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La variabilité du cycle océanique du carbone
La variabilité saisonnière du cycle
En un lieu donné et si l'on ne tient pas compte des apports latéraux, la variation saisonnière du cycle du carbone repose sur l'évolution de la couche de mélange océanique (CMO), partie physique du système et sur l'évolution du système biologique, partie biogéochimique du système.
Deux effets freinent la floraison printanière
- l'épuisement du milieu en nitrates, la stratification limitant fortement les échanges verticaux et donc l'approvisionnement en éléments nutritifs.
- le broutage par le zooplancton.
En été, la profondeur de la CMO est inférieure à celle de la couche euphotique. La production primaire a donc aussi lieu sous la CMO. La stratification empêchant les mélanges verticaux, les produits de l'activité biologique (pigments, O2 dissous, COD) vont s'accumuler à certains niveaux pendant l'été.
En automne, la CMO s'approfondit. Les couches de subsurface sont donc entraînées dans la couche de mélange. La turbulence réinjecte des nitrates ce qui peut induire une deuxième floraison de phytoplancton. Puis celui-ci dépérira ou sera brouté et son abondance diminuera. Comme le zooplancton meurt aussi, le stock de carbone biogénique décroît ainsi que l'effet de la biologie sur la pCO2.
Les variations saisonnières des processus de surface affectent le flux de carbone exporté vers l'océan profond qui atteint son maximum au cours du printemps, quand le zooplancton broute le phytoplancton issu de la floraison printanière. La conséquence de ces variations de flux est une activité biologique benthique également saisonnière.
Les variations interannuelles du cycle
Pour une année donnée, si la température de l'eau est plus froide ou la salinité plus faible qu'en moyenne, la pCO22 de l'atmosphère. Comme une partie de cette eau quitte la surface, ce carbone sera stocké dans l'océan pendant plusieurs années (c'est pourquoi, quand on cherche à étudier le cycle moyen du carbone dans l'océan, on doit utiliser des données acquises pendant de nombreuses campagnes à des dates différentes).
sera plus basse et l'océan absorbera un peu du CO
Le phénomène ENSO (El Niño) est à l'origine d'une forte variabilité interannuelle du cycle océanique du carbone. La pCO2 présente alors un maximum nettement plus faible qu'en période normale dans l'océan Pacifique tropical : elle vaut de l'ordre de 360 µatm, contre 400 à 415 µatm d'ordinaire. L'amplitude de cette anomalie n'est pas corrélée à celle du phénomène ENSO, ce qui témoigne probablement de la complexité des processus mis en jeu. On estime que le flux de l'océan vers l'atmosphère entre 20°N et 20°S diminue alors de 50%. Cela correspond à une réduction de l'ordre de 2GtC/an du flux total de dégazage de l'océan vers l'atmosphère, ce qui est à rapprocher des 7GtC/an du flux anthropique. Ces années là, la croissance de la pCO2 dans l'atmosphère est considérablement ralentie.
Les variations aux grandes échelles de temps
- Le rôle de l'océan dans les variations de la teneur en CO2 de l'atmosphère
L'étude des glaces polaires a montré par ailleurs que lorsque les bulles d'air fossile qu'elles renferment est riche en CO2, la glace est pauvre en fer provenant de poussières atmosphériques et inversement. De plus dans ces enregistrements naturels, les périodes de forte teneur en fer et de faible concentration en CO2 coïncident avec les périodes glaciaires. L'hypothèse explicative est la suivante. Lors des périodes froides, la superficie des terres émergées, sources potentielles de particules atmosphériques est plus importante et la circulation atmosphérique plus intense. Un apport de fer, favorisé par des vents plus énergiques, dans des régions océaniques (souvent éloignées des continents) où cet élément est un facteur limitant de la photosynthèse (comme l'océan Austral), accélère la production primaire. L'océan absorbe alors davantage de CO2, ce qui diminue l'effet de serre et refroidit le climat. L'évaporation devient moins intense, les déserts s'étendent, favorisant encore plus l'émission de poussières riches en fer. Dans le cas d'un réchauffement climatique, chacun de ces effets est inversé.
Une production primaire et exportée accrue (dans l'océan Austral par exemple) devrait laisser des traces au niveau des sédiments : les indices sont pour l'instant assez contradictoires et peu clairs.
- Les variations des dépôts de carbonate de calcium
Les variations géographiques
Le cycle du carbone dépend aussi de la latitude et du climat, qui définissent le cycle diurne et saisonnier du rayonnement solaire, mais également de l'éloignement des côtes qui influence la production primaire par les apports fluviaux et éoliens.
