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Une évolution qui peut avoir des conséquences

Par Naoum Salamé Dernière modification 30/03/2024 12:36

6 - Une évolution qui  peut avoir des conséquences sur la santé des personnes de nos jours

Il existe des variations significatives du nombre de copies du gène AMY1 au sein des populations humaines actuelles dont la consommation d’aliments riches en amidon est importante. Des équipes de chercheurs ont voulu voir si cette variabilité avait des répercussions sur la santé, en particulier sur la masse corporelle des personnes et le risque d’obésité.

Leurs études ont notamment porté sur trois cohortes de personnes adultes, l’une anglaise (twins group) et les deux autres françaises (Desir et AOB) toutes non diabétiques. Pour chacune des personnes, ils ont déterminé le nombre de copies du gène AMY1 et l’IMC (indice de masse corporelle ) (BMI en anglais). L’IMC est un indicateur de la corpulence d’une personne. Il est égal au quotient de la masse (en kg) par le carré de la taille (en mètre). Inférieur à 18,5kg/m2, il indique un état de maigreur ; de 18,5 à 25kg/m2 un poids normal ; de 25 à 30 kg/m2 un surpoids (pré-obésité) ; au-delà de 30kg/m2, on parle d’obésité qui est estimée sévère au-dessus de 35kg/m2.

Dans chacune des cohortes, il y avait des adultes obèses et non obèses.

La figure ci-dessous traduit la distribution du nombre de copies du gène AMY1 dans les trois cohortes. Dans chacune des cohortes, on a distingué les personnes de poids normal (en gris) de celles obèses (en noir). Les fréquences des nombres de copies supérieurs à 13 ont été regroupées avec la fréquence à 13 car elles étaient très faibles.

Histogramme.jpg

D'après M. Falchi et all. Low copy number of the salivary amylase gene predisposes to obesity. Nature Genetics. Volume:46, Pages:492–497(2014)

Ces travaux réalisés dans des populations d’adultes indiquent que le nombre de copies du gène AMY1 a un impact sur le risque d’obésité et que plus précisément le fait d’avoir un faible nombre de copies du gène soit un facteur prédisposant. Les chercheurs vont jusqu’à dire que le fait d’avoir 9 copies ou plus du gène AMY1 diminue de 8 fois la probabilité d’être obèse par rapport à une personne ayant moins de 4 copies. La figure ci-dessous extraite d’un communiqué du CNRS visualise la relation entre poids et nombre de copies du gène.

 
Graphique CNRS.jpg

D'après : La piste de la salive dans la génétique de l'obésité. Communiqué du CNRS. Paris, 30 mars 2014

Sans dénigrer ces conclusions qui semblent adoptées par la majorité des spécialistes, il importe de les nuancer et surtout ne pas laisser croire que c’est l’élément causal majeur de l’obésité. Même si actuellement, cette variation génétique sur le gène AMY1 semble un  déterminant réel du risque génétique de l’obésité, cela ne remet pas en cause l’importance des comportements alimentaires et physiques.

On ignore comment une augmentation du nombre de copies du gène et donc de la quantité d’amylase dans la salive peut avoir un impact sur l’obésité. Une des pistes de recherche est en rapport avec le fait mentionné précédemment que la possession d’un grand nombre de copies semble entraîner une meilleure régulation de la glycémie, et que le métabolisme des graisses est en rapport avec cette régulation.

Le nombre de copies du gène AMY1 dans les populations actuelles est le résultat d’une évolution des populations humaines ancestrales sous l’action de la sélection naturelle. Les populations dont le nombre de copies du gène de l’amylase est en moyenne bas par suite de régime alimentaire pauvre en amidon de leurs ancêtres ont un risque d’obésité plus élevé que les autres populations, en particulier si elles adoptent de nouveaux modes de vie. On retrouve l’idée générale qu’il peut y avoir un décalage entre des modes de vie actuels et un bagage génétique hérité d’ancêtres ayant vécu dans d’autres conditions et soumis à des pressions sélectives aujourd’hui disparues.