Jean-Marc Jancovici sur RMC Info
Le site Manicore de Jean-Marc Jancovici : http://www.manicore.com/
ANALYSE de HG-Lyon (Académie de Lyon)
Les débats ont tourné autour des relations entre énergie, climat et politique, l’essentiel du temps étant d’ailleurs consacré à la place de la question énergétique dans la campagne présidentielle française 2007.
JM Jancovici s'est félicité de la pénétration progressive de cette conscience écologique dans l’opinion publique (Pacte écologique de N. Hulot signé par plusieurs centaines de milliers de Français par exemple). Il déplore aussi les difficultés à faire passer le message auprès des candidats. Il constate en outre que depuis le retrait de ce même Nicolas Hulot fin janvier 2007, cette question jusqu’alors très débattue ne l’était plus du tout.
Il apporte quelques explications à cet état de fait :
- les hommes politiques dans leur immense majorité considèrent que la question énergétique est détachée d’autres sujets plus importants (emploi, éducation, économie, relations internationales…) alors qu’elle les chapeaute tous selon l’invité. Ils sont donc ignorants des enjeux réels.
- le sujet n’est pas intéressant électoralement puisque les solutions ne sont pas miracles : elles impliquent une remise en cause globale de nos comportements probablement mal acceptés par les électeurs. Augmenter le prix de l’énergie par exemple n’est pas porteur, on le comprend, alors que la question du pouvoir d’achat est au cœur des préoccupations.
- il critique enfin le rôle des médias plus attachés aux destins des individus dont il parle qu’aux messages qu’ils véhiculent. Les journalistes se seraient donc aussi détournés du sujet suite au retrait d’Hulot, personnage « médiatique » justement, et n’interpelleraient plus assez les candidats sur les enjeux énergétiques.
Face à cette inertie politique, JM Jancovici tente dans cette émission, outre de vendre son ouvrage (Le plein, s'il vous plait- La solution au problème de l'énergie Jean-Marc Jancovici Andree Grandjean, Editeur Seuil, février 2006), de toucher les consciences et de mettre chacun devant ses responsabilités.
Voir une proposition de débats en classe sur les enjeux énergétiques, SPC-Lyon (Académie de Lyon).
Selon lui, l’humanité n’a que 40 ans pour faire en sorte que le problème énergétique soit réglé, sans quoi elle court à la catastrophe tant d’un point de vue environnemental qu’économique et politique (il fait à ce propos référence au rapport de l'économiste Stern).
Les rejets trop importants de CO2 sont imputables selon lui à la surconsommation des ménages dans les pays indisutrialisés et développés, même les plus modestes. Il insiste donc sur la responsabilité individuelle en remarquant au passage que les industriels, eux, font de plus en plus d’efforts pour respecter les normes environnementales.
Voir à propos de la responsabilité des acteurs le point de vue en chanson de Greenpeace...
Cette sentence amène à se poser la question des liens entre croissance économique, richesses et environnement à l’instar d’une des trois « idées fausses » évoquées dans le documentaire An inconvenient truth d'Al Gore. Autant ce dernier était optimiste en expliquant que cette prise en compte de l’environnement était source de richesses nouvelles, autant JM Jancovici se montre réservé. Il n’existe pas selon lui d’alternative industrielle crédible dans le laps de temps imparti : continuer à consommer autant avec une énergie « propre » est utopique. La seule solution est de consommer moins et donc de changer nos modes de vie.
JM Jancovici préconise une hausse importante du prix de l’énergie, hausse qui doit être acceptée par l’opinion publique grâce à la pédagogie, à l’instar de ce qui s’est passé pour le prix du tabac. L’humanité doit en outre s’habituer à vivre avec moins de pétrole, le « peak oil » (= maximum de consommation mondiale) étant prévu entre 2010 et 2030.
Interrogé alors sur la possibilité de développer la part des énergies renouvelables, JM Jancovici se montre très circonspect ce qui peut surprendre. Il considère en effet que la production sera quoi qu’il arrive insuffisante d’autant plus que les délais sont trop courts pour améliorer ces technologies. La seule alternative « acceptable » est le nucléaire selon lui. Pour ces deux raisons, on ne peut le taxer d’ « écologiste intégriste » comme l’ont fait certains auditeurs à la fin. Plane néanmoins le spectre du spécialiste manipulé par le lobby du nucléaire, ce qu’il réfute évidemment en bloc.
Enfin, amené à se prononcer sur la controverse autour de cette question du réchauffement climatique et de l’impact de l’homme (« Le droit au doute » de C. Allègre), JM Jancovici est très ferme et la balaye du revers de la main en accusant les sceptiques de mauvaise foi.
En conclusion, on peut considérer que le temps imparti à JM Jancovici lui a permis de marteler, à une heure de grande écoute et dans une émission à succès, plusieurs messages forts :
- la question énergétique est centrale puisqu’elle conditionne toutes nos activités qu’elles soient économiques, sociales ou de loisirs
- l’humanité vit aujourd’hui à crédit dans son rapport à l’environnement et doit réagir immédiatement sous peine de multiples catastrophes : le temps de l’action est venu pour tous les acteurs (hommes politiques, industriels, agriculteurs, consommateurs…)
- Les hommes politiques français n’ont pas pris la mesure des enjeux : une opinion publique convaincue permettrait de les forcer à s’emparer de la question.