Mise en évidence de la résistance
Mise en évidence de la résistance de certains moustiques Culex pipiens aux insecticides OP et aux carbamates
1 - L'existence de moustiques résistants aux insecticides et aux carbamates peut être mise en évidence expérimentalement par le test suivant :
- Des larves de moustiques sont placées dans des coupelles contenant des solutions d'insecticides à des concentrations différentes.
- Après 24h, on compte le nombre de larves qui sont mortes et celles qui sont encore vivantes. On établit ainsi le pourcentage de mortalité en fonction de la concentration d'insecticide ; le graphe ci-dessous indique les résultats obtenus pour une souche de moustiques sensibles (S) et pour une souche de moustiques résistants (R).
(Le Propoxur est un carbamate)
Remarque : Les insecticides OP et les carbamates ont la même cible, l'enzyme acétylcholine estérase (ACE, présente au niveau des synapses cholinergiques et ayant pour rôle l'hydrolyse du neuromédiateur acétylcholine) qu'ils inhibent.
FR = DL50 souche résistante/DL50 souche sensible (dans l'exemple ci-dessus : FR = 400 mg/l / 0,4mg/l = 1000)
2 - Fréquence des moustiques résistants en fonction des zones traitées aux insecticides
- On constate donc que la population de moustiques résistants supporte des concentrations d'insecticides 1000 fois supérieures à celle qui entraîne la mort des moustiques sensibles (échelle des abscisses = logarithmique).
- La résistance de chaque population peut être caractérisée par la DL50 (DL = Dose létale) : concentration d'insecticide pour laquelle on obtient la mort de 50 % des moustiques ; la résistance aux insecticides se traduit donc par une augmentation plus ou moins importante de cette DL50 (dans les cas présentés ci-dessus, la DL50 de la population de moustiques résistants est d'environ 400 mg/l de propoxur, alors que celle des moustiques sensibles est d'environ 0,4 mg/l de propoxur). On peut également définir le taux de résistance (ou facteur de résistance, FR), un paramètre qui exprime le facteur par lequel il faut multiplier la dose induisant une mortalité donnée chez les individus sensibles pour obtenir la même mortalité chez les individus résistants :
Pour étudier l'état d'une population sauvage, et non d'une souche de laboratoire, on peut la soumettre à des concentrations d'insecticide qui tuent tous les moustiques sensibles (concentration déterminée à partir d'une souche de laboratoire de référence). Cette étude a été réalisée dans la région de Montpellier durant l'été 2002. Le graphe ci-dessous présente les résultats obtenus :
Carte des sites de prélèvement - Les larves, échantillonnées le long du cline (nom de la commune indiquée, ainsi que la distance à la mer), ont été soumises à une dose de propoxur qui induisait 100% de mortalité avant les années 1968. Les larves mortes et vivantes ont été comptées au bout de 24 heures. - Les traitements aux insecticides OP ont débuté en 1968 et ont été limités à une zone large de 20 à 25 km à partir de la côte. |
Si on estime qu'initialement, c'est à dire dans les années 60, il n'y avait pratiquement aucun moustique résistant, le problème de l'origine et de l'extension de cette résistance et des facteurs ayant conduit à l'état actuel peut être posé...
- La fréquence des moustiques résistants dans la zone soumise à l'insecticide est donc très nettement supérieure à celle observée dans la zone non traitée ; dans celle-ci cette fréquence diminue en fonction de la distance à la zone traitée (la présence de moustiques résistants dans la zone non traitée s'explique par la migration des insectes ; la fréquence résulte d'un équilibre entre sélection et migration dans chaque zone).