Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Plateforme - ACCES
Navigation

Les biocarburants introduction

Par lohez — Dernière modification 29/11/2016 11:31
L'année 2005 est l'année des biocarburants en France: le plan gouvernemental et l'intérêt médiatique renouvelé sur "l'essence verte" interviennent dans un triple contexte: la montée des inquiétudes quant aux conséquences de l'effet de serre, la flambée des prix du pétrole et la crise de l'agriculture européenne. Perçus comme un moyen d'indépendance énergétique, de diversification agricole et de limitation de l'effet de serre, les biocarburants sont présentés comme une solution pour l'avenir proche. Ils ne datent cependant pas d'hier et l'on peut se demander s'ils ne s'insèrent pas dans une vision très passéiste de la production et de la consommation d'énergie.
La participation des biocarburants dans la fourniture d'énergie pour les transports est ancienne: développés aux débuts de l'âge industriel, parfois relancés en période de pénurie (gazogènes de la guerre), les carburants issus de la biomasse ont été mis en sommeil à l'ère du pétrole-roi. Leur premier sursaut est d'origine économique: les années 70 et leur choc pétrolier ont facilité le réveil énergétique des plantes; pour certains pays du Tiers-monde, il en va de leur indépendance énergétique. Puis, leur vertus sanitaires ont été mises en avant selon le principe « ce qui est naturel est forcémment bon ». Enfin dernièrement, c'est leur rôle (relativement) neutre dans les émissions de CO2 qui leur vaut aujourd'hui un engouement populaire et une promotion, plus ou moins sincère, des pouvoirs publics.

    L'un des aspects fascinants des biocarburants est leur caractère relativement simple et accessible à tous: à condition de respecter certaines conditions, parfois de modifier (un peu) son moteur, chacun peut faire son carburant, ou se le procrurer chez l'épicier du coin. Mais ce rêve d'une source énergie proche du citoyen qui devient ainsi acteur de la lutte pour l'environnement, proche de l'agriculteur du Tiers Monde qui peut développer sa production sans tomber dans la dépendance du pétrôle ne serait-il qu'un leurre ? Les essences et les diesels issus de l'agriculture ne participent-ils pas à un système de motorisation dépassé: le moteur à explosion qui a largement un siècle derrière lui? D'autre part, les cultures nécessaires au carburant de demain ne risquent-elles pas de voler de précieuses surfaces cultivables; celles dont les 8 à 10 millards d'humains auront besoin pour se nourrir ?
    Pour bien comprendre les enjeux des biocarburants, il faut dépasser cette vision fondée sur les seuls produits accessibles aujourd'hui, considérer la biomasse dans son ensemble, sans négliger le bois et les déchets végétaux produits par l'homme; il faut observer également comment ces carburants pourront s'intégrer aux systèmes de motorisation de demain.
    Malgré ces débats ou peut-être aussi grâce à eux, les biocarburants sont un excellent support de l'EEDD, un des sujets qui permettent le mieux l'étude pluridisciplinaire. La diversité de la nature des biocarburants, des différentes formes de biomasse dont il sont issus en font de très intéressants objets d'études scientifiques. Mais cette même diversité est le reflet de contrastes géographiques qui tiennent aux données climatiques, aux traditions agricoles, aux habitudes de consommation et aux politiques nationales ou régionales. Quant au succès des biocarburants, il dépend de conditions économiques fixées par le prix des énergies fossiles et des politiques de taxtation des états.