Effet d’une inhibition de l’expression d’un gène qui code pour l’enzyme Dnmt3
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L’introduction du document rappelle les données qui ont conduit à étudier la méthylation de l’ADN des larves. Cela repose en premier sur le fait qu’un même génome peut engendrer deux phénotypes très différents suivant l’apport alimentaire reçu. Cela repose en second sur l’idée admise par tous les chercheurs que de nombreux gènes s’expriment différemment suivant que la larve soit nourrie avec de la gelée royale ou du miel et du pollen. Pour expliquer cette expression différentielle des gènes sans modification de leur séquence,, on fait l’hypothèse que des mécanismes épigénétiques sont en cause et notamment la méthylation de l’ADN de ces gènes.
Cela a été testé en 2008, notamment grâce au décryptage du génome de l’abeille qui a révélé la présence de méthyltransférases (enzymes qui assurent la méthylation de l'ADN) comme chez les mammifères. Cela a conduit à tester si la méthylation de l’ADN avait un impact en bloquant en partie l’action d’une méthyltransférase de novo, la Dnmt3 au moyen d’une technique complexe (SiRNA).
Les histogrammes ont trait à l’efficacité de la technique utilisée. 48h après le début du traitement, la quantité d’ARNm du gène codant pour la Dnmt3 est nettement plus faible par rapport à celle existant à 23h ce qui confirme un blocage de l’expression du gène même s’il n’est pas total. En outre, si on considère la méthylation des 10 sites du gène Dynactin p62, on constate que chez les larves traitées le pourcentage moyen de méthylations des 10 sites est significativement plus faible (63 contre 79%) que chez les larves témoins. En outre le pourcentage de méthylation des 10 sites de ce gène chez les larves traitées est le même que chez les larves de reine, suggérant l'idée que la méthylation des larves de reines correspond à une diminution de l’activité de la Dnmt3.
Le blocage de l’expression du gène Dnmt3 retentit significativement sur le phénotype des abeilles issues des larves traitées. On constate que chez les larves traitées, plus de 70% des larves acquièrent un phénotype de reine alors que chez le groupe témoin, Plus de 75% des larves deviennent des ouvrières et donc moins de25% des reines. Autrement dit, on voit que bloquer en partie la méthylation de l’ADN chez des larves a globalement le même effet que fournir de la gelée royale aux larves pendant toute la vie larvaire. Cela suggère fortement qu’un effet de la gelée royale est de changer la méthylation d’un certain nombre de gènes et par là d’affecter leur expression et donc orienter l’évolution phénotypique.