émissions de GES dans ces nouvelles centrales à charbon.

La Chine s'engage à verser 3 milliards de dollars pour aider les pays en développement à faire leur transition énergétique.

Les engagements de la chine après la COP21

Pour la Chine, comme pour l'Inde, le charbon est indissociable de la politique industrielle et de la sécurité nationale, et le pays est très dépendant du "roi noir".

Très critiquée pendant de longues années par les défenseurs du climat, la Chine prend cependant des engagements qui aujourd’hui la positionne comme le leader mondial du développement des énergies renouvelables.

La consommation de charbon y a diminué entre 2013 et 2016 et de nouveaux projets de centrales à charbon sont abandonnés. La Chine est aussi le pays qui a défendu l’accord de Paris lorsque Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis, en affirmant, via son Premier ministre, que “la Chine maintiendra ses responsabilités concernant le changement climatique”. Elle a enfin pris part à de nombreux sommets multilatéraux dans lesquels le climat était au premier plan.

En 2009 déjà, le pays s’était engagé à réduire ses émissions par unité de PIB de 40 % à 45 % d’ici à 2020 (par rapport à 2005). Puis, en 2014, il a annoncé qu’il souhaitait voir ses émissions culminer à l’horizon 2030 et qu’il tenterait même d’inverser la courbe plus tôt. Afin d'atteindre cet objectif, le gouvernement chinois a mis en place, fin 2017, un marché national du CO2 et créé le premier énergéticien mondial autour du groupe Shenhua, par le regroupement d’actifs miniers et électriques. L’objectif du président chinois Xi Jinping est double : d’une part, favoriser l’émergence d’une économie moins gourmande en carbone ; et de l’autre, œuvrer en faveur de l’amélioration du cadre de vie. Dans son 13e plan quinquennal, l’Etat a plafonné à 1 100 GW la capacité des centrales (soit 10 % de plus qu’aujourd’hui). Il ferme peu à peu les sites vétustes et impose des normes drastiques aux nouveaux. Mais le souci du pouvoir n’est pas tant le secteur électrique, peu ou prou sous contrôle, que les chaudières utilisées pour le chauffage ou par l’industrie. Ces installations consomment 600 millions de tonnes de charbon par an, soit davantage que le secteur électrique. L’Etat veut en supprimer un tiers en quatre ans. Mais cela ne se fait pas sans accroc. Depuis décembre 2017, le nord de la Chine traverse une crise énergétique. L’arrêt des chaudières, combiné à la restructuration des mines, qui a réduit l’offre de charbon, a conduit à un déficit de chauffage dans des villes entières.

Aujourd’hui la puissance chinoise est de plus en plus présente sur la scène internationale, et son positionnement stratégique s’inscrit dans un grand dessein : celui d’un monde « post-américain » et d’un retour à une Chine impériale toute puissante en mer de Chine, et surtout face au Japon. Sa croissance économique la dote d’un levier sur les pays dont elle absorbe la dette – comme récemment en Europe. Ses entreprises d’état investissent massivement à l’étranger dans les secteurs des énergies et des technologies. L’Afrique est un continent où elle est désormais incontournable de l’aide économique.

Cependant, la Chine est une puissance complexe difficile à appréhender. L’abandon progressif des combustibles fossiles n’est pas aussi évident et les émissions de la Chine ont augmenté de 2% en 2017, du fait d'une plus grande consommation de charbon et d'une croissance économique plus robuste. Pour l'année 2018, les analystes estiment que les émissions de CO2 pourraient grimper de 5 %, soit leur plus forte hausse depuis 2011. 

La Chine et les USA

En novembre 2014, La Chine a signé un accord historique sur le climat avec les États-Unis, ce qui clôt leur différend depuis Kyoto. Les deux pays représentent aujourd’hui 42 % des émissions de CO2 de la planète. La Chine s’est engagée à baisser ses émissions de CO2 à partir de 2030 et à produire, à cet horizon, 20 % de son électricité à partir d’énergies décarbonées. Avant l'élection de Donald Trump, les États-Unis se sont engagés à réduire de 26 à 28 % leurs émissions de CO2 en 2025 par rapport à 2005. Les deux pays sont très actifs en matière de brevets sur les technologies vertes et exercent une pression sur le secteur financier (banques, fonds de pensions compagnies d'assurance) pour qu'ils investissent dans une économie mondiale bas carbone.

Cop 24 : l’ONU salue le leadership de la Chine

En janvier 2018, lors de sa visite en Chine, le président Macron lance "Nos destins sont liés", "L'avenir a besoin de la France, de l'Europe et de la Chine. Nous sommes la mémoire du monde. Il nous appartient de décider d'en être l'avenir".

Au président chinois Xi Jinping, Macron propose de "relancer la bataille climatique" en préparant "un rehaussement de nos engagements" contre le réchauffement, lors de la COP 24 en Pologne fin 2018.Pour le président français, le départ des Etats-Unis de l'accord de Paris impose un co-leadership franco-chinois dans ce domaine. Il a ainsi annoncé pour 2018-2019 l'organisation d'une "année franco-chinoise de la transition écologique".

Sans la décision de la Chine d'y demeurer, "l'accord de Paris n'aurait pas survécu" à la décision américaine, a-t-il souligné, tout en notant que Pékin reste le premier pays émetteur de gaz à effet de serre. "La Chine a tenu parole. Vous avez démontré la réalité de votre prise de conscience et votre immense sens des responsabilités. Qui aurait pu imaginer il y a quelques années que la Chine démontrerait une force d'entrainement mondial?" dans ce domaine, a-t-il dit.

A Buenos Aires, le Secrétaire général a salué l’engagement de la France et de la Chine pour leur action en faveur du climat à un moment particulièrement critique.

« Dans (les) pays (les plus vulnérables), le leadership que la France et la Chine ont apporté dans la lutte contre le changement climatique est absolument crucial et je suis extrêmement heureux que les deux pays se soient rencontrés quelques jours à peine avant Katowice pour réaffirmer leur engagement et leur leadership », s’est félicité M. Guterres.

Bibliographie pour aller plus loin 

Site pedagogique de reference Perspective monde Chine

KesaCop  le Réseau action climat decrypte la Cop24

COP21 : La Chine dépose officiellement sa contribution.

Résumé de la contribution de la Chine sur maCOP21

La note de la Chine par CAT.

Note par Climate Interactive

La Chine possède les plus grandes réserves mondiales de charbon Connaissance des énergies

Le charbon, un défi chinois plus gros que prévu Libération du 4 novembre 2015

Sous le Dôme, le film sur la pollution qui secoue la Chine Libération du 3 mars 2015

La Chine brûle beaucoup plus de charbon qu’elle ne le pensait Le monde du 4 novembre 2015

La Chine croit enfin au changement climatique, le Courrier international du 13 décembre 2017

Chine : la consommation de charbon repart en légère hausse en 2017, les Echos du 28 février 2018

Gaz à effet de serre : la Chine poursuit son dérapage, Les Echos du 30 mai 2018

Evaluation de Climate Action Tracker pour la Chine

Charbon, le retour de flamme, le Monde du 11 février 2018

La Chine lance un marché du carbone, Le Monde du 26 décembre 2017

Sans la Chine, l'accord de Paris n'aurait pas survécu, Novethic 8 janvier 2018

La Chine et l'Inde responsables de la forte hausse des émissions mondiales de CO2, Le Monde du 5 décembre 2018

Fiches synthetiques sur la CHINE

Télécharger la fiche Chine pour la simulation de la COP22 en 2016

Télécharger la fiche Chine pour la simulation de la Cop23 en 2017-2018

Télécharger la fiche Chine pour la simulation de la Cop24 en 2018-2019