En quoi consiste la datation isotopique ?
La datation isotopique a constitué une véritable révolution en géologie et en archéologie. Elle a permis de résoudre bien des énigmes et a donné une dimension nouvelle au temps en géologie.
Les principaux isotopes qui interviennent dans la datation isotopique
Noyau père | Désintégration | Noyau fils | Constante radioactive | Demi-vie t1/2 |
14C | - | 14N | 1,209.10-4 a-1 | 5 730 a |
40K | + | 40Ar | 5,81.10-11 a-1 | 11,9 Ga |
40K | - | 40Ca | 4,962.10-10 a-1 | 1,40 Ga |
87Rb | - | 87Sr | 1,42.10-11 a-1 | 48,8 Ga |
138La | - | 138Ce | 2,67.10-12 a-1 | 259,6 Ga |
147Sm | 143Nd | 6,54.10-12 a-1 | 106 Ga | |
176Lu | - | 176Hf | 1,94.10-11 a-1 | 35,7 Ga |
187Re | - | 187Os | 1,64.10-11 a-1 | 42,3 Ga |
232Th | chaîne | 208Pb | 4,9475.10-11 a-1 | 14,0 Ga |
235U | chaîne | 207Pb | 9,8485.10-10 a-1 | 0,704 Ga |
238U | chaîne | 208Pb | 1,55125.10-10 a-1 | 4,47 Ga |
Principe de la radiochronologie
- L'échantillon à dater doit répondre à certains critères. Il faut que les isotopes mesurés soient restés "quot;piégés" dans l'échantillon. Aucun constituant ne doit avoir quitté l'échantillon et aucun constituant extérieur ne doit y être entré. On dit alors que le système est "fermé". En géologie, les roches sédimentaires ne peuvent donc pas être datée par radiochronologie puisqu'elles ne constituent généralement pas des systèmes fermés. Les roches magmatiques et métamorphiques le peuvent. L'âge déterminé correspond alors à la fermeture de la "boîte" c'est-à-dire à l'achèvement du processus de cristallisation des minéraux.
- Pour dater un échantillon, il faut commencer par choisir l'isotope radioactif à utiliser selon l'âge à déterminer. Cet âge doit être compris entre un centième et dix fois sa demi-vie. Au delà, tous les noyaux ont été désintégrés et toute mesure est impossible ! Cet isotope ne doit pas être lui-même radiogénique (c'est-à dire issu d'une désintégration radioactive).
- Ensuite, il faut procéder à des mesures. On peut :
- soit mesurer directement la population d'isotopes radioactifs présent dans l'échantillon en utilisant un spectromètre de masse. C'est plutôt cette méthode qui est généralement choisie.
- Ensuite, il faut procéder à des calculs.
On assimile l'échantillon à une "boîte" fermée depuis sa formation jusqu'à aujourd'hui. La fermeture du système correspond à l'arrêt de tout échange d'isotopes avec l'environnement extérieur. La population de noyaux radioactifs restants est donnée par la loi de décroissance radioactive :
(avec t, le temps écoulé depuis la fermeture de la boîte et , la constante radioactive de la désintégration).
En connaissant N0,et mesurant N, on peut dater l'échantillon :
Si on mesure l'activité A de l'échantillon plutôt que la population de noyaux N alors :
Un sérieux problème !
Expérimentalement, il est difficile d'évaluer la population initiale N0 pour un noyau radioactif donné. Les méthodes où l'on connaît N0 concernent les isotopes radioactifs et . Dans le cas contraire, on contourne ce problème en utilisant l'isotope stable fils produit par la désintégration radioactive (l'isotope radiogénique) du noyau père radioactif. Ces méthodes de datation sont utilisées en géologie. Quelques unes seront développées ici.