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Un exemple d’introduction du problème écologique en cours de philosophie

Par urgelli — Dernière modification 29/11/2016 10:32
Cette séance s’appuie sur un article du « philosophie magazine » numéro 6 de février 2007. Il s’agit d’un dialogue entre le philosophe E. Morin et N. Hulot, intitulé : l’impératif écologique


Pour accèder à l'article L'impératif écologique, Dialogue entre Edgar Morin et Nicolas Hulot, Philosophie magazine, n°6, février 2007.

Séquence pédagogique proposée par Philo-Lyon (Académie de Lyon)

  • Enjeux d'apprentissage : montrer aux élèves comment un article récent d'un magazine exige des connaissances philosophiques pour être compris en profondeur
  • Thème : le problème écologique
  • Contexte de la séquence : cours en classe complète
  • Déroulement : les élèves découvrent d'abord l'article. Puis le professeur fournit les textes auxquels Edgar MORIN fait directement référence ou qui permettent d'approfondir ses propos.
  • Autres supports éventuelles : de très nombreux textes pourraient être utilisés !
 
  • Remarque :  il est difficile de s'appuyer sur les propos de N. Hulot pour construire un cours de philosophie. On peut tout de même faire des remarques sur ses propos...
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Deux stratégies pédagogiques nous paraissent possibles.

  • Première stratégie : Le professeur, qui a déjà longuement étudié la technique avec les élèves, termine son cours par la lecture de l’article avec les élèves qui découvrent, avec son aide, qu’ils ont une compréhension plus profonde du dialogue grâce au cours et aux textes déjà étudiés auxquels E. Morin fait de brèves allusions.
  • Seconde stratégie : Le travail commence par la lecture de l’article et le professeur fournit ensuite aux élèves un certains nombre de textes qui vont leur permettre d’approfondir et de discuter les thèses d’E. Morin.  
 

E. Morin évoque « les rêveries du promeneur solitaire » de Rousseau, un auteur que les élèves de terminale connaissent déjà un peu et qui aurait contribué à éveiller sa sensibilité à la beauté de la nature. Il parle de Descartes et de son projet de maîtrise de la nature. On peut alors utiliser le célèbre texte de Descartes : « Discours de la méthode » sixième partie, tome un, édition Garnier, pages 634 et 635. Descartes dit dans ce texte que les hommes, grâce aux progrès scientifiques vont pouvoir se « rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». Le professeur peut alors faire comprendre aux élèves, comment ce qui apparaît à Descartes comme un espoir pour l’humanité, est compris par E. Morin et d’autres auteurs contemporains, comme un projet dangereux. Le professeur pourra ensuite montrer comment le projet cartésien de maîtrise de la nature se radicalise dans les siècles suivants, en faisant travailler les élèves sur des textes de Marx par exemple.

 

Selon E. Morin, la prétention des hommes à la maîtrise de la nature se serait effondrée au cours du vingtième siècle. Il serait maintenant nécessaire de modifier radicalement notre rapport à la nature. Cela passerait par une critique de notre culture chrétienne et cartésienne qui place l’homme au centre de la création. On peut montrer aux élèves que ces idées sont effectivement partagées par un certain nombre de penseurs contemporains. Hans Jonas, par exemple, dans « Pour une éthique du futur » Rivages poche / Petite bibliothèque, pages 69 et 70 prône même l’instauration d’une nouvelle morale fondée sur un savoir.  Ce savoir porterait notamment sur les conséquences pour la nature de l’activité technologique. Le professeur peut aussi montrer qu’E. Morin passe sous silence les thèses d’autres auteurs contemporains, qui sans nécessairement négliger le problème écologique, redoutent les conséquences humaines et politiques d’une écologie qui critique radicalement les valeurs et la technologie occidentales. Luc Ferry, dans « le nouvel ordre écologique » Le livre de poche, biblio-essai, par exemple, critique les courants écologiques révolutionnaires. Cette critique englobe les thèses de Hans Jonas et d’E. Morin lui-même. A la page 140 de l’ouvrage précité, Ferry critique justement les morales qui cherchent un fondement dans un savoir objectif, scientifique. Seule une morale fondée sur la liberté de l’homme peut respecter cette liberté, selon cet auteur.

Ce dialogue entre N. Hulot et E. Morin nous semble donc pouvoir nourrir la réflexion de nos élèves. Il pourrait aussi intéresser des professeurs d’histoire-géographie, de sciences physiques et d’économie dans une certaine mesure.