L'écosystème marin peut donc être régionalisé. Cette régionalisation est essentiellement basée sur les flux de matière et d'énergie.
Aux latitudes élevées, la disponibilité en énergie lumineuse est le facteur limitant prépondérant vis à vis de la photosynthèse. En effet, ces régions océaniques sont généralement le lieu d'upwelling et de convection profonde, ce qui entraîne un apport important de nutriments, qui sont donc généralement non limitatifs (à l'exception du fer pour l'océan Austral, de grande étendue et éloigné de toute côte non recouverte de glace). Par fonte de la glace au printemps, la surface de l'océan se recouvre d'un couche peu salée et donc moins dense. Cette stratification peut alors permettre le développement d'une floraison printanière intense et localisée responsable d'une forte diminution de la pCO2 de surface par consommation de carbone inorganique dissous.
| Dans les régions tempérées subpolaires (vers 35-60°), la convection et l'approfondissement de la CMO en hiver est responsable d'un apport important de nutriments, mais la photosynthèse est inhibée par un manque de lumière. Les eaux de surface étant froides, la solubilité vis à vis du CO2 forte, elles sont légèrement sous saturée. Durant le printemps, le réchauffement progressif de la surface, la baisse de l'intensité des vents permet une restratification et contraint le phytoplancton à rester dans la couche éclairée. La teneur élevée en nutriments permet alors une floraison printanière, particulièrement intense en Atlantique Nord et essentiellement sous forme de grosses cellules phytoplanctoniques (diatomées). Cette floraison s'accompagne d'une diminution importante du stock en carbone inorganique dissous et les eaux de surface, très sous saturées en CO2, deviennent un puits pour l'atmosphère. La stratification s'intensifie en été, les échanges avec les couches de subsurface sont très réduits, la teneur en nutriments devient très faible. La production primaire diminue et la pCO2 suit avant tout l'évolution de la température. L'océan aura tendance à dégazer. En fin d'été, lorsque les échanges verticaux augmentent à nouveau, une deuxième floraison peut se développer tant que les conditions d'éclairement le permettent. Dans les régions subtropicales (10-35°), le cycle annuel est beaucoup moins marqué, l'intensité des flux d'un ordre de grandeur plus faible, et la limitation par les nutriments maximale. La stratification verticale est très forte et l'approfondissement de la CMO en hiver relativement faible. Par suite, la production primaire est peu intense et se développe surtout sur les nutriments régénérés localement. C'est pourquoi les cyanobactéries fixatrices d'azote dissous peuvent potentiellement y jouer un rôle fondamental. En fait, ces régions de très grande étendue sont des déserts, et seules des cellules de très petite taille(de l'ordre du micron), utilisant efficacement les nutriments peuvent s'y développer : la production associée ne peut être évacuer efficacement vers les échelons supérieurs de la chaîne alimentaire ou vers l'océan profond, sous forme particulaire. Aussi l'évolution de la pCO2 est-elle fortement corrélée à la température, avec un fort dégazage en été. |
Les régions équatoriales sont caractérisées par des upwellings plus ou moins permanents, associés à une variabilité saisonnière importante. Les Alizés sont responsables d'une divergence des eaux de surface alimentée par des eaux de subsurface qui apportent continuellement des nutriments. La position de la convergence des Alizés varie avec les saisons et l'intensité de l'upwelling est maximale durant l'hiver boréal. La variabilité saisonnière de la production primaire est cependant bien moins marquée que dans les régions tempérées.
L'apport continu de nutriments, les conditions d'éclairement devraient permettre à la production primaire de se développer de manière optimale. Cependant dans le Pacifique équatorial, le manque de fer limite le développement des grosses cellules phytoplanctonique et les petites cellules, plus aptes à utiliser les nutriments en faible quantité (rapport volume/surface plus favorable) sont continuellement broutées par le zooplancton. Ainsi dans cette région, la production primaire est relativement faible. Par ailleurs, l'apport important d'eaux de subsurface riches en CO2, accompagné d'un réchauffement important des eaux de surface, entraînent un dégazage important en CO2 dans les zones équatoriales, qui représentent en fait les régions sources de CO2 les plus intenses pour l'atmosphère.
Ces apports stimulent donc la production primaire, avant tout basée sur la production nouvelle. Ce sont donc des régions qui peuvent potentiellement exporter beaucoup de matière organique vers les échelons supérieurs de la chaîne alimentaire ou vers les sédiments.
Les effets de la variation mésoéchelle
- L'absorption par l'océan du CO2 d'origine anthropique