Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Plateforme - ACCES
Navigation

Le premier site

Par jesteban — Dernière modification 26/08/2019 14:18

                                       De Tournon, prendre la route de Lamastre qui longe d'ailleurs le cours du Doux, faire quelques kilomètres jusqu'au pont du Duzon. L'affleurement est situé dans un virage sérré sur  la D534 à droite, , juste après le pont, toujours en direction de Lamatre. ; Les abords sont très étroits, donc très dangereux. Difficile d'accès avec un groupe scolaire.

 

                                       La roche est un gneiss (une étymologie liée à des expressions employées par des mineurs allemands), elle montre des figures de tectonique, chacune ayant un intérêt précis. C' est une roche métamorphique, c'est à dire issue de la transformation de roches préexistantes qui ont été amenées  dans leur longue histoire, à subir des conditions de pression et de température très différentes de celles qui existaient au moment de leur formation.  Lorsqu'on l'observe de près, on y voit des zones où les minéraux semblent organisés, comme séquencés, dans un feuilletage (on parle de foliation)qui fait apparaître une superposition de lits clairs et de lits sombres. Cela tient à la nature des minéraux présents ici; les zones sombres sont faites d' éléments  riches en fer et magnésium ( un mica noir, la biotite, et la cordiérite, un silicate d'alumine. Les zones claires sont quartzo-feldspathiques, des minéraux ...clairs. Cette texture feuilletée qualifie cette roche de gneiss folié.

Mais sur l' ensemble de l 'affleurement,  des zones ne sont pas foliées; on y voit un assemblage relativement homogène (on parle d'isotropie) de minéraux, tous jointifs et ne présentant pas de différenciation « clair-sombre », où,  d'ailleurs l'ensemble est plutôt clair. Cela fait penser à des inclusions d'objets dans des environnements différents; on parle de lentilles, et celles ci font penser à du granite très clair: on les appelle des  leucosomes , littéralement, des objets blancs.

 

Cette roche singulière qui  inclue  ces leucosomes dans une matrice de gneiss folié est appelée une migmatite. C'est le résultat de la transformation des roches préexistantes. Alors, quelles transformations, et quelles roches préexistaient?
Les géologues, géophysiciens, géochimistes qui travaillent sur les minéraux connaissent parfaitement les conditions de température et de pression nécessaire à leur formation, à leur cristallisation. Nous avons ici un gneiss folié,un premier indice, la foliation qui est une disposition préférentielle  des minéraux; elle résulte d'une disposition originelle où alternaient des lits de minéraux distincts: des couches de sédiments, même si cette foliation actuelle peut très bien ne plus correspondre à la superposition sédimentaire d'origine. On va, dès lors, parler de paragneiss,un gneiss qui est issu de roches sédimentaires.

 

D'autre part, on y voit, non seulement des cordiérites, bien développées dans les leucosomes, en nodules arrondis, mais également des cristaux de sillimanite. Les spécialistes  nous apprennent que pour former ce type de roches métamorphiques, il faut des conditions de pression pas forcément importantes, mais surtout de hautes températures (un métamorphisme fort, la « catazone »). Ceci est en accord avec la présence des leucosomes, qui sont les témoins d'une fusion locale et totale température supérieure à 650/ 700°C) aboutissant à  une roche totalement dépourvue de vestiges de la roche qui préexistait; celle ci ayant totalement fondue, donne  un magma, qui, se refroidissant, forme ces lentilles de granite, au sein du gneiss qui lui n' a pas subi ces mêmes températures.
Enfin, derniers indices, les silicates d'alumine; la sillimanite d'abord,  très riche en aluminium, comprise ici, dans les conditions de transformation thermodynamiques (de pression et de température) présentées auparavant, comme résultant de la fusion de sédiments à muscovite, un mica blanc. Les cordiérites ensuite témoignent également de la fusion de protolites (littéralement, roche première, les roches d'origine ayant été à l'origine de ces roches métamorphiques) riches en muscovite, mais également en biotite.

 

Donc, que dire de la roche préexistante?
Un sédiment riche en argiles, micas noirs et blancs et quartz, ça s'appelle une pélite pour les géologues, une roche détritique (résultant de l' altération/érosion de reliefs en milieu continental), à grains fins, montrant souvent une stratification et un classement minéralogique suivant la taille (granoclassement). Somme toute, une roche sédimentaire résultant de la destruction de reliefs montagneux avoisinants. Cette roche originelle ( le protolite) a été datée par radioisotopie sur un minéral proche des zircons, la monazite, riche en thorium, uranium et plomb; Elle s'est formée il y a environ 330 millions d'années.

 

Ces paragneiss montrent de jolis plis d'étirement se réalisant dans un contexte d'extension; lors de la remontée du dôme vellave, cette roche qui possède des propriétés ductiles, tend à s'écouler par lambeaux, soulignés par  ses leucosomes fondus, un peu à la façon d'une couche de neige qui glisse et se plissote sur une surface inclinée, formant des figures plissées anisotropes.


 
 A proximité une autre figure tectonique,une faille normale confirme cette dynamique d'extension


 

Ces paragneiss montrent de jolis plis d'étirement se réalisant dans un contexte d'extension; lors de la remontée du dôme vellave, cette roche qui possède des propriétés ductiles, tend à s'écouler par lambeaux, soulignés par  ses leucosomes fondus, un peu à la façon d'une couche de neige qui glisse et se plissote sur une surface inclinée, formant des figures plissées anisotropes.



Ces affleurements sont interprétés comme appartenant à une nappe charriée, l' Unité Inférieure des Gneiss. Le charriage s'est réalisé sur des dizaines de kilomètres et elle repose actuellement sur le socle autochtone gondwanien.