A propos du livre de Luc Ferry : « le Nouvel Ordre écologique »
Les penseurs relevant de l'écologie profonde défendent l’existence de droits des animaux et même de tous les éléments de la nature. Ils luttent contre ce qu’ils considèrent comme de l’anthropocentrisme (une conception du monde centrée sur l’être humain). Ils détestent Descartes, compris comme celui qui distingue radicalement l’homme, conscient et libre, de l’animal, machine soumise à l’instinct. Ils appellent à une révolution écologique : Il faudrait en finir avec le capitalisme libéral pour sauver le monde.
Ferry cherche à montrer comment cette écologie-là conduit finalement à une haine de l’homme et à un rejet de la démocratie : seul un régime autoritaire pourrait imposer aux hommes, êtres malfaisants et destructeurs les mesures nécessaires à la sauvegarde de la nature. L’auteur défend, quant à lui, une écologie environnementaliste qui reconnaît des devoirs de l’homme envers la nature et prône des changements progressifs dans le cadre de la démocratie libérale respectueuse des droits de l’homme.
L’un des intérêts de l’ouvrage est de nous rappeler que les animaux avaient des droits au moyen âge, qu’ils gagnaient même des procès contre des paysans, et de nous présenter la législation nazie sur la nature : une législation très protectrice de la nature sauvage . L’auteur ne veut pas dire que les tenants de l’écologie profonde sont des superstitieux ou des fascistes, mais ce ne serait pas un hasard non plus si les thèses d’une écologie radicale centrée sur la nature et anti-libérale rejoignent, sur certains points, celles du nazisme.
Ferry cherche davantage à montrer les dangers de l’écologie profonde qu’à défendre l’écologie environnementaliste. Ses thèses mériteraient d’être précisées. Reste qu’il pose une question essentielle : Ne serait-il pas possible de refuser à la fois le capitalisme « sauvage » et l’écologisme « profond » afin de permettre à l’humanité de se réconcilier avec la nature sans renoncer à elle-même ? L’ouvrage a le mérite de montrer l’importance des enjeux philosophiques et politiques du problème écologique